L'élève est au centre de la réforme du système éducatif. L'enseignant aussi. Tous les deux constituent le socle du changement auquel aspirent les architectes de la nouvelle école publique algérienne. Le ministre Benbouzid ne manque pas une occasion de témoigner égards et respect aux deux militants du savoir. De l'amélioration des conditions de vie et de travail pour les enseignants, à la valorisation de matières anciennes et nouvelles qui sont à même de susciter à la fois l'intérêt et le divertissement des enfants, en passant par des mesures de sécurisation des établissements scolaires… le premier responsable du secteur de l'Education nationale promet un travail en profondeur au service des deux partenaires. La volonté politique y est avec ses moyens, la manne financière aidant. Et pourtant ! Six ans après la mise en œuvre de la réforme, des hommes et des femmes sortent dans la rue pour demander l'installation, sinon la mise en marche des chauffages dans les établissements scolaires, la réparation de vitres cassées, une bonne étanchéité contre les infiltrations des eaux de pluie. Six ans après la réforme, les enseignants menacent et s'engagent dans des grèves pour des augmentations de salaire au compte-gouttes. Des mouvements de grève dont ils auraient aimé se passer volontiers si les portes du dialogue n'étaient pas fermées. Ces grèves sont rarement observées sans ponctions conséquentes de salaire et poursuites judiciaires qui sapent le moral des plus téméraires. Six ans après la mise en œuvre de la réforme, des enseignants intimident des élèves jusqu'à les traumatiser, des élèves menacent et poignardent des enseignants, des parents d'élèves se retrouvent impliqués dans des conflits qui ne les concernent pas… et des personnes étrangères aux établissements scolaires imposent leur loi : chantages, intimidations, agressions, harcèlement des jeunes filles et même des garçons, atteintes aux personnes et aux biens… et autres. Ni les élèves ni les enseignants ne profitent de ces mesures de sécurité annoncées par le ministre et ses collaborateurs. La violence scolaire avance et ne recule pas. L'administration est parfois inefficace, pour ne pas dire absente, même quand il est question d'intervenir pour sauver la vie d'un enfant asthmatique. C'est de ces problèmes de violence, d'absence de sécurité à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur des établissements scolaires, du non-respect de l'autorité de l'enseignant et de l'administrateur, du non-respect de la dignité de l'élève… mais aussi du manque de moyens de base (chauffage, éclairage, cantines scolaires, transport scolaire…) que les responsables du secteur doivent débattre avec les véritables concernés et prendre les décisions adéquates.