De notre envoyée spéciale à Hammamet en Tunisie Faouzia Ababsa Le jour où l'on dissoudra les comités de femmes, la bataille de l'égalité en droits et en chances entre les femmes et les hommes sera gagnée. Peter Seideneck ne croyait pas si bien dire tant la discrimination envers les femmes est plus qu'une réalité dans les pays arabes mais aussi, à un degré moindre, dans les pays du Nord. Le forum syndical qui s'est ouvert hier à Hammamet, à 70 km de la capitale tunisienne, n'avait en fait rien d'euro-méditerranéen, comme voulu à l'origine. L'explication, on l'aura du même Peter qui le justifiera par le fait que la présence des femmes de la rive nord de la Méditerranée aurait été maximaliste. Ce, d'autant que les spécificités étaient loin d'être les mêmes que celles de la rive sud. Aussi, les organisateurs ont opté pour la participation des pays arabes dont la plupart des problèmes et des préoccupations sont communs. Les délégations des femmes syndicalistes présentes sont venues de Palestine, de Jordanie, d'Algérie, du Maroc et de Tunisie. La séance d'ouverture a été caractérisée par l'intervention des différents responsables syndicaux aussi bien au niveau local que régional, à l'image du secrétaire général de l'USTMA, de l'UGT tunisienne. Lequel a insisté sur la présence de la femme travailleuse dans les instances syndicales. «Vous ne trouverez pas un seul haut responsable syndical qui vous dira qu'il est contre que les femmes syndicalistes occupent des postes de responsabilité dans les hautes instances de l'organisation. Bien au contraire.» Toutefois, et renseignement pris dans le rapport de synthèse sur les travaux ayant sanctionné les différentes réunions, on constatera qu'aucune femme syndicaliste tunisienne ne figure dans le secrétariat exécutif de l'Union générale des travailleurs tunisiens. C'est dire que, entre la théorie et la pratique, il y a un monde. Pourtant, en matière de tradition de lutte syndicale, l'UGTT est précurseur. C'est sur cette organisation et son expérience que se sont appuyés Aïssat Idir et ses compagnons pour la création de l'Union générale des travailleurs algériens en 1956, alors que la Tunisie venait de recouvrer son indépendance. La première séance, présidée par Mme Saada Rahmani de la commission des femmes travailleuses de l'UGTA, qui, avant de donner la parole à Radia Belhadj Zekri, experte et membre de l'Association des femmes tunisiennes pour la recherche et le développement, pour donner lecture de la synthèse des rapports nationaux, a mis l'accent sur le chemin parcouru par la commission des femmes de l'UGTA mais aussi les autres organisations syndicales. Le rapport de synthèse en question a fait ressortir les disparités criantes existant dans les différents pays arabes participant au forum. Qu'il s'agisse de la situation faite aux femmes, des statuts personnels, de la discrimination en matière de salaires, de chômage, de la place de la femme sur la scène politique, etc. seules les nuances apparaissaient. Il faut dire que les trois pays du Maghreb restent quand même à l'avant-garde du combat des femmes, même si là aussi des nuances existent, notamment en ce qui concerne les statuts personnels. La Tunisie et le Maroc occupent la première place puisque l'une et l'autre en ont définitivement fini avec les questions de tutelle pour le mariage, la répudiation, le droit au divorce, etc. Mais dans la pratique, il reste beaucoup à faire. L'Algérie, elle, continue à maintenir par les textes les femmes dans un statut de citoyenne de seconde zone, même si, sur un autre plan, elles ont réussi à arracher de très grands acquis. Les rapports nationaux qui seront présentés aujourd'hui nous édifieront certainement sur les avancées et les reculs enregistrés dans les pays arabes de la rive sud de la Méditerranée.