L'idée, selon laquelle l'UGTA naquit un 24 février 1956, est loin d'être une vérité sans tache. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'une remise en ordre est nécessaire pour rester fidèle à l'Histoire. Née le 13 février 1956 au domicile des Mousssaoui au 5, rue des Abdérames à La Casbah sur une directive de Abane Ramdane, l'existence de l'UGTA ne sera proclamée que le 24 février 1956. Depuis, son militantisme est resté marqué par la dynamique de la guerre de Libération, même si le spectre de la guerre n'a fait que s'éloigner de l'Algérie depuis 1963. Aujourd'hui, l'UGTA est un syndicat qui a, certes, encore son mot à dire en faveur de la défense et de la protection des droits des travailleurs, mais il reste, qu'à cause des exigences du troisième millénaire, son adaptation se doit de suivre le mouvement général imprimé au syndicalisme moderne par l'ensemble des corporations syndicales de par le monde. Cela étant, le syndicat UGTA, de nos jours, est, avant tout, un symbole auquel sont attachés des millions d'Algériens en particulier depuis que, transcendant toutes les temporisations pour échapper au verdict de l'histoire, feu Houari Boumediene décréta la nationalisation des hydrocarbures en permettant à l'Algérie de se rendre maître de son patrimoine stratégique en un tournemain. On connaît la suite de cet événement et l'ostracisme qu'il a suscité après coup contre notre pays, notamment par les Français qui décrétèrent le pétrole algérien «rouge». Il y a lieu de rappeler ici qu'en dehors des tentatives avortées de nationalisation des hydrocarbures, ailleurs, dans le monde, c'est la première fois qu'un acte de récupération d'une richesse du sous-sol de cette envergure franchit le Rubicon en se posant d'emblée comme un exemple à suivre. C'est au niveau de ce type d'action que la formule: «Aux innocents les mains pleines» est apparue dénuée de toute emprise sur les faits. Trois ans quasiment jour pour jour avant le 24 février 1956, un Iranien de renom et de la race nationaliste la plus noble qui soit, portant le nom de Mossadegh, qui venait d'être nommé Premier ministre par l'empereur d'Iran, celui-là même qui a été évincé par les manifestants favorables aux thèses de l'ayatollah Khomeyni, avait eu l'audace de décréter la nationalisation des hydrocarbures au profit du peuple iranien. Mal lui en prit ! Car malgré un soutien populaire massif et hautement sacrificiel, l'Amérique, qui n'aime pas perdre contre les pays qui ne possèdent pas de moyens de défense, fera déferler des centaines d'agents de la CIA à Téhéran pour éviter que le règne de Mossadegh soit long et, par conséquent, compromettant pour les intérêts de l'Oncle Sam. Dans un autre contexte, mais toujours sous la pression des Etats-Unis d'Amérique, le Pérou dut attendre jusqu'en 1983 pour récupérer ses gisements de pétrole hypothéqués depuis un siècle, avant d'entreprendre de se façonner une profonde stratégie de développement grâce aux hydrocarbures. Depuis quelques mois, des rumeurs s'amplifient indiquant que l'Algérie serait sur le point d'ouvrir le capital en privatisant partiellement Sonatrach. Ce verdict, qui avait été prononcé dans la matinée, le soir de la mésentente entre partisans de la privatisation et les autres, faillit dégénérer. Mais quel tollé ! Il y a quelques années, le même phénomène s'était produit à la suite d'un discours prononcé par un ancien P-DG de Sonatrach, devenu Premier ministre qui tentait d'expliquer à la population en un mot d'hypothéquer notre pétrole ad vitam aeternam pour pouvoir financer nos plans de redressement économique. Implacable, la réaction populaire n'a pas fait défaut cette fois encore. Et alors que faire? Sauter à pieds joints dans l'inconnu comme l'Argentine naguère, à la faveur de conseils prodigués par un Algérien travaillant au service dans une institution internationale. Les conseils de notre compatriote furent si erronés que l'Argentine n'a jamais pu retrouver ses équilibres macro-économiques. Gare donc aux privatisations irréfléchies, et si cette formule devait arriver pour être appliquée à certaines entreprises du secteur public, arrangeons-nous pour que ces entreprises ne fassent pas partie des sociétés qui, comme Sonatrach, constituent le volant stratégique de notre économie nationale.