Le président élu avait laissé entendre durant sa campagne électorale qu'il pourrait conditionner le soutien militaire américain à l'Otan à un accroissement des budgets de défense en Europe L'Otan et l'Union européenne sont parvenues à mettre de côté leurs rivalités pour s'accorder sur un programme en sept points sur des sujets allant de la protection contre les attaques informatiques à la guerre de l'information, en passant par la contre-guérilla. Cet accord, conclu lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Otan, mardi dernier à Bruxelles, n'est pas contraignant et permettra aux six Etats membres de l'Union absents de l'Otan de bénéficier d'un soutien militaire américain. Les propositions mises sur la table sont censées rassurer l'Europe sur les intentions des Etats-Unis, chef de file de l'Otan, dont le président élu, Donald Trump, qui entrera à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain, avait laissé entendre durant sa campagne électorale qu'il pourrait conditionner le soutien militaire américain à un accroissement des budgets de défense en Europe. «Nous renforçons le lien transatlantique et le lien vital entre l'Amérique du Nord et l'Europe», a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, lors d'une conférence de presse. «Avec la modification du contexte sécuritaire, c'est une bonne chose que l'Otan et l'Union européenne combinent leurs efforts», a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier. Les attaques informatiques menées par la Russie, la crise des migrants et les Etats en déliquescence situés aux portes de l'Europe nécessitent à la fois une réaction militaire de l'Otan et une approche plus souple de la sécurité en Europe, ont souligné certains des dirigeants réunis à Bruxelles. L'annexion en 2014 de la Crimée par la Russie a montré les difficultés de l'Occident face à des stratégies non conventionnelles, qu'elles soient employées par des pirates informatiques ou par des groupes de combattants sans uniforme ou qu'il s'agisse de campagnes de désinformation. L'accord conclu mardi dernier prévoit que des experts de l'Union européenne et de l'Otan coopèrent pour détecter et contrer les attaques menées contre les réseaux informatiques et pour se préparer aux attaques de cette nature. Il prévoit également un approfondissement de la coopération entre l'UE et l'Otan en mer Méditerranée où les deux entités conduisent des opérations. L'idée est qu'elles cessent de se concurrencer comme elles ont pu le faire par le passé. Le renforcement des liens entre l'Otan et l'UE se heurte toutefois aux réticences de la Grèce qui ne souhaite pas que Bruxelles partage certaines informations sensibles avec la Turquie avec laquelle Athènes entretient une rivalité historique. L'accord UE-Otan intervient quelques semaines après un accord conclu entre membres du bloc communautaire sur le financement d'un fonds de défense destiné à l'acquisition d'hélicoptères, d'avions et d'autres équipements militaires, en partie dicté par la volonté d'adresser un message à M. Trump dont la position qu'il adoptera vis-à-vis de l'organisation transatlantique a fait également réagir le secrétaire d'Etat américain John Kerry qui a assuré que l'engagement des Etats-Unis au sein de l'Otan resterait «inébranlable» après l'entrée du président élu à la Maison-Blanche. «Le changement d'administration ne changera pas l'engagement inébranlable des Etats-Unis en ce qui concerne nos obligations envers l'Otan», a déclaré M. Kerry après avoir rencontré, pour la dernière fois en tant que ministre des Affaires étrangères, ses homologues de l'Alliance atlantique à Bruxelles. «L'engagement des Etats-Unis à l'égard de l'Otan (…) transcende la politique. Cette alliance a été soutenue quels que soient les partis politiques, que ce soit un gouvernement ou un autre (démocrate ou républicain). Nous restons engagés à l'égard de ces principes», a assuré le secrétaire d'Etat sortant. «J'ai confiance en certaines des personnes que j'ai vues jusqu'ici», a ajouté M. Kerry, en référence à la nomination du général retraité et très respecté, James Mattis, à la tête du Pentagone. «Je suis certain qu'ils (les Etats-Unis sous l'administration Trump : ndlr) resteront un composant de l'alliance transatlantique», a-t-il souligné. «Je crois qu'au bout du compte, le bon sens va prévaloir», a conclu M. Kerry, défendant une nouvelle fois l'accord sur le nucléaire iranien et celui de Paris sur le climat conclus en 2015 par l'administration Obama. R. C./Agences