La question du retour au week-end universel, en Algérie, s'invite régulièrement dans le débat public. Le dossier reste, toutefois, toujours ouvert à défaut de consensus entre les différents intervenants. Des acteurs socio-économiques de premier plan ne cessent de plaider, depuis le début des années 1990, en faveur de l'alignement du repos hebdomadaire sur le reste du monde pour d'évidentes raisons de rentabilité économique. En se reposant le jeudi et le vendredi, comme c'est encore le cas depuis 1976, l'économie algérienne ne fonctionne finalement que 3 jours par semaine, car tous ses partenaires étrangers relâchent, quant à eux, le samedi et le dimanche. Il ne reste, alors, aux opérateurs nationaux (publics et privés) que les mardis, mercredis et jeudis pour leurs échanges avec leurs sociétaires, essentiellement européens. Ce décalage engendre, évidemment, d'énormes pertes financières aux entreprises. La Banque mondiale (BM) estime le manque à gagner à près d'un milliard de dollars par an. Articulant son argumentation sur cette question précise, le FCE (Forum des chefs d'entreprise), l'une des organisations patronales les plus influentes du pays, ne cesse de militer pour le retour à l'ancien week-end. Une enquête du forum révèle que les sociétés étatiques comme les privées enregistrent, de ce fait, des pertes annuelles qui se chiffrent en milliards de dinars. Le CNES (Conseil économique et social) et l'UGTA et (l'Union générale des travailleurs algériens), principale organisation syndicale, brandissent aussi la même thèse et font leur la même revendication du retour au week-end universel. A défaut de décision officielle, nombre d'entreprises ont pris les devants en optant pour un week-end semi-universel (vendredi-samedi). Les salariés des banques et des compagnies d'assurances (nationales et étrangères) étaient les premiers à franchir le pas. D'autres entités, opérant dans les services et l'industrie, font de même. C'est le cas, notamment, des employés du sidérurgiste Arcelor Mittal-Algérie, de la Nouvelle conserverie algérienne, d'Air liquide et de la filiale locale de l'allemand Siemens. Les opposants à ce retour, plus discrets que leurs vis-à-vis, se recrutent dans les milieux politiques conservateurs et parmi les cercles religieux. La grande prière du vendredi est leur seul prétexte. Des acteurs politiques dits laïques croisent constamment le fer avec eux. Cette querelle a fini par «idéologiser» la question. Il est peut-être temps, pour les uns et les autres, d'arrondir un peu leurs griffes pour opter ensemble à la solution pragmatique qui permettra au pays de gagner de l'argent au lieu d'en perdre. «Time is money», voilà l'unique devise du monde qui nous entoure. K. A.