«Nous n'interdisons rien, nous régulons nos importations afin de protéger nos recettes» en devises, a déclaré le ministre du Commerce par intérim, Abdelmadjid Tebboune, à propos des dernières restrictions ayant touché certains produits agricoles importés dont essentiellement les pommes qui ont fait réagir aussi bien des importateurs que de simples consommateurs. On a même eu droit à une extravagante sortie du président de la région Paca, Christian Estrosi, qui, dès l'annonce de l'interdiction d'importation, s'est cru en droit de demander sa levée, parce que le marché algérien est stratégique, avec 40% des ventes de pommes des Alpes. M. Estrosi semble ignorer qu'il n'est pas en position de réclamer une telle disposition. Car, l'Accord d'association Algérie-Union européenne prévoit des mesures spécifiques pour un certain nombre de situations où une entorse peut être faite à l'Accord. Ainsi, l'Algérie peut prendre des mesures de sauvegarde conjoncturelles si elle constate qu'une forte augmentation de ses importations menace une branche de production nationale. Elle peut également appliquer un droit de douane compensateur à un produit quand un pays de l'UE accorde des subventions à certaines branches de son industrie qui sont susceptibles de porter préjudice aux branches algériennes similaires. Une autre mesure donne à l'Algérie le droit de majorer de 25% les taxes douanières à des produits pour protéger des industries naissantes ou des secteurs en restructuration ou en difficultés. Enfin, en cas de dumping préjudiciable à une branche de production ou pouvant retarder la création de nouvelles branches, l'Algérie peut aussi rétablir les taxes sur les produits en litige. En somme, l'imposition de quotas d'importation de pommes ou de tout autre produit respecte les termes de l'Accord, à partir du moment où la production locale est suffisante pour satisfaire la demande du marché interne. «Si on veut diminuer la facture d'importation, il faut d'abord ne pas importer ce que nous avons déjà sur le marché national», dira, à juste titre, le ministre. L'Algérie a également le droit, le devoir même, d'être exigeante sur la qualité de tous les produits qu'elle laissera entrer sur son marché. «Nous ne laisserons plus entrer sur le marché national les produits électroménagers non conformes qui tuent, chaque hiver, des familles ou encore de l'électroménager énergivore», affirme M. Tebboune. Mieux vaut tard que jamais, dirions-nous. Il était temps d'assainir le marché national qui a été transformé en un gigantesque entrepôt de déstockage et d'écoulement de marchandises dégriffées, délabélisées, déclassées, piratées ou de dernière qualité. Faudra-t-il encore que les mailles du filet soient suffisamment serrées pour que plus aucun importateur, quels que soient les soutiens qu'il a dans les hautes sphères de l'Etat, ne puisse passer… ! H. G.