L'élection présidentielle équatorienne verra s'affronter aujourd'hui un allié du président sortant de gauche, Rafael Correa, et un ancien banquier conservateur, en lice pour gouverner le pays producteur de pétrole, après dix ans de «corréisme». L'élection présidentielle équatorienne verra s'affronter aujourd'hui un allié du président sortant de gauche, Rafael Correa, et un ancien banquier conservateur, en lice pour gouverner le pays producteur de pétrole, après dix ans de «corréisme». L'ancien vice-président Lenin Moreno, âgé de 63 ans, est donné premier dans les sondages, mais le candidat de la coalition de gauche au pouvoir ne rassemblerait pas les suffrages nécessaires à une victoire dès le premier tour. Un second tour, le 2 avril, est donc probable face au candidat de l'opposition Guillermo Lasso, ancien président de Banco de Guayaquil, âgé de 61 ans, qui promet de rompre avec le socialisme et pourrait rassembler contre lui les différentes factions de l'opposition. Le dernier sondage Cedatos attribuait ce mois-ci à Lenin Moreno 32,3% des intentions de vote, contre 21,5% pour Guillermo Lasso. Pour remporter la présidentielle dès le premier tour, les candidats doivent rassembler plus de 40% des bulletins valides et une différence de dix points avec leur premier concurrent. Une victoire de Lasso dans le pays de 17 millions d'habitants renforcerait le retour de la droite en Amérique latine, après le basculement de l'Argentine, du Brésil et du Pérou ces derniers 18 mois, alors qu'a pris fin une décennie de boom des matières premières. Lors d'une interview à Reuters dans sa ville natale, Guayaquil, Guillermo Lasso a promis, s'il est élu, de mettre à la porte de l'ambassade d'Equateur au Royaume-Uni le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui fuit la justice suédoise. «L'Equateur n'a pas à se mêler de dépenser un seul centime pour protéger quelqu'un qui a assurément divulgué des informations confidentielles», a-t-il déclaré. Lasso est partisan d'adopter une position de fermeté à l'égard du gouvernement socialiste de Nicolas Maduro au Venezuela, en pleine crise économique, étroitement lié à l'Alianza Pais de Correa. Il se propose en outre d'examiner les prêts et les contrats passés avec le Chine, le premier créditeur du pays après un défaut sur obligations de trois milliard d'euros en 2008, de réduire les impôts et de restaurer la croissance à un niveau de 5% d'ici 2021, après une année 2016 de récession susceptible de se prolonger en 2017. Lenin Moreno, de son côté, défend l'héritage de la gauche au pouvoir depuis 10 ans, marqué notamment par une amélioration du niveau de vie des Equatoriens et une modernisation des services publics. Il promet d'augmenter les dépenses sociales tout en arrondissant les angles de la «révolution citoyenne» promise par Correa lors de sa première élection en 2006, ternie par des scandales de corruption et mise en difficulté par la chute des prix du baril de pétrole. La lutte contre la corruption figure aussi au centre de son programme, après un scandale au sein de la compagnie pétrolière nationale, et plus largement l'affaire du conglomérat brésilien Odebrecht qui n'a pas épargné Quito. Paraplégique depuis 1998 après avoir été touché par balle lors d'un braquage, Moreno a en outre fait campagne sur un meilleur accès à l'emploi et des avantages sociaux pour les Equatoriens frappés de handicap. Le prochain président prendra ses fonctions le 24 mai, pour un mandat de quatre ans. Le président sortant Rafael Correa, âgé de 53 ans et qui ne se représente pas, prévoit pour sa part de déménager en Belgique avec son épouse belge. Reuters