La décision des autorités algériennes était attendue et elle est rapidement venue. Elle n'est pas surprenante mais elle est réjouissante. L'interdiction d'importation de pommes ne sera donc pas levée, notamment la variété des Alpes françaises. Décision annoncée par le ministre du Commerce intérimaire, Abdelmadjid Tebboune, ministre de l'Habitat de son Etat est un des hommes de poids du gouvernement Sellal. L'idée de ne plus importer de pommes était bonne car elle ne procédait pas du seul et simple souci d'économiser des devises, mais d'en gagner en soutenant la production locale. En cela, l'action de l'Exécutif, qui relève du simple bon sens et du patriotisme économique, est à saluer. Reste maintenant que cette attitude de fermeté répond à la minable provocation du président de la région PACA Christian Estrosi qui est aussi une des personnalités politiques en vue de la droite française. Par communiqué, ce dernier avait, sur un ton comminatoire, presque ordonné au gouvernement algérien d'accorder des licences d'importation de pommes de sa région, dont la filière est sérieusement menacée de faillite. «Le marché algérien est totalement bloqué (…) Il est absolument indispensable qu'un quota de 20 000 tonnes de pommes des Alpes minimum, soit 15 millions de chiffre d'affaires, soit instauré dès dimanche par les autorités algériennes, qui se réunissent ce jour pour distribuer des quotas d'importations pour différents produits, et ce, pour permettre la survie des exploitations alpines qui connaissent des problèmes de trésorerie très importants», a-t-il dit. La réponse de M. Tebboune, au nom de l'Algérie, ne s'est pas fait attendre, et elle se situe sur le plan de la politique et de l'Histoire : «Ce monsieur a dû se tromper de pays, car on ne donne pas d'injonction à l'Algérie, ce temps-là est fini. Peut-être que sa montre s'est arrêtée en 1962 ?» Réponse cinglante à un nostalgique de l'Algérie française, un pro OAS, glorificateur de la colonisation, raciste, antimusulman et pro sioniste. Et les faits sont là pour attester notamment de son côté nostalgique de l'Algérie colonisée. Le 20 octobre 2012, il manifestait dans sa ville Nice, dont il était le maire, aux côtés de harkis et de Pieds-noirs pour contester le dépôt de la loi qui allait officialiser le 19 mars comme date commémorative de la fin de la Guerre d'Algérie. A cette occasion, pour conclure son discours, il s'exclamât : «Vive l'Algérie Française », après s'être félicité de «l'œuvre civilisatrice de la France» avant 1962. Le 9 février 2012, il s'était opposé à la tenue d'un colloque intitulé «Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique», organisé par la Ligue des droits de l'homme (LDH). Le 1er juillet 2012, il inaugurait un monument très symbolique, à la nostalgie de l'Algérie Française : de 1830 à 1962, c'est la France, et ensuite, c'est la «cassure» jusqu'en 2012, date de son inauguration. L'inscription, elle aussi est très symbolique : «En hommage aux Français d'Afrique du Nord de toutes confessions». Au printemps 2016, il déclarait que «la France doit faire face à des "cinquièmes colonnes" islamistes», une «troisième guerre mondiale» en somme déclarée à «la civilisation judéo-chrétienne» par «l'islamo-fascisme». C'est à ce facho et finalement réactionnaire d'extrême-droite que Abdelmadjid Tebboune a répondu de manière cuisante. Bien fait donc pour sa pomme ! N. K.