L'observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental, Western Sahara Resource Watch (WSRW), a salué la décision de l'Union européenne (UE) de respecter le «statut séparé et distinct» du territoire du Sahara occidental dans ses importations d'énergie en provenance du Maroc. L'ONG a souligné, dans un communiqué, le «changement dans la position de la Commission européenne vis-à-vis du Sahara occidental, alors qu'avant elle déclarait systématiquement que le Sahara occidental était administré de facto par le Maroc». Le commissaire européen chargé de l'Action pour le climat et de l'énergie, Miguel Arias Canete, a déclaré dernièrement que l'UE tiendra désormais compte, selon le droit international, du statut «distinct et séparé» du territoire du Sahara occidental dans ses échanges avec le Maroc en matière d'énergie renouvelable. M. Canete répondait, au nom de la Commission européenne, à des députés européens qui ont demandé à exclure l'énergie produite au Sahara occidental des échanges commerciaux avec le Maroc. La déclaration du commissaire européen intervient après qu'un arrêt de la CJUE du 21 décembre 2016 ait conclu que les accords d'association et de la libéralisation UE-Maroc ne pouvaient pas être appliqués au Sahara occidental qui ne fait pas partie du royaume. WSRW constate que cette «première reconnaissance» de l'indépendance du territoire sahraoui du Maroc émane d'un ancien ministre espagnol de la Pêche, qui a fait une grande campagne en faveur de l'accord de pêche UE-Maroc appliqué dans les eaux du Sahara occidental. Et même si la réponse du commissaire européen est conforme à la décision de la justice européenne, l'ONG exprime des inquiétudes sur l'application de cette dernière pour les futurs projets énergétiques marocains prévus sur le sol sahraoui occupé. Elle relève qu'il «ne ressort pas clairement» de la déclaration de M. Canete comment l'énergie développée au Sahara occidental occupé pourrait être évitée dans la pratique, si le Maroc reliait les centrales énergétiques du territoire avec son propre réseau. WSRW rappelle que le 17 novembre, l'Espagne, le Portugal, la France et l'Allemagne ont signé une déclaration avec le Maroc pour la coopération future en matière d'énergie renouvelable, ce qui signifie que les Etats membres de l'UE envisageaient l'importation d'énergie propre du Maroc dans un proche avenir. «Une partie importante» des centrales d'énergie renouvelable prévues et opérationnelles sont situées dans le territoire du Sahara occidental que le Maroc occupe illégalement depuis 1975, dénonce l'observatoire. Il précise que Rabat prévoit qu'en 2020 plus d'un quart de l'ensemble de l'énergie verte de production du Maroc serait situé au Sahara occidental, ce qui risque de prolonger la colonisation et «compliquera davantage le processus de paix déjà ardu», affirme WSRW.