Le maître de la chanson chaâbi Amar Ezzahi, 75 ans, est décédé, hier après-midi à son domicile à Alger, selon son entourage. Le célèbre interprète du chaâbi avait été hospitalisé en septembre dernier à Alger pour un malaise. Amar Ezzahi était en attente d'être transféré dans un établissement hospitalier spécialisé à l'étranger. Le destin en a voulu autrement. Brillant auteur et interprète du chaâbi, de son vrai nom Amar Aït Zaï, Ezzahi est né le 1er janvier 1941 à Aïn El Hammam, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Orphelin de mère et de père, Ezzahi a longtemps vécu avec sa seule tante et a quitté vite l'enfance. Au contact de la musique, il sut qu'il avait trouvé le chemin qu'il cherchait, un moyen d'exprimer ses émotions, un univers à découvrir qui le protégerait de tout. De la peur, de la solitude, de la tristesse. Dans sa jeunesse, il vouait une grande admiration à Boudjemaâ El Ankis, qu'il a d'ailleurs imité à ses débuts. L'élève et le maître se sont par la suite côtoyés et appréciés. Ezzahi a rencontré en 1963, Cheikh Lahlou et Mohamed Brahimi, dit Cheikh Kebaili, qui l'encouragent. Autodidacte, il apprit le chaâbi sur le tas. Dès 1964, il commence à travailler aux côtés du Cheikh Bachtobdji lequel lui a transmis plusieurs qacidates. Son premier enregistrement date de 1968, Ya djahel leshab et Ya el adraâ furent les deux premières chansons de son premier 45 tours. La musique et les paroles étaient de Mahboub Bati. En 1971, il enregistre trois 45 tours et en 1976, deux 33 tours. Il compte uniquement trois chansons à la Radio et quatre à la Télévision. Son unique cassette Ya rab El bad sort en 1982. Modeste, réservé, se confiant rarement, fréquentant souvent le café El Kawakib, Amar Ezzahi, l'un des plus brillants interprètes du chaâbi des années 1970, a disparu de la scène artistique à partir des années 1980 et n'était plus présent que lors des fêtes familiales. Il est réapparu le 10 février 1987 dans un récital à Ibn Khaldoun, à Alger, pour s'effacer à nouveau. Même si la discographie officielle d'Ezzahi se limite à une cassette et quelques vinyles, mais l'œuvre des 50 ans de carrière de la légende du chaâbi est conservée. Compilée par ses milliers de fans, qui s'en sont emparés pour la diffuser sur Internet. D'ailleurs, sur une page Facebook, entièrement dédiée au chanteur, ce sont ainsi des centaines d'heures d'enregistrements des fêtes privées que Amar Ezzahi a animées depuis les années 1960 qui ont été numérisées par de jeunes amoureux du chaâbi. Ezzahi laisse derrière lui une œuvre inestimable. «Ya Dif Allah, El Djafi, Hadjam El Oualaiine, Zennouba, Ya Kadi nass El Ghram, Nabiwni Radou Ledjouab, Ya'l Ghafel Toub, Ghadder kassek Hat Noubti, El Harraz, Koub ou'ara, Youm El Khmis, Men Houa Rouhi W'rahti, Anaya Berrani Ghrib, Mir El Ghiwane, Asmaa Noussik Ya Insane, El Kaoui, Ghadder Kassek Ya Ndim, Taleb Tiri Aalla, El Haoui, El Harraz», ce ne sont là que quelques chansons célèbres du défunt qui reste le chanteur le plus populaire et le plus talentueux de sa génération. L'homme qui avait horreur des mondanités et du superflu, a fait du chaâbi sa raison de vivre. Sa renommée, il la doit à son immense talent qu'il a mis à la disposition des humbles gens comme lui. Ammar Ezzahi a énormément apporté à la musique algérienne, particulièrement au chaâbi. Il l'a enrichi et rendu plus populaire. Avec sa mort, la chanson algérienne est orpheline. H. Y.