Le projet de dorsale transsaharienne à fibre optique qui date de l'année 2003, dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad), connaît un début de concrétisation. Son comité de liaison (Cldt) a été installé officiellement, hier à Alger, à l'occasion de la tenue de la Conférence africaine de la gouvernance de l'internet. C'est le diplomate algérien, Hmaïdia Mounir, qui a été désigné comme secrétaire général et c'est à Alger que le comité va siéger pour son début d'activité. Le Cltd aura pour mission d'assurer «la coordination et la cohérence des tracés de DTS, la collecte et les échanges de données relatives au projet». La cérémonie d'installation a eu lieu en présence de la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (TIC), Imane Houda Feraoun mais aussi des ministres chargés des Technologies de l'information et de la communication du Mali, du Niger, du Tchad et du Nigeria, ainsi que du représentant de la Banque africaine de développement (BAD). «Ce réseau fédérateur nous permettra d'accéder à la bande passante Internet internationale via des câbles sous-marins à fibre optique à des prix concurrentiels», a affirmé la ministre. Et d'ajouter que «le processus de réalisation de cette infrastructure connaît aujourd'hui une nouvelle étape avec l'installation du comité de liaison de la dorsale transsaharienne». De son côté, le représentant de la BAD, dans des déclarations reprises par l'APS, a précisé que ce projet «doit interconnecter, dans sa première phase l'Algérie, le Niger, le Nigeria et le Tchad, et la phase suivante de la DTS concernera les interconnections à fibre optique de l'Algérie, du Mali et du Niger». Le même représentant africain a réitéré la disponibilité de la BAD à «accompagner et appuyer les pays respectifs à renforcer et améliorer la résilience et la diversification des économies des pays, notamment à travers la mise en place des infrastructures et applications TIC tout en les appuyant dans le renforcement des cadres juridiques et réglementaires y afférents pour lutter contre les défis posés par les innovations technologiques et en particulier Internet». Pour en revenir à la conférence du jour, portant sur l'importante thématique qui est la gouvernance de l'Internet, il a été précisé, dans les mêmes déclarations, que l'objectif est de «rapprocher les visions et stratégies des pays africains et d'unifier leur position par rapport à la problématique de la gouvernance de l'Internet afin que les pays africains arrivent à s'approprier un usage adapté». La finalité étant de faire profiter au maximum l'Afrique de cet outil d'échange international et surtout de ses retombées économiques. A ce sujet, notera la ministre algérienne, Imane Houda Feraoun, «l'Afrique demeure le continent qui bénéficie le moins des retombées de l'économie numérique». Intervenant longuement sur le sujet, elle abordera précisément la législation internationale et la nécessité pour l'Afrique de participer à la mise en place des lois. Mme Feraoun dira : «Nous devons mettre en place des bases solides pour des lois internationales encadrant le monde virtuel. Nous devons, en tant qu'Africains, garantir notre participation, d'une même voix, à la promulgation des lois sur la gouvernance de l'Internet». Allant dans le fond du sujet, Mme Feraoun exprimera une certaine indignation de voir qu'Internet «constitue un grand marché où certaines personnes gagnent de l'argent, au détriment de nos économies». Elle citera l'exemple de «la publicité numérique qui a généré environ 200 milliards de dollars en 2016». Partant, s'interroge-t-elle, «combien sont investis pour le développement de la connectivité en Afrique ?». Se voulant plus claire, elle poursuivra : «Contrairement à ce que nous espérions, la généralisation de l'internet a eu comme conséquences un contrôle collectif, l'utilisation abusive des données personnelles notamment comme outil de contrôle social et politique, le monopole, la marchandisation et le marchandage de la connaissance» et que «la généralisation de l'internet a eu comme conséquence la prédominance d'une catégorie de fournisseurs de services en ligne qui ne tiennent pas compte du préjudice causé aux économies nationales des Etats, en empêchant le retour sur les investissements consentis pour le déploiement des infrastructures». D'où la nécessité d'aller vers des «modifications profondes aux procédures actuelles de gouvernance de l'Internet». Houda Feraoun soutiendra, dans la même déclaration reprise par l'agence de presse algérienne, que «la gouvernance de l'Internet doit être fondée sur le principe de garantie de l'accès au réseau pour tous». Dès lors, la ministre émettra le souhait de voir la conférence sur la gouvernance d'Internet aboutir à l'adoption de «principes indéfectibles constituant un fondement pour l'émergence d'une gouvernance de l'Internet à même de garantir des avancées dans le domaine des droits de l'Homme et de la justice sociale aux niveaux national et international». K. M.