Largement méconnus du grand public, les lymphomes sont une forme du cancer du sang. Pour faire connaître cette maladie, l'association Nour Doha saisit la Journée mondiale du lymphome, qui coïncide avec le 15 septembre de chaque année, pour sensibiliser l'opinion publique sur cette pathologie «méconnue et difficile à dépister, mais qui se soigne». Dans ce sens, cette association organise aujourd'hui à l'hôtel Mercure une rencontre scientifique animée par des spécialistes, notamment du CPMC (Centre Pierre et Marie Curie), pour informer sur cette maladie, ses symptômes et sa prise en charge en Algérie. Le lymphome est une forme de cancer qui peut survenir à tout âge. Aujourd'hui, son diagnostic et sa prise en charge par les hématologues sont bien établis. C'est pourquoi l'association Nour Doha «espère, à travers cette rencontre qui réunit une centaine de médecins spécialistes, favoriser un diagnostic suffisamment précoce pour permettre un traitement adapté et efficace pour ce cancer méconnu malgré une augmentation de sa fréquence». Forme de cancer du sang la plus répandue, 3ème cancer le plus commun chez l'enfant et 6ème cancer en terme d'incidence, sa fréquence a augmenté ces dernières années et le nombre de nouveaux cas a pratiquement doublé, selon les données de l'association Nour Doha. «Mais en dépit de l'ampleur de la maladie, elle reste encore fortement méconnue du grand public qui ignore même qu'il s'agit d'un cancer», indique-t-on. Comme la plupart des tumeurs, les origines exactes des lymphomes ne sont pas connues avec précision. Selon les spécialistes, les symptômes révélateurs de cette maladie restent relativement communs et peuvent aisément être confondus avec ceux d'autres maladies moins graves, comme par exemple une grippe dont les symptômes persisteraient malgré les traitements. Pour l'association Nour Doha, la Journée mondiale du lymphome s'inscrit dans la volonté de poursuivre les échanges engagés jusque-là et de communiquer sur la maladie, ses symptômes et sa prise en charge, car la situation en Algérie est tout aussi problématique qu'ailleurs, note-t-elle. L'association qui milite pour défendre le droit du patient cancéreux à un traitement efficace et une bonne prise en charge souhaite par ailleurs faire de cette journée une occasion pour l'amélioration de la situation du malade algérien et une opportunité de faire connaître cette maladie et de développer le traitement. A. B.
A chaque patient, son traitement ! «Avant tout traitement, le diagnostic doit être posé avec précision grâce à une biopsie [prélèvement de tissu malade] d'un ganglion ou d'un organe lésé. Effectué lors d'une intervention chirurgicale le plus souvent bénigne, ce prélèvement permettra de préciser les caractéristiques des cellules tumorales», précisent les spécialistes. Le traitement dépend donc du type de lymphome (indolent ou agressif) mais également de différents facteurs pronostiques de la maladie (stade, nombre de ganglions, extension à certains organes, état de santé général, âge du patient…). Autre particularité des traitements du lymphome, la mise en route du traitement peut dans certains cas être décalée dans le temps par rapport au diagnostic. C'est principalement le cas avec certains lymphomes indolents, pour lesquels une période d'observation peut être indiquée. Cette période «wait and see» est possible alors que le patient peut mener une vie normale et présente peu de symptômes, même s'il devra subir différents examens médicaux, consulter régulièrement son médecin et rapporter tout nouveau symptôme. Pour la plupart des cas et pour les lymphomes agressifs, un traitement rapide est, au contraire, préconisé. «L'évolution naturelle des lymphomes indolents [croissance lente] est mieux maîtrisée grâce aux traitements actuels, même s'il n'est, dans ce cas, pas possible de parler de guérison. A l'inverse, ceux agressifs [dont la croissance est rapide] peuvent être guéris dans près de la moitié des cas. Cela va de 80 à 90% de guérison pour des cancers localisés chez des patients n'ayant aucun autre facteur pronostique défavorable à 30-40% de guérison face à un cancer étendu chez un patient particulièrement âgé». Chimiothérapie, radiothérapie et greffe de moelle osseuse La première arme face au lymphome reste l'administration d'une chimiothérapie. Ce cocktail permet de détruire les cellules cancéreuses en empêchant leur prolifération. Le protocole varie en fonction du lymphome et est individualisé pour chaque patient. Les agents de chimiothérapie peuvent être administrés seuls ou en association ; ce qui est plus souvent le cas. La chimiothérapie peut être aujourd'hui complétée par l'administration de traitements moins agressifs obtenus par génie génétique : les anticorps monoclonaux. La radiothérapie est aujourd'hui très peu utilisée pour éliminer les cellules cancéreuses sauf face à la maladie de Hodgkin en plus de la chimiothérapie pour compléter le traitement sur les groupes de ganglions initialement touchés par la maladie. Mais il est parfois aussi nécessaire de prescrire de très fortes doses de chimiothérapie pour venir à bout des cellules cancéreuses. Ce qui va également détruire les cellules saines de la moelle osseuse. Ainsi, des greffes de cellules souches du sang sont parfois nécessaires. On peut procéder pour cela à des greffes de cellules souches venant d'un donneur, souvent un parent, ou du patient lui-même (les cellules sont prélevées avant le début du traitement intensif). L'autogreffe permet de consolider le traitement et de réduire le risque de rechute. L'apport des anticorps monoclonaux Les anticorps monoclonaux ont marqué un tournant dans la prise en charge des lymphomes. Produits en laboratoires, ces médicaments imitent les anticorps naturels et sont capables de se lier à des récepteurs spécifiques situés à la surface d'une cellule cancéreuse. Une fois amarré, cet anticorps est capable de la détruire ou d'induire une réponse immunitaire de l'organisme. Ils peuvent être administrés seuls ou en association avec une chimiothérapie. Ils sont également capables de transporter des toxines ou des radio-isotopes capables de détruire la cellule cancéreuse.