De laborieuses discussions entre régime syrien et opposition ont repris hier à Genève pour un septième round de négociations de paix sous la houlette de l'ONU, avec peu d'espoir de trouver une issue au conflit qui ravage le pays depuis six ans. «Nous allons travailler très durement», a assuré à son arrivée Staffan de Mistura, l'envoyé spécial de l'ONU en charge du dossier syrien, qui s'évertue depuis des années à trouver une solution à la crise syrienne. Le round a commencé hier dans la matinée par une rencontre entre M. de Mistura et la délégation du gouvernement syrien. Il devrait se tenir jusqu'au 14 juillet. Les négociations de Genève sont de plus en plus éclipsées par des discussions à Astana, au Kazakhstan, qui sont chapeautées par la Russie et l'Iran, alliés de Damas, ainsi que la Turquie, soutien de la rébellion. Et dimanche, un cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis, qui soutiennent certains rebelles, la Russie et la Jordanie, est entré en vigueur dans le sud de la Syrie, là encore hors du cadre de Genève. Autant d'acteurs internationaux, impliqués de près ou de loin dans le dossier, qui démontrent la complexité d'une guerre qui a fait depuis 2011 plus de 320.000 morts et jeté sur les routes plus de la moitié de la population. Les discussions de Genève seront axés sur quatre points: la rédaction d'une nouvelle Constitution, la gouvernance - terme flou pour évoquer une transition politique -, la tenue d'élections et la lutte contre le terrorisme. Le dernier round de négociations s'était achevé en mai avec peu d'avancées. Staffan de Mistura avait expliqué que «d'importants différends» persistaient sur des «questions majeures». L'opposition syrienne a longtemps insisté sur le départ du président Bachar Al-Assad dans toute solution politique au conflit. Pour le régime, il n'en est pas question. Au vu de ces profondes divergences, Yehia al-Aridi, un porte-parole du Haut comité des négociations (HCN) qui rassemble des groupes-clés de l'opposition, a confié avoir de «modestes attentes» pour ce nouveau round. Les pourparlers de Genève ont débuté en 2014, et se sont poursuivis depuis de façon intermittente avec de maigres résultats. Depuis janvier, la concurrence est rude avec l'autre cycle de pourparlers organisé par la Russie, l'Iran et la Turquie dans la capitale du Kazakhstan. Ces trois pays se sont mis d'accord en mai sur la mise en place de quatre zones de «désescalade» en vue d'un cessez-le-feu durable, mais ont échoué à s'entendre sur les détails nécessaires à l'application de ce plan. Par ailleurs, Washington, Moscou et Amman ont annoncé un accord de trêve entré en vigueur dimanche dans trois provinces méridionales. Ramzi Ezzedine Ramzi, l'adjoint de M. de Mistura, a estimé que ce dernier accord aidait «à créer une atmosphère favorable aux discussions» de Genève. «Nous espérons qu'un accord sera conclu dès que possible pour les autres zones qui ont fait l'objet de discussions et que cela pourra représenter un soutien significatif au processus politique», a-t-il ajouté. Sur le terrain, le calme a régné dimanche dans le sud de la Syrie au premier jour de ce cessez-le-feu, qui s'applique à trois provinces, Deraa, Qouneitra et Soueida. Selon Sam Heller, expert de la Syrie qui écrit pour The Century Foundation, l'opposition et ses soutiens voient les discussions de Genève comme «une chance de réaliser de petites victoires tactiques qui mèneraient à un éventuel accord». «Il s'agit aussi de maintenir un processus politique reconnu par la communauté internationale (...) plutôt que de céder la place aux négociations rivales d'Astana», dit-il. Washington, qui a été par le passé un soutien-clé de l'opposition et un parrain du processus de paix, s'est désengagé des efforts diplomatiques depuis l'arrivée en janvier du nouvel occupant de la Maison Blanche Donald Trump. Mais sa récente implication dans l'accord de trêve dans le sud de la Syrie pourrait indiquer un possible réengagement de façon limitée. Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a déclaré récemment que Washington et Moscou avaient évoqué «d'autres régions de Syrie» pour lesquelles les deux pays pourraient «continuer à collaborer». Ils vont «travailler ensemble en faveur d'un processus politique qui garantira l'avenir du peuple syrien», a-t-il ajouté.