Le 21 décembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (Cjue) s'est officiellement prononcée contre l'inclusion du Sahara occidental dans l'accord agricole signé en 2012 entre l'UE et le Maroc. Le 21 décembre dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (Cjue) s'est officiellement prononcée contre l'inclusion du Sahara occidental dans l'accord agricole signé en 2012 entre l'UE et le Maroc. La décision stipulait clairement que le Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc et interdit l'application de l'accord de libre-échange sur les territoires occupés sahraouis. Cela du fait du «statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples». Hier, et quelques jours seulement après son adhésion à l'UA (Union africaine) et son engagement à reconnaître et à respecter les frontières de la République sahraouie, le Maroc a récidivé par un nouveau manquement à ses engagements internationaux. Dans un communiqué rendu public par son ministère de l'Agriculture et de la Pêche, Rabat a carrément mis en garde l'UE contre la non-application de l'accord de 2012, la menaçant de se tourner vers d'autres partenaires. «Le Maroc et l'Union européenne partagent une riche expérience de coopération. L'accord agricole et de la pêche en compte parmi les exemples les plus réussis et il est primordial de le préserver au risque de déclencher de lourdes conséquences au plan socioéconomique dont l'UE assumera l'entière responsabilité», lit-on dans le communiqué. Aussi, «les actes visant à dresser des obstacles devant l'entrée des produits marocains sur les marchés européens doivent être sanctionnés et traités avec la plus grande fermeté de la part de notre partenaire européen. De telles nuisances mettent en péril un édifice de coopération construit sur de nombreuses années, ne laissant de choix au Maroc que de s'en détourner au profit d'une accélération de partenariats initiés dans des pays et régions diverses notamment la Russie, la Chine, l'Inde, le Japon, les pays du Golfe ainsi qu'auprès de nos voisins africains». Pour convaincre son partenaire européen de la nécessité de l'application de cet accord, le ministère marocain de l'Agriculture évoquera l'autre nécessité de préserver l'emploi et de contenir les flux migratoires : «Toute entrave à l'application de cet accord est une atteinte directe à des milliers d'emplois d'un côté comme de l'autre, dans des secteurs extrêmement sensibles, ainsi qu'un véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc, au gré d'un effort soutenu, a réussi à gérer et à contenir», lit-on dans le même communiqué. Partant, demandera le département ministériel à son partenaire européen, «la Commission européenne ainsi que le Conseil européen ont la responsabilité de neutraliser les tentatives de perturbation par des positions et un discours clairs et cohérents avec des décisions que ces instances ont, elles-mêmes, portées et adoptées». Il est à noter que le communiqué du ministère de l'Agriculture marocain fait suite aux déclarations du Commissaire européen chargé de l'action pour le climat et de l'énergie, Miguel Arias Canete. Ce dernier a assuré que l'UE tiendra compte du statut «distinct et séparé» du territoire sahraoui dans ses échanges avec le Maroc en matière d'énergies renouvelables. «La déclaration sur l'échange d'électricité renouvelable sera mise en œuvre en tenant dûment compte du statut distinct et séparé du territoire du Sahara occidental selon le droit international», a-t-il dit, en réponse à des députés européens qui l'exhortaient à exclure l'énergie produite au Sahara occidental de ces échanges. Voilà qui précise davantage la position de l'Union européenne et bien d'autres pays d'Afrique et d'ailleurs sur le statut du Sahara occidental et qui conforte la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Il n'empêche que Rabat refuse de voir les choses ainsi et affiche une détermination sans faille à demeurer dans son statut d'occupant, considérant que les territoires sahraouis sont les siens. Il y a deux à trois jours, le ministre des Affaires étrangères marocains a enfoncé le clou davantage, en affirmant qu'il ne reconnaîtra jamais la Rasd. Une déclaration qui va à l'encontre des propos rassurants du roi Mohammed VI lors de son intervention à la fin des travaux de la Conférence de l'UA à Addis-Abeba. Pire, le chef de la diplomatie marocaine a lancé : «Le fait pour un Etat de siéger dans une enceinte internationale en présence d'une entité non reconnue ne peut impliquer une reconnaissance par lui de cette entité.» C'est dire que le Maroc n'envisage nullement de renoncer au Sahara occidental. Plutôt aux richesses du Sahara occidental. K. M.