On va finir par croire que notre ministre de l'Energie est un heureux porteur de bonnes nouvelles ! Et celle qu'a annoncée récemment M. Noureddine Bouterfa à Houston, au Forum algéro-américain sur l'Energie en est une et de taille ! En effet, un appel à investisseurs nationaux et internationaux est en cours de finalisation pour la réalisation d'une gigantesque capacité de 4 000 MW, en énergie solaire photovoltaïque. Le projet porte sur l'installation de centrales électriques et la fabrication locale des équipements et matériels dédiés. Il était donc plus que temps d'être résolument en capacité de produire de l'énergie solaire à grande échelle. Et comment pouvait-il en être autrement dans un pays qui a un des tous premiers taux d'ensoleillement annuel au monde ! Comme tout le monde ne l'ignore pas, grâce à la géographie, l'Algérie dispose d'un des gisements solaires les plus élevés au monde. La durée d'insolation sur la quasi-totalité du territoire dépasse les 2 000 heures annuellement et peut atteindre presque les 4 000 sur les Hauts Plateaux et le Sahara, contre 2 800 sur le littoral méditerranéen. Une irradiation moyenne de 5 KWh/m2 par jour sur la majeure partie du pays, soit environ 1 700 KWh/m2/an au Nord et 2 263 kWh/m2/an au Sud. Comment n'avait-on pas pensé à se lancer plutôt dans l'énergie solaire en lui consacrant une place importante dans le mix énergétique ? Surtout lorsqu'on sait que dans un pays d'ensoleillement beaucoup moindre comme l'Allemagne par exemple, plus du quart de la consommation d'électricité a été couverte par les énergies renouvelables (ENR) en 2012, solaire photovoltaïque (PV) et éolien terrestre en tête. Et dire que d'aucuns ont longtemps tenté de faire croire qu'il n'existe pas d'alternative aux énergies fossiles, contribuant ainsi à la pollution des esprits, comme le soulignait pour son pays, Hermann Scheer, père de la loi allemande sur les ENR et fondateur du Think tank EuroSolar. Il est donc heureux d'entendre notre ministre de l'Energie annoncer la création prochaine de ce qui sera la plus grande centrale solaire du monde. Station qui dépasse de très loin la centrale solaire marocaine Noor de Ouarzazate, qui est aujourd'hui la plus importante au monde, et qui ne produira à terme «que» 500 MW, contre 4 000 MW pour le projet algérien. La future centrale solaire algérienne est à apprécier en rapport avec le secteur de l'énergie qui a une place stratégique dans l'économie. Secteur qui contribue actuellement à près de 30% du PIB, à plus de 50% des revenus du budget de l'Etat, mais surtout à plus de 90% des recettes d'exportation du pays. Ce mégaprojet solaire s'inscrit dans le cadre de la politique énergétique nationale qui vise au développement et à la valorisation de toutes les ressources énergétiques. C'est dire que tout serait désormais entrepris pour favoriser un mix énergétique plus ou moins équilibré. Le pari sur les ENR, et notamment sur le solaire, ne fait pas oublier pour autant la nécessaire relance de la pétrochimie. A travers l'intensification de l'effort d'exploration et de développement des gisements et l'augmentation des capacités de raffinage. Le programme à moyen terme de développement des gisements prévoit une forte croissance de plus de 80% par rapport à 2015. Effort conjugué aux nouvelles technologies d'optimisation de l'exploitation qui permettra d'augmenter la production à un rythme moyen de 5% par an d'ici 2020, à près de 241 millions de TEP, selon le ministre de l'Energie. Ce qui nécessite un programme ambitieux de quelque 15 milliards USD qui vise essentiellement à satisfaire le marché national en produits pétrochimiques, à développer des PME en aval. Finalement, tous les projets ENR et fossiles mobiliseront un investissement de 74 Milliards USD sur la période 2017-2020 pour les hydrocarbures. C'est donc, tous projets confondus, environ 100 milliards de dollars que le secteur prévoit d'investir d'ici 2020 ; soit un niveau absolument important vue la taille de l'économie algérienne. N. K.