Le ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, Abdelkader Ouali, a indiqué, mardi dernier à Boumerdès, que le volume total d'eau emmagasiné à travers tous les barrages du pays avait atteint 4,95 milliards de mètres cubes (m3). «Il s'agit d'une importante quantité emmagasinée grâce aux fortes pluies qui se sont abattues ces derniers jours sur le pays», a estimé M. Ouali à l'issue d'une visite d'inspection au barrage de Keddara Bouzegza qui alimente les wilayas de Boumerdès et d'Alger en eau potable. «On n'avait pas enregistré un tel taux depuis des années», a-t-il dit. «Si nous avons de nouvelles précipitations dans les prochains jours, nous pourrons dépasser, pour la première fois depuis des années, le seuil des 5 milliards de m3 d'eau de pluie emmagasinée dans les barrages algériens», a ajouté le ministre. Selon lui, 12 barrages à travers le territoire national ont dépassé un taux de remplissage de 100% suite aux fortes pluies de ces derniers jours. Dans le cadre du renforcement et de la valorisation des ouvrages hydrauliques, une nouvelle orientation a été mise en place pour optimiser leur exploitation, a souligné M. Ouali. 9 barrages seront réalisés d'ici à 2019 au titre d'un programme prévoyant la construction de 31 barrages, a-t-il annoncé, précisant que 5 d'entre eux seront livrés en 2017 et les 4 autres entre 2018 et 2019. «Nous avons une stratégie ambitieuse pour le secteur jusqu'en 2035», a affirmé M Ouali, précisant qu'il s'agissait d'un plan national de l'eau reposant sur les trois axes principaux que sont la bonne gestion des ressources en eau, la rationalisation de la consommation et la recherche de nouvelles sources d'approvisionnement. Vers la dépollution des oueds et du littoral Le ministre a annoncé par ailleurs la réalisation d'une banque de données sur les points noirs où s'amassent les eaux usées versées dans le littoral du pays à travers les oueds. M. Ouali qui recevait des explications sur le projet de protection de la ville de Boudouaou (nord de la wilaya) des risques d'inondation et dont la réalisation a débuté en 2012 non sans achoppement, a affirmé que cette opération concrétisée en collaboration avec l'Office national de l'environnement était indispensable et sera élargie à l'ensemble des wilayas du pays. A travers cette opération qui a commencé à Oued Sebaou (Tizi Ouzou) et oued El Harrach (Alger), il a été recensé à ce jour 1 420 points noirs dans les oueds et plages du territoire national, a-t-il indiqué. Il a précisé à ce propos, que cette opération «extrêmement» importante permettra, une fois l'inspection menée, de déterminer les auteurs de ces décharges anarchiques de déchets et du non traitement vertical des eaux usées qui parviennent aux oueds puis versent dans le littoral. Il a souligné également, qu'elle permettra de définir les secteurs concernés avec lesquels la coordination s'impose afin de mobiliser tous les moyens indispensables pour éliminer ces points noirs à la source à travers leur raccordement à un réseau de canalisations des eaux usées. La prise en charge de cet aspect environnemental non moins important compte parmi les «priorités» du secteur qui concentre ses efforts, outre le recensement et la détermination des responsabilités, sur l'élaboration d'un plan d'action en coordination avec les parties concernées, de lutte contre la pollution par une série de mesures urgentes, dont l'installation de canalisations d'assainissement des eaux usées et la mise en place d'équipements de traitement des eaux usées, a-t-il encore rappelé. M. Ouali a ajouté qu'à ce jour, 500 oueds à travers le territoire national ont été pris en charge en termes d'assainissement et de réaménagement dans le but de prémunir les autres villes avoisinantes des risques d'inondation. A l'avenir, il est prévu la prise en charge de 650 autres oueds comme retenu dans le programme, a-t-il enfin conclu. Gestion rationnelle et valorisation des ressources Au chapitre de l'Alimentation en eau potable (AEP), le ministre a annoncé que la gestion du réseau AEP de l'ensemble des communes du pays devrait revenir à l'Algérienne des eaux (ADE) à l'horizon 2019. «L'Algérienne des eaux gère actuellement le gros des réseaux AEP des communes du pays, dans l'attente de couvrir le reste des collectivités, avant fin 2019», a indiqué le ministre, à l'issue d'un exposé sur le secteur qui lui a été présenté à la station de dessalement d'eau de mer de cap Djinet (Boumerdès). Selon M. Ouali, cette opération, lancée en 1999 dans le cadre de la reforme du secteur et la modernisation de sa gestion, «devrait valoriser la ressource en eau et assurer des prestations modernes et d'égale qualité à tous les abonnés de l'ADE, à l'échelle nationale». S'agissant de la lutte contre les fuites d'eau et les raccordements illicites aux réseaux AEP, il a fait part de la constitution, dernièrement, de cellules de contrôle et d'inspection à travers toutes les wilayas, dont l'action sur le terrain a permis la récupération d'un volume global estimé entre 500 000 et 1 250 000 m3 d'eau/jour. Il a souligné, à ce propos, l'importance des sorties de terrain réalisées par ces cellules, appelant à leur intensification afin de mettre un terme aux quantités jugées impressionnantes d'eau potable perdues à cause des fuites et des raccordements illicites. L'action menée sur le terrain par ces cellules, depuis près de quatre mois, est susceptible d'assurer une «meilleur qualité de gestion au réseau AEP, au même titre qu'une amélioration des prestations et un renforcement du ratio d'eau destiné aux citoyens, en général», a estimé le ministre. Par ailleurs, M. Ouali considère que la wilaya de Boumerdès couvrait largement ses besoins en eau potable avec un excédent dans sa production de plus de 60 000 m3/j. La production de la wilaya en la matière a atteint près de 220 000 m3/j, pour un besoin estimé à pas plus de 164 000 m3/j. «Cet excédent a été réalisé grâce aux systèmes de production disponibles à la station de dessalement d'eau de mer de cap Djinet, au transfert du barrage Taksebt (Tizi Ouzou), des barrages Keddara, Beni Amrane et El Hamiz de la wilaya, et des eaux souterraines», a indiqué le ministre qui a souligné l'impératif de destiner cet excédent, dont une partie profite déjà à la wilaya d'Alger, à «l'amélioration de l'alimentation en eau potable (AEP) de certaines régions de la wilaya, qui sont approvisionnées actuellement à raison d'une fois tous les trois jours». Il a insisté sur la distribution «équitable» de la ressource à tous les habitants de la wilaya, notamment ceux des régions reculées et rurales, en procédant à l'accélération des chantiers des 10 projets en la matière, actuellement en réalisation. Le ministre a instruit les responsables locaux à l'effet de doter les réseaux de distribution d'eau en réservoirs afin, a-t-il dit, de garantir la «continuité de l'approvisionnement en cas de coupures inopinées». «Un réseau de réservoirs bien repartis tout au long des conduites de distribution est primordial pour une bonne gestion et organisation du secteur», a-t-il recommandé. F. O./APS