La campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole lancée par le ministère de la Santé en milieu scolaire, du 6 au 15 mars, a, dès l'entame, suscité un rejet de la part des parents et de folles rumeurs sur de prétendus effets secondaires du vaccin. Le rejet, les craintes et les suspicions des parents d'élèves sont nourris par le manque de communication autour de ce vaccin, qui s'ajoute à un précédent : le décès de bébés qui venaient d'être vaccinés. La campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole lancée par le ministère de la Santé en milieu scolaire, du 6 au 15 mars, a, dès l'entame, suscité un rejet de la part des parents et de folles rumeurs sur de prétendus effets secondaires du vaccin. Le rejet, les craintes et les suspicions des parents d'élèves sont nourris par le manque de communication autour de ce vaccin, qui s'ajoute à un précédent : le décès de bébés qui venaient d'être vaccinés. Considérant ces circonstances, le ministère aurait dû anticiper la réaction des parents et agir en conséquence en organisant une campagne pour expliquer l'innocuité et la nécessité du vaccin combiné pour les convaincre, au lieu d'annoncer directement la campagne de vaccination une semaine seulement avant son lancement. Contacté, hier, le chargé de la communication du ministère de la Santé, Slim Belkacem, nous a fourni des explications sur cette campagne de vaccination qui concernera, en premier lieu, les élèves âgés de 6 à 14 ans. M. Belkacem nous a fait savoir que les filles sont les plus concernées par ce vaccin parce qu'elles deviendront plus tard des mamans et la femme enceinte est la plus confrontée au risque de contracter la rougeole. Il nous a affirmé que cette campagne, qui se poursuivra jusqu'au 15 mars, permettra d'administrer le vaccin aux enfants des cycles primaire et moyen et d'éviter le risque de transmission de ces maladies. Il nous a fait savoir dans le même sillage que des équipes médicales seront mobilisées au niveau de tous les établissements éducatifs concernés par l'opération et que l'élève est tenu de rapporter son livret de santé avant l'opération de vaccination pour permettre aux médecins de connaître son état de santé. Mais le responsable insistera sur l'absence de risque. «Il n'y a aucune crainte à avoir de ce vaccin. Comme pour chaque vaccin, il peut y avoir des manifestations indiscernables telles que la fatigue, la fièvre et la diarrhée. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter», a-t-il affirmé. L'orateur nous a indiqué que ce vaccin n'est pas obligatoire mais il est recommandé pour protéger davantage les enfants. «Notre objectif pour 2019 c'est de lutter définitivement contre la rubéole et la rougeole», a-t-il indiqué. Concernant les rumeurs qui écument les réseaux sociaux et selon lesquelles le vaccin aurait déjà fait des victimes, notre interlocuteur nous dira que le ministère a demandé un conseil juridique pour étudier s'il y a lieu, ou possibilité, d'entamer des poursuites judiciaires à l'encontre de personnes et comportements qui portent atteinte à la santé des citoyens et sèment le doute autour de cette campagne de vaccination. M. Belkacem a fait savoir que plus de 50 000 enfants sont atteints chaque année de la rougeole. Pour rappel, la rougeole, maladie souvent mortelle chez le nourrisson, a connu, grâce au programme élargi de vaccination, un net recul en Algérie depuis l'introduction, en 1986, de la vaccination obligatoire contre cette maladie. En effet, le nombre de cas de rougeole est passé de plus 20 000 en 1996 à un peu plus de 15 000 en 2003, pour baisser ensuite de façon significative à moins de 100 cas sporadiques par an, ces dernières années. Cependant, tout relâchement dans la vaccination expose au risque de résurgence de cette maladie sous forme de flambées épidémiques comme cela a été récemment le cas en Europe et aux Etats-Unis. Quant à la rubéole, il s'agit d'une infection virale contagieuse qui touche le plus souvent les enfants et les adultes jeunes. Elle devient redoutable chez la femme enceinte où le risque de transmission du virus au fœtus est de 90% avec pour conséquences une fausse couche, un mort-né ou de graves malformations congénitales appelées «syndrome de rubéole congénitale» : malformations cardiaques, neurologiques ou oculaires, déficience auditive et/ou retard de croissance. Les objectifs de cette campagne nationale de vaccination par le vaccin combiné contre la rougeole et la rubéole sont de consolider le taux de couverture vaccinale à plus de 90%, rattraper les enfants et les jeunes adolescents incomplètement vaccinés, renforcer la protection collective contre la rougeole et la rubéole, et interrompre le risque de transmission de ces deux maladies contagieuses et graves. Le ministère de la Santé a précisé que cette campagne de vaccination sera engagée conformément aux recommandations de l'OMS et à l'avis du comité technique des experts de la vaccination. De son côté, le directeur de la prévention et de la promotion de la santé au ministère, le Pr Smaïl Mesbah, a affirmé que les vaccins du calendrier national sont «sûrs et conformes aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)». Le Pr Mesbah qui animait, hier, une conférence de presse en présence du représentant de l'OMS en Algérie, Bah Keita, et du directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie, Zoubir Harrat, a insisté sur l'impératif de vacciner les enfants âgés entre 6 et 14 ans contre la rougeole et la rubéole. M. Bah Keita précisera, lui, que l'Algérie importait ses vaccins des laboratoires recommandés par l'OMS sur la base de leur «innocuité». Mais il conseillera cependant «de ne pas vacciner les enfants atteints d'hémopathie ou d'insuffisance rénale, dialysés ou sur le point de subir une intervention chirurgicale». M. Harrat renchérira en indiquant que 7 millions de doses de vaccin avaient été soumises à des tests d'innocuité et de contrôle qualité par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques avant leur distribution aux unités de médecine scolaire. Quant aux formulaires distribués au niveau de certains établissements scolaires demandant aux parents leur accord pour la vaccination ou non de leurs enfants - demande qui a été perçue par les parents comme une «décharge», ce qui a conforté leurs suspicions quant à l'innocuité du vaccin - le responsable dira que le ministère n'a pas distribué de tels formulaires, ajoutant que «le seul document requis est le carnet de santé de l'enfant». Les ministères de la Santé, et de l'Education ont mobilisé pour cette campagne de vaccination 5 000 médecins et 8 000 paramédicaux au niveau de 1 800 unités de médecine scolaire à travers le territoire national. F. O.