«Dépenser.» Les grandes institutions internationales n'ont plus que ce mot à la bouche. Le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), la Banque centrale européenne (BCE) et même la Commission européenne. Dans leur jargon, cela donne : «Il faut utiliser les marges de manœuvre budgétaires.» Mardi, l'Ocde, qui regroupe 34 pays, est allée encore un cran plus loin dans cette logique. Pour l'organisation internationale, un tiers de ses membres doivent, tout en poursuivant les réformes structurelles (marché du travail, formation professionnelle, etc.), relâcher les rênes de leur budget. «Dépenser.» Les grandes institutions internationales n'ont plus que ce mot à la bouche. Le Fonds monétaire international (FMI), l'Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde), la Banque centrale européenne (BCE) et même la Commission européenne. Dans leur jargon, cela donne : «Il faut utiliser les marges de manœuvre budgétaires.» Mardi, l'Ocde, qui regroupe 34 pays, est allée encore un cran plus loin dans cette logique. Pour l'organisation internationale, un tiers de ses membres doivent, tout en poursuivant les réformes structurelles (marché du travail, formation professionnelle, etc.), relâcher les rênes de leur budget. Le constat est unanime : les politiques monétaires exceptionnelles menées depuis des années par les Banques centrales n'ont pas suffi à relancer la machine. «Près de dix ans après l'éclatement de la crise financière, l'économie mondiale est piégée dans une trappe à faible croissance, caractérisée par un investissement, des échanges commerciaux, une productivité et une croissance des salaires atones ainsi que par une hausse des inégalités», écrit ainsi l'Ocde. Il serait donc temps d'actionner le second grand levier de la politique économique : la politique budgétaire. D'autant que la baisse des taux d'intérêts sur les dettes publiques représente une occasion historique de s'endetter à moindre coût ! Objectif : relancer l'investissement public (en infrastructures, mais aussi dans l'éducation) pour sortir du piège d'une croissance durablement faible et, surtout, augmenter le potentiel des économies à moyen terme durablement amputé par des années de crise. Une politique de la demande, mais aussi de l'offre, donc. L'idée est simple : accepter une dégradation temporaire du ratio de dette publique sur PIB, le temps que les investissements deviennent rentables et permettent à nouveau de faire baisser la dette grâce à leurs effets positifs sur la richesse nationale. L'Ocde estime ainsi qu'un demi-point d'endettement supplémentaire peut être comblé au bout de 3 à 4 ans en moyenne dans les pays de l'Ocde. Pour l'organisation internationale, même la France devrait désormais appuyer sur la pédale de l'accélérateur ! Et ce, malgré une dette publique qui se rapproche des 100% de PIB. Comme dans d'autres pays, la baisse spectaculaire des taux d'intérêt a fait s'effondrer le fardeau de la charge de la dette publique. Entre le projet de loi de Finance initial de 2016 et le budget rectificatif présenté, elle a ainsi baissé de près de 3 milliards d'euros… Le taux d'intérêts sur la dette à 10 ans n'a pas été de 1,9% comme anticipé (avec prudence) mais, en moyenne, de 0,4%. L'Observatoire français des conjonctures économiques (Ofce), classé à gauche, a saisi la balle au bond et plaide activement pour une relance de l'investissement (d'infrastructures mais aussi dans l'éducation, la transition énergétique, etc.) dans l'Hexagone. «Jamais l'investissement public n'a été aussi faible en France», plaide à l'appui d'une note présentée jeudi Xavier Ragot, économiste à l'Ofce. En deux ans, il a reculé de 4,2% du PIB à 3,5%. En tenant compte de la dépréciation des actifs (usure des routes, etc.), le flux net d'investissement serait même quasiment nul. Pour l'Ofce, il est grand temps d'investir dans la transition énergétique ainsi que dans le système éducatif en profitant des bas taux d'intérêt. Une hausse permanente de l'investissement public de 1% augmenterait le PIB de 1,1 point à 3 ans, a calculé l'Ofce grâce à son modèle économétrique interne. Le nombre de chômeurs baisserait de 245 000. La dette, elle, n'augmenterait que de 2,5% au bout de 5 ans grâce aux recettes fiscales générées par l'activité économique liées aux investissements. A condition que cet investissement public soit bien ciblé. Le risque est de financer des ronds-points inutiles ou des piscines municipales qui augmentent de façon permanente les coûts de fonctionnement des collectivités sans pour autant augmenter le potentiel de croissance de l'économie. «C'est une critique légitime, il y a un manque de transparence sur l'investissement public en France», reconnaît Xavier Ragot, qui plaide pour une évaluation rigoureuse des plans d'investissements publics. L'Ofce veut d'ailleurs créer un observatoire de l'investissement pour faire la lumière sur leur utilité. En attendant, l'Ocde recommande d'ailleurs plutôt à la France d'utiliser la politique budgétaire pour «baisser encore les impôts et les cotisations employeurs afin de stimuler l'économie» et non pas pour investir, étant donné son haut niveau d'imposition. Une recommandation dans la logique du programme de François Fillon. Que ce soit pour investir ou baisser les impôts, Paris devra toutefois lever l'obstacle des règles budgétaires européennes qui l'empêchent pour l'instant d'assouplir sa politique budgétaire. Encore sous procédure pour déficit excessif, la France doit revenir sous la barre de 3% de déficit fin 2017. Et ne peut donc bénéficier des «flexibilités» du pacte de stabilité et de croissance pour financer ses investissements comme les pays qui sont déjà revenus dans les clous. Il va donc falloir convaincre l'Allemagne de mettre de l'eau dans son vin. Pour Xavier Ragot, Paris doit absolument négocier le déclenchement des «clauses exceptionnelles» dans la zone euro. Elles permettent de s'affranchir temporairement de la réduction des déficits. Exactement la même solution que celle préconisée par l'Ocde. A plus long terme, l'économiste estime même que Paris devrait tenter d'obtenir une exclusion permanente de l'investissement public des règles budgétaires. Un combat porté par l'Italien Matteo Renzi sans succès jusqu'à présent. L'élection présidentielle française et les législatives allemandes devraient en tout cas changer la donne sur ce dossier crucial pour la zone euro. François Fillon a suggéré durant sa campagne qu'il s'affranchirait de la réduction des déficits, au moins pendant les premières années, afin de baisser massivement les impôts s'il était élu. Jeudi, il a exprimé sa volonté d'augmenter l'investissement public dans «les infrastructures». Mais pour l'heure, il compte le financer par des ventes de participations de l'Etat… M. V. In lepoint.fr