Les massacres du 8 mai 1945 précurseur du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre La position officielle de la France sur les massacres va-t-elle évoluer vers la repentance? L'Algérie commémorera, aujourd'hui, les massacres du 8 Mai 1945 commis par la France coloniale au lendemain de la victoire sur le nazisme et la libération de Paris. 62 ans après les massacres de populations algériennes sorties revendiquer pacifiquement le recouvrement de leur souveraineté, la plaie reste grandement ouverte. Cette fois-ci, l'élection présidentielle française intervient à la veille du 72e anniversaire de ces massacres ayant engendré 45.000 victimes tombées sous les balles de l'armée, de la police ou des milices de colons français. Dans ce contexte, il faut dire que le pardon des Français aux Algériens est devenu un réel enjeu électoral. D'aucuns gardent en mémoire les déclarations du grand favori à la présidentielle française, Emmanuel Macron, faites lors de son déplacement à Alger en février dernier et qui ont soulevé un tollé dans certains milieux politiques de l'Hexagone. Celui qui est pressenti comme futur président français, a qualifié la colonisation de «crime contre l'humanité» et de «vraie barbarie». Toutefois, on ignore si Emmanuel Macron en quête d'un soutien des binationaux ira au-delà de ses soucis électoraux, d'autant plus qu'auparavant, il trouvait des aspects positifs à la colonisation! Si en 2012, la communauté algérienne en France a massivement voté à gauche, en 2017, elle garantit son soutien au candidat du mouvement En marche. Ce dernier, qui a rencontré lors de sa visite, de hauts responsables et des membres du gouvernement, à leur tête Abdelmalek Sellal, n'a pas parlé de la repentance. Les propos de Macron, supposent, d'après sa rivale du Front national(FN), Marine Le Pen, que la France sera contrainte de présenter ses excuses aux victimes. Cela se passe alors que la bataille pour la succession est à l'oeuvre à Alger, où de nombreux observateurs soulignent que les liens créés entre les deux pays autour de la lutte contre le terrorisme et l'économie confortent la partie algérienne. Quoi qu'il en soit, la plaie reste ouverte, malgré le rééquilibrage voulu par les deux parties. Cela est illustré par la visite en Algérie du secrétaire d'Etat français chargé des Anciens Combattants, Jean-Marc Todeschini, venu s'associer pour la première fois à la commémoration du 70e anniversaire du 8 mai 1945 à Sétif. Ce dernier s'est incliné devant la plaque commémorative à la mémoire de la première victime de la répression du 8 mai 1945, Saâl Bouzid. Lors de sa visite en Algérie en 2012, le président français, François Hollande a exprimé sa reconnaissance, mais il n'a pas satisfait aux demandes de repentance. Les déclarations du président français sur le devoir de mémoire face aux «souffrances» engendrées par la colonisation avaient favorisé le développement d'un partenariat économique qualifié «d'exception» entre les deux pays. Depuis, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et l'ex-ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ont enchaîné les déplacements à Alger Pour certains, les tensions entre la France et l'Algérie se sont un peu dissipées et le processus de réconciliation s'est enclenché. Pour rappel, la répression féroce qui s'était abattue sur les victimes, innocentes, avait, paradoxalement, coïncidé, ce jour-là, avec la joie exprimée par les Alliés suite à leur victoire sur le nazisme, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce jour de liesse en Europe était pour les Algériens, le début d'une répression brutale marquée, pendant plusieurs semaines, par des actes innommables dans de nombreuses villes de l'Est. La position de la France officielle sur les crimes commis pendant la colonisation, n'a connu que des glissements sémantiques. Elle a évolué de «tragédie inexcusable» à «l'insulte aux principes fondateurs de la République française», en passant par la reconnaissance des «souffrances infligées par la colonisation», dit toutefois ne pas être dans «l'acte de repentance». Le geste du secrétaire d'Etat chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, en avril 2015, n'a pas été, lui aussi, jugé «suffisant» pour clore le dossier de la reconnaissance, par la France, de ses crimes de guerre.