24 février 1956, 24 février 1971, des dates décisives pour l'Algérie. 38 ans après la nationalisation des hydrocarbures, l'histoire recommence. Les nationalisations sont devenues légion dans un monde en pleine crise multidimensionnelle. L'histoire aura donc donné raison à l'ancien président de la République Houari Boumediene qui, un certain 24 février 1971 décide de nationaliser les gisements de gaz naturel et le transport terrestre de l´ensemble des canalisations se trouvant sur le territoire national mais aussi la participation algérienne dans toutes les sociétés pétrolières françaises à hauteur de 51%. Ces ressources énergétiques demeurent toujours la colonne vertébrale de l'économie du pays. Le groupe Sonatrach, né justement après la décision de nationaliser les richesses du pays, s'est fortement développé même à l'international. Il est présent au Pérou, en Espagne, en France, en Grande-Bretagne, en Mauritanie et dans d'autres régions du monde. Il compte une proportion considérable de la production pétrolière et gazière mondiale. 12% des besoins du Vieux Continent sont fournis par le groupe, qui compte aussi augmenter ses capacités de production et même ses exportations gazières dans le cadre d'une stratégie à moyen et à long terme. Il ambitionne même de mettre sur le marché 85 milliards de mètres cubes de gaz d'ici à 2010. Somme toute, le groupe n'est pas à présenter. 38 ans après la nationalisation des hydrocarbures, l'Algérie reste néanmoins dépendante de ces précieuses ressources. Même si elles ont, aujourd'hui, prémuni notre pays contre une crise aiguë. Le défi de l'Algérie demeure en 2009 celui de se libérer de cette dépendance et de se lancer dans une vague d'industrialisation qui attend son heure de gloire. La crise qui secoue l'économie mondiale aura démontré certainement la dangerosité de cette dépendance mais également la nécessité de mettre le secteur productif sur les rails. Notre pays importe pour plus de 35 milliards de dollars et consomme aujourd'hui plus de 7 milliards de dollars de produits alimentaires uniquement. Les chiffres renseignent on ne peut mieux sur l'urgence d'une nouvelle étape à adopter dans la politique économique engagée. À l'heure où les superpuissances économiques se renferment pour mieux se protéger et adoptent les protectionnismes des années 1940, les leçons se multiplient pour les pays émergents qui se sont réveillés un peu tardivement pour adopter «l'œil pour œil» et protéger leurs ressources, en premier lieu en adoptant le concept du patriotisme économique. Il suffit peut-être de mettre en exergue l'action du président vénézuélien Hugo Chavez qui s'est engagé dans une lutte sans merci. Lequel a remis en cause la législation existant dans son pays, et a menacé d´interrompre les livraisons de pétrole brut à destination des Etats-Unis. Ou l'exemple de Evo Moralès qui a engagé un autre bras de fer avec les multinationales. Il en est de même pour la Russie qui ne veut pas du tout parler d'une libéralisation de ces ressources. C'est l'éternel recommencement de l'histoire, y compris pour les crises. L'Algérie est donc sur le droit chemin en nationalisant ses ressources mais le défi de construire une économie productive reste d'actualité. Boumediene avait déclaré que «notre souveraineté ne peut être qu'incomplète tant que notre économie dépendra de l'étranger». S. B.