Répondant à ses détracteurs de la droite et de l'extrême-droite en France, suite à ses déclarations sur la colonisation lors de son déplacement en Algérie, qualifiées de «honteuses» et «d'indignes d'un candidat à la présidentielle» française, Emmanuel Macron a tenu, hier, un discours qui se veut rassembleur et réconciliateur. Répondant à ses détracteurs de la droite et de l'extrême-droite en France, suite à ses déclarations sur la colonisation lors de son déplacement en Algérie, qualifiées de «honteuses» et «d'indignes d'un candidat à la présidentielle» française, Emmanuel Macron a tenu, hier, un discours qui se veut rassembleur et réconciliateur. Des propos modérateurs mais qui contiennent aussi beaucoup de nuances. Dans son nouveau discours, diffusé sur le site de son mouvement et sur RTL, Macron a parlé des «bienfaits» de la colonisation qu'il a pourtant condamnés dans ses précédentes déclarations en Algérie, a défendu les harkis et a exclu toute idée de repentance, alors que dans les mêmes déclarations faites en Algérie, il a clairement dit qu'il va exhorter l'Etat français à «présenter des excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels, nous avons commis ces gestes», c'est-à-dire, «les crimes terribles», «la torture» et «la barbarie». «L'équivalent d'une vie d'homme s'est écoulé depuis la fin de la guerre d'Algérie. Ma génération ne l'a pas connue. Sommes-nous aujourd'hui condamnés à vivre à jamais dans l'ombre de ce traumatisme pour nous deux pays ? Il est temps de clôturer ce deuil» a-t-il entamé son allocution adressée, dit-il, à tous les Français dont les anciens combattants à qui, sans le faire directement, il demande des excuses, en précisant que ses propos n'étaient pas pour les accabler mais accabler seulement l'Etat français, seul responsable de la souffrance morale de ces anciens combattants. Ainsi, Macron poursuivra : «Il faut pour cela, avoir le courage de dire les choses et de ne céder à aucune simplification. C'est ce discours de vérité et de complexité que j'ai toujours tenu et que je tiens aujourd'hui. Dire que la colonisation a entraîné la négation du peuple algérien. Que cela a produit une guerre qui n'était pas digne de la France parce que des actes inhumains, de la barbarie, de la torture ont été commis. Qu'elle a brûlé irrémédiablement l'âme de jeunes soldats français». A ces anciens combattants, il dira donc : «A tous nos anciens combattant, je veux ici dire : vous êtes nos enfants, les enfants de la France, les enfants d'un Etat qui doit assumer ses responsabilités. Mes propos n'étaient pas destinés contre vous. En rien. C'était simplement reconnaître une responsabilité de l'Etat français, et nous ne devons pas nous dérober». Et d'enchaîner par les «bienfaits» de cette même colonisation : «Mais aussi dire que la colonisation a introduit une modernité par effraction. Que des dizaines de milliers d'instituteurs, de médecins, de fermiers ont beaucoup donné à l'Algérie». Macron évoquera aussi les pieds noirs et parlera de leur «douleur» du fait qu'ils aient été obligés de quitter la terre où ils sont nés : «Dire que les pieds noirs ont été victimes de la politique algérienne de la France, avant comme après la guerre. Une colonisation à sens unique qui ne leur a pas laissés d'autre issue que de quitter brutalement et à jamais les terres où ils étaient nés. C'était une injustice. Et c'est encore une souffrance». Au sujet des harkis, il soutiendra qu'ils étaient victimes d'une trahison. Macron affirmera : «Dire que les harkis ont été les victimes de la trahison de l'Etat français. Que nous les avons abandonnés, alors qu'ils s'étaient battus dans nos rangs. Nous avons commis une faute comparable avec nos interprètes afghans. C'était une trahison». Et de conclure : «Dire enfin qu'il est temps de laisser le passé passer. Sans repentance. Et j'ai toujours été clair sur ce point mais sans refouler aussi». A l'adresse de ses détracteurs qui, selon ses dires, tenteront d'exploiter ses propos pour des fins électoralistes, il dira «et je ne cèderai rien à tous les responsables politiques qui aujourd'hui cherchent à instrumentaliser notre histoire, à instrumentaliser mes propos à des fins clientélistes ou électoralistes». Se voulant rassembleur et réconciliateur, le candidat aux présidentielles françaises 2017 insistera sur la nécessité de travailler ensemble, Français et Algériens pour enterrer le passer sans le renier et construire un avenir commun paisible : «La France et l'Algérie doivent cesser de se renvoyer leur passé à la figure, directement ou implicitement. L'Algérie occupe dans notre passé et dans notre présent, une place bien plus large, bien plus profonde, bien plus importante encore que celle de la guerre d'Algérie. J'ai pu mesurer cette semaine, en me rendant sur place que la France est aussi pour l'Algérie bien autre chose que l'ancien colonisateur. Je crois que nous pouvons construire une relation nouvelle qui n'enlève rien à la mémoire de chacun qui reconnaît la mémoire et les blessures de chacun. Qui reconnaît les douleurs de tous mais qui en les réconciliant, les dépasse pour regarder vers l'avant. C'est cela le défi de notre génération, construire un futur apaisé pour notre pays, la France, et pour notre relation avec l'Algérie». K. M.