De notre envoyée spéciale à Hammamet (Tunisie) Faouzia Ababsa L'Algérie a été élue, hier, à l'unanimité, au comité de coordination du Forum syndical Euromed, à travers la personne de Saada Rahmani, présidente de la commission des femmes travailleuses de la wilaya d'Alger. L'émotion était vive au sein de la délégation algérienne. Parce qu'en fait, cette élection traduit la lutte des syndicalistes algériennes pour leurs droits en tant que telles de manière particulière, et en tant que citoyennes de manière générale. Cette élection couronne un parcours parsemé d'embûches en raison des mentalités rétrogrades et réfractaires à tout changement au sein de l'organisation syndicale. Cette élection constitue pour la délégation algérienne une véritable victoire parce que, faut-il encore le souligner, l'UGTA reste au niveau du monde arabe à l'avant-garde des luttes syndicales d'une part et de la lutte pour l'égalité en droits entre femmes et hommes. Abdelmadjid Sidi Saïd n'a-t-il pas déclaré un jour qu'il ne fallait pas amender le code de la famille, mais lui faire subir un autodafé. Aussi, l'UGTA devra être fière de ce qu'ont accompli les femmes syndicalistes déléguées par la centrale à ce forum. Elles le doivent à leur lutte. Le forum s'est achevé par l'adoption d'un appel aux directions syndicales des pays arabes et de recommandations exhortant aussi bien les gouvernements que les instances syndicales à user de leur influence pour que les lois consacrant l'égalité soient appliquées, pour que les Etats ratifient l'ensemble des conventions internationales allant dans le sens de la garantie des droits syndicaux et la lutte contre toute forme de discrimination à l'égard des femmes et lever toutes les réserves pour celles qui l'ont été. Le forum a recommandé également l'élaboration et/ou l'amendement des lois sur le statut personnel proscrivant toute forme de discrimination et garantissant les mêmes droits en matière de gestion de la vie familiale, cela dans le cadre du droit positif. Le harcèlement sexuel n'était pas en reste, en ce sens que les participants ont exigé l'élaboration de lois s'inscrivant en droite ligne de sa criminalisation. Dans l'appel adressé à l'ensemble des directions syndicales du monde arabe, les participants au forum ont exigé de leurs structures ouvrières l'adoption du système des quotas pour les femmes. Un mal nécessaire, mais le seul à même, pour une période transitoire, de propulser les femmes aux postes de responsabilités dans les plus hautes sphères décisionnelles des organisations syndicales. Ce principe a été adopté par les organisations syndicales européennes où les femmes ne sont pas mieux loties que leurs paires de l'autre côté de la Méditerranée. Ce d'autant qu'au niveau des confédérations syndicales internationales, il est fait obligation aux syndicats nationaux d'adapter les textes internes à leurs statuts, dont le principe de la parité. Les recommandations adoptées par le Forum ne doivent pas rester lettre morte. Les femmes syndicalistes en sont conscientes, estimant que la tâche sera ardue et le combat difficile à l'intérieur de leurs organisations syndicales respectives.