l'Inde est consacrée huit fois grâce à un film poignant qui n'a pas manqué, néanmoins, de susciter la grogne des Indiens. C'est l'Inde qui rafla dimanche soir l'Oscar du meilleur film, avec l'émouvant Slumdog Millionaire (Chiens des bidonvilles) du cinéaste britannique Danny Boyle. Il raconte le destin d'un orphelin de Bombay gagnant contre toute attente à un jeu télévisé. Un film très touchant mais qui a mis un peu dans la gêne les Indiens à cause du titre. Cette fresque des bidonvilles de Bombay a raflé au total huit récompenses à Hollywood dont celle du meilleur réalisateur, remise à Danny Boyle, mais aussi du meilleur scénario adapté, de la photographie, du montage et du mixage sonore, puis deux statuettes, pour la musique et la chanson originales au compositeur indien A.R.Rahman. L'Oscar du meilleur film a été remis au producteur, Christian Colson, qui a évoqué le Voyage extraordinaire du long métrage, tourné sans vedettes et sur un budget de 15 millions de dollars et en a déjà raflé 160 au box-office mondial. «Nous n'avions pas assez d'argent pour faire ce que nous voulions. Mais nous avions un script qui a rendu fou d'amour tous ceux qui l'ont lu», a-t-il confié. Au moment de recevoir sa statuette, A.R.Rahman, surnommé en Inde le «Mozart de Madras» et qui est seulement le troisième Indien à remporter un Oscar, a salué «toute la population de Bombay et l'essence de ce film, qui se veut avant tout un message d'optimisme sur la puissance de l'espoir et de la vie». Outre la pauvreté outrancière, c'est l'homosexualité qui est revenue sur le tapis en Californie via le cinéma et le film Harvey Milk, où Sean Penn s'est vu décerner le trophée du meilleur acteur- cinq ans après son Oscar du meilleur acteur grâce à son personnage de père vengeur dans Mystic River- pour son rôle de pionnier des droits des homosexuels aux Etats-Unis. L'acteur, 48 ans, l'a emporté face à Richard Jenkins (Le Visiteur), Frank Langella (Frost/Nixon, l'heure de vérité), et Brad Pitt (L'étrange histoire de Benjamin Button) et surtout Mickey Rourke (The Wrestler) pressenti pour ce titre, grâce à ce rôle sur mesure, qui lui a permis de revenir sur le devant de la scène en campant le rôle d'un catcheur déchu, blasé qui tente son dernier coup de chance. Harvey Milk a aussi obtenu l'Oscar du scénario original. Pour Kate Winslet, la sixième nomination a été la bonne. 12 ans après le Titanic, la Britannique s'est vu décerner l'Oscar de la meilleure actrice grâce au Liseur où elle incarne une ancienne gardienne de camp nazi. Très émue, l'actrice britannique a assuré qu'elle avait déjà répété son discours de remerciements devant son miroir de la salle de bains...à l'âge de huit ans en tenant un flacon de shampooing en lieu et place de la statuette. Au début de la cérémonie, Penélope Cruz est devenue la première Espagnole à recevoir un Oscar, celui du second rôle féminin pour Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. «L'Oscar de Penélope est le triomphe du talent, de l'ambition, de la ténacité et d'un don extraordinaire pour la comédie», a affirmé dans un communiqué Pedro Almodovar. Penélope Cruz est l'une des actrices fétiches de ce réalisateur espagnol. Selon le cinéaste, qui a déjà reçu deux Oscars, ce prix récompense «le courage d'une actrice qui se jette la tête la première et sans filet, acceptant des rôles très risqués». «J'ai pleuré de joie quand j'ai entendu son nom», poursuit le réalisateur dont le prochain film, Les étreintes brisées qui met en scène Penélope Cruz, sortira le 18 mars en Espagne. Comme prévu, un Oscar posthume à été décerné à Heath Ledger, pour son second rôle masculin au titre de Batman, le chevalier noir dans lequel il jouait le diabolique Joker. Heath Ledger est décédé en janvier 2008 à l'âge de 28 ans. Beaucoup d'émotion au théâtre Kodak. «Nous savions tous deux que ce que tu avais créé avec le Joker était tellement spécial et nous avions même parlé d'être là pour ce grand jour», a déclaré sa soeur Kate, très émue aux côtés de ses parents venus recevoir l'Oscar du disparu. La statuette de l'oeuvre en langue étrangère a été attribuée au film japonais Departures, l'histoire d'un violoncelliste qui devient embaumeur après la faillite de son orchestre. L'Oscar du film d'animation est allé à Wall-E, fable du studio Pixar sur un robot compacteur de déchets laissé seul au monde, tandis que Man On Wire, relatant l'exploit d'un funambule français ayant marché entre les tours du World Trade Center en 1974, a reçu l'Oscar du documentaire. L'étrange histoire de Benjamin Button, qui était nommé 13 fois, s'est contenté de trois Oscars techniques: direction artistique, effets visuels et maquillage.