Le phénomène du travail des enfants est «quasi inexistant» en Algérie, a affirmé mercredi dernier à Alger l'inspecteur général du travail. «Notre pays n'est absolument pas concerné par ce phénomène», a déclaré M. Khiat Mohamed, lors d'une conférence organisée par le parti du Front de libération nationale (FLN) à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. Il a rappelé, à ce propos, les deux enquêtes réalisées par l'inspection du travail ayant trait au respect de l'âge du travail dans le secteur formel et qui ont démontré l'«absence de ce phénomène dans le cadre du contrat de travail». M. Khiat a cependant relevé l'existence en Algérie du phénomène des «enfants travaillant pour leur compte afin d'aider leurs familles», soulignant que cette situation «requiert davantage d'efforts pour qu'il y soit mis fin». Le responsable de l'inspection du Travail a indiqué, à ce sujet, que des dispositions dissuasives seront introduites dans le nouveau code du travail pour endiguer ce phénomène. Pour étayer ses dires, il dira que seuls 156 enfants âgés de moins de 16 ans (âge légal du travail en Algérie) ont été recensés comme employés dans différentes entreprises, selon une enquête réalisée par les services de l'inspection du Travail en 2006. Il a précisé que ce résultat a été obtenu sur 3 953 établissements occupant un effectif de 28 840 travailleurs salariés. Ces chiffres représentent 0,54 contre 0,56% lors de l'enquête effectuée en 2002 (95 enfants), soulignant que ces données confirment que la situation en Algérie «n'est nullement inquiétante et que notre pays n'est pas du tout concerné par les cas de pires formes de travail des enfants». Ces statistiques ne prennent pas en compte, précisons-le, le travail informel. A préciser également que la sortie du premier responsable de l'inspection du Travail s'est avérée nécessaire après les informations publiées dernièrement dans un rapport au Caire selon lesquelles «1 900 000 enfants travailleraient en Algérie». Elle vient démentir également le rapport annuel du département américain publié, la semaine dernière, à Washington et classant l'Algérie parmi «la liste noire des 14 pays qui risquent des sanctions pour leur mauvais bilan en termes de trafic d'êtres humains». Selon le rapport américain, l'Algérie est accusée d'«exploitation sexuelle, travail des enfants, trafic d'immigrants, travail forcé». Le ministre de la Solidarité qui a décidé de mener sa propre enquête sur l'affaire d'enfants exploités, s'est montré outré par de tels rapports et a tenu à préciser que «l'esclavage n'existe pas, l'exploitation n'existe pas en Algérie. Je m'inscris en faux contre ceux qui disent que l'Algérie accepte l'exploitation de ses enfants». Réagissant au rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) faisant état que 1,9 million d'enfants sont exploités en Algérie, le ministre est sorti de ses gonds : «Ce chiffre est inacceptable», a-t-il clamé. Sans nier l'existence d'enfants qui travaillent en Algérie, il ajoute : «Je démens complètement qu'il existe des enfants exploités.» M. Ould Abbes a promis de saisir l'OIT : «Je vais saisir l'organisation comme je l'ai fait avec le Congrès américain qui a publié un rapport accablant sur les droits de l'Homme en Algérie.» M. Ould Abbes, qui a chargé un groupe de travail d'enquêter sur le terrain, invite même les partis politiques intéressés à rejoindre ce groupe. Il a affirmé que certaines associations ont avancé de fausses informations aux organisations étrangères. «Le représentant diplomatique des Etats-Unis à Alger a reconnu que ce sont les associations qui ont fourni ces chiffres», a expliqué le ministre. S'il est vrai que l'Algérie déploie énormément d'efforts pour la protection des enfants et qu'elle a ratifié de nombreuses conventions internationales dans ce sens, il est vrai aussi que beaucoup d'enfants algériens travaillent dans le secteur informel. Leur nombre n'est sûrement pas de 1 900 000 mais il reste important. Les enfants algériens ne sont pas forcément «esclaves» comme l'a souligné M. Ould Abbes mais une meilleure protection est à instaurer. Car, il suffit de rappeler que des enfants abandonnent les bancs de l'école pour vendre du pain au bord des autoroutes. H. Y.