Les discussions sur la paix en Syrie menées depuis huit jours à Genève, les premières en près d'un an, se sont achevées vendredi dernier sans résultat tangible mais avec néanmoins, selon le médiateur de l'ONU, une feuille de route claire pour aller de l'avant. Chaque camp est reparti de la métropole suisse avec le sentiment d'une petite victoire. Les discussions sur la paix en Syrie menées depuis huit jours à Genève, les premières en près d'un an, se sont achevées vendredi dernier sans résultat tangible mais avec néanmoins, selon le médiateur de l'ONU, une feuille de route claire pour aller de l'avant. Chaque camp est reparti de la métropole suisse avec le sentiment d'une petite victoire. L'opposition a eu le sentiment que la question de la transition politique avait pu être abordée pour la première fois, tandis que la lutte contre le terrorisme, un thème cher à la délégation représentant le gouvernement syrien, a été ajoutée au programme des prochaines discussions, a dit Staffan de Mistura. L'opposition syrienne a provisoirement accepté le document comprenant 12 principes généraux sur l'avenir de la Syrie donné aux délégations par les Nations unies, a annoncé son négociateur en chef, Nasser al Hariri. «Bien qu'il n'y ait pas de résultats concrets, je puis dire que cette fois cela a été plus positif», a-t-il dit à la presse. «Pour la première fois, nous avons discuté de manière satisfaisante de la question de l'avenir de la Syrie et de la transition politique en Syrie». Son rival, le chef de la délégation gouvernementale, Bachar al-Dja'afari, a quitté Genève sans faire de commentaire. Mais le régime de Damas pourra se satisfaire du fait que l'ONU mettra les discussions sur la stratégie de lutte contre le terrorisme au programme de la prochaine session de négociations. Le gouvernement syrien avait fait pression pour inscrire le «terrorisme» au programme. Staffan de Mistura a expliqué à la presse que lors de la prochaine session, sans doute en fin de mois, seraient abordées «les questions relatives aux stratégies de lutte contre le terrorisme, la gestion de la sécurité et aussi les mesures de nature à construire la confiance à moyen terme». Il a dit avoir le sentiment que toutes les parties pouvaient faire avec» l'ordre du jour de Genève. «Ce que j'ai vu (...) me donne le sentiment que nous allons dans la bonne direction.» Les prochaines discussions à Astana, au Kazakhstan, le 14 mars sous l'égide de la Russie, de la Turquie et de l'Iran, seront complémentaires à celles de Genève, a-t-il dit. Elles traiteront du «maintien du cessez-le-feu, de mesures immédiates pour construire la confiance et de questions opérationnelles en matière de lutte contre le terrorisme», a déclaré le diplomate italo-suédois. En huit jours, les deux camps n'ont certes pas négocié en face-à-face mais ils ont réussi à discuter de l'ordre du jour par l'intermédiaire de Staffan de Mistura. La Russie, qui est considérée comme celle assurant l'équilibre du pouvoir, a rencontré les deux parties en coulisses durant les discussions. Les diplomates russes ont rencontré jeudi soir des représentants de groupes armés rebelles, a-t-on appris de sources diplomatiques et proches de l'opposition. Il s'agissait du second contact de ce genre en deux jours. En dépit de ces contacts, Moscou a accusé la principale instance de l'opposition, le HCN (Haut Comité pour les négociations), constitué avec le soutien de l'Arabie saoudite, de chercher à saboter le processus en refusant de s'allier à deux autres groupes d'opposants plus modestes acceptés par Moscou et Damas. Créer une délégation unifiée de l'opposition est considérée comme la clé pour obtenir des négociations en face-à-face mais de Mistura a déclaré ne pas être encore prêt sur ce sujet. Un diplomate occidental a accusé la Russie de vouloir unifier l'opposition «pour déstabiliser les discussions». Le champ des négociations a cette fois été beaucoup plus restreint qu'il y a un an, quand Staffan de Mistura devait également gérer des demandes sur un cessez-le-feu ou la libération des prisonniers. Une trêve précaire est en place depuis la fin décembre dans un conflit qui a débuté il y a six ans et les discussions au Kazakhstan s'attachent à régler les questions militaires. De Mistura a déclaré que la délégation du gouvernement avait suggéré un échange de prisonniers et de personnes enlevées, ce qui devrait être abordée à Astana le 14 mars. Selon la Russie, les négociations pourraient reprendre le 20 mars à Genève. La conférence de Genève IV se fonde sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce texte, adopté à l'unanimité en décembre 2015, encadre un processus de transition politique en Syrie avec : 1- mise en place d'une «gouvernance crédible, inclusive et non sectaire» ; 2- élaboration d'une nouvelle Constitution avant la tenue ; 3- organisation d'élections «libres et régulières». Reuters