Le sixième round des pourparlers de paix en Syrie a repris mardi à Genève sous l'égide des Nations-unies, mais les avis divergent sur les chances que les antagonistes parviennent à un accord, pour peu qu'il acceptent un face-à-face. Sous la médiation de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, la délégation du gouvernement syrien, conduite par l'ambassadeur syrien aux Nations unies, Bachar al-Jaafari, et les membres de l'opposition tenteront durant quatre jours, le temps que durera ce nouveau cycle de négociations, de trouver une solution au conflit qui frappe la Syrie depuis 6 ans. Après s'être entretenu mardi matin avec la délégation du gouvernement syrien, le médiateur a rencontré dans l'après-midi les représentants de l'opposition, réunis au sein du Haut comité des négociations (HCN) siégeant à Ryadh et dirigés par Nasr al-Hariri et Mohammad Sabra. Le diplomate onusien a prévu des discussions plus actives qu'au cours des précédents cycles de pourparlers et plusieurs sessions par jour. Lors des cinq séries de négociations directes organisées depuis 2016 sur les bords du Lac Lémam par M. de Mistura, les deux délégations avaient refusé de se parler face-à-face. Une des causes des mauvais résultats des pourparlers, outre le fait que l'opposition continue de réclamer le départ du président Bachar al-Assad, ce que Damas refuse. De l'avis des observateurs, si un dialogue direct est engagé durant cette nouvelle session de dialogue, ce sera un grand pas. Dans le cas contraire, le diplomate onusien, comme il l'a bien affirmé lors de la conférence lundi, doit faire des navettes entre les deux délégations. Plusieurs sessions de négociations sous l'égide de l'ONU n'ont abouti à aucun résultat, même si lors de la dernière réunion, les participants se sont enfin mis d'accord pour discuter de quatre thèmes: la gouvernance, une nouvelle Constitution, les élections et la lutte contre le terrorisme. Pendant la quatrième série de négociations en février, Staffan de Mistura est parvenu pour la première fois à faire accepter par les parties au conflit un ordre du jour comprenant quatre sujets de discussion : la lutte contre le terrorisme, la gouvernance (terme employé pour évoquer une transition politique), une nouvelle Constitution et l'organisation d'élections. Mais depuis, aucune avancée n'a été enregistrée. Malgré la «valeur symbolique puissante que représentent (les négociations de Genève), elles ne progressent pas de manière visible», remarque Aron Lund, chercheur à la Fondation Century, un centre de réflexion basé aux Etats-Unis. Devant les journalistes, l'envoyé spécial a qualifié ce nouveau rendez-vous dans la ville suisse de «réunion préparatoire». Il a ajouté que cette fois-ci l'intention est d'aller un peu plus loin et d'être plus productif. «Ces réunions de proximité, a-t-il ajouté, seront un peu plus interactives, plus proactives et plus fréquentes». Avis mitigés sur les chances que l'actuel round aboutisse L'ONU qui souhaite mettre fin aux affrontements sur le terrain et en même temps accompagner l'arrêt des combats à la faveur d'un cessez-le-feu, par des tractations sur l'avenir politique de la Syrie, mais le contexte actuel n'offre pas beaucoup d'espoir, puisque même le président voit de ce cycle «une rencontre pour les médias et qu'il n'y a rien de substantiel (...). Astana c'est différent d'Astana», en référence aux pourparlers qui se tiennent depuis janvier à Astana au Kazakhstan à l'initiative de la Turquie, de la Russie et l'Iran. Les négociations de Genève sont de plus en plus «éclipsées» par les pourparlers d'Astana, ainsi que par l'évolution sur le terrain. Les efforts pour mettre fin au conflit syrien sont menés à travers le processus politique formel au siège de l'ONU à Genève depuis 2014, et des d'Astana. La Turquie, la Russie et l'Iran ont initié en janvier des pourparlers à Astana, capitale du Kazakhstan pour renforcer un cessez-le feu en Syrie. Un important accord qui prévoit de créer des «zones de désescalade» en Syrie pour limiter l'effusion de sang a été signé à Astana le 4 mai. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord il y a une semaine, les combats ont diminué dans plusieurs régions du pays. Les efforts pour mettre fin à la guerre sont désormais déployés sur deux circuits parallèles : le processus politique officiel se déroule au siège de l'ONU à Genève, parallèlement des pourparlers axés sur la sécurité se déroulent depuis janvier à Astana. En six ans, le conflit en Syrie a causé la mort de plus de 320 000 personnes, chassé plus de la moitié des Syriens de leur foyer et détruit l'économie et les infrastructures de ce pays.