Nouveau rebondissement dans la question sahraouie. En effet, le Conseil de sécurité de l'ONU a inscrit la question du Sahara occidental à l'agenda de sa réunion prévue aujourd'hui, pour examiner la mise en œuvre de la résolution 22 85 portant notamment sur la relance des négociations entre le Front Polisario et le Maroc, selon des proches du dossier. Le dossier du Sahara occidental sera évoqué lors de cette réunion à huis clos à la demande de l'Uruguay, membre non-permanent du Conseil onusien, a-t-on fait savoir de même source, citée par l'APS. Il est question d'aborder l'application de la résolution 22 85 de 2016 qui prévoit l'engagement d'un cinquième round des négociations et le retour du personnel de la Minurso expulsé par le Maroc. La réunion intervient à la veille d'importantes échéances politiques notamment celles concernant le renouvellement du mandat de la Minurso et la publication du rapport du Secrétaire général de l'ONU sur le Sahara occidental, prévus le mois prochain. Elle survient quelques jours après le déplacement du président sahraoui, Brahim Ghali, à New York où il a eu des discussions approfondies avec le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sur le blocage du processus de paix. Le retour du personnel de la Minurso sera au centre des discussions du Conseil de sécurité, la mission onusienne n'a pas encore atteint sa pleine fonctionnalité en raison des mesures de rétorsion imposées par le Maroc, alors que le Conseil de sécurité est appelé en avril à renouveler son mandat. Le département des opérations de maintien de la paix de l'institution onusienne s'est dit en février préoccupé par le sort du personnel de la Minurso en affirmant que ce blocage affectait le travail de cette mission onusienne. Dans une lettre envoyée à Dimitri Samars, président de la Fédération des fonctionnaires internationaux des Nations Unies (Uniserv), le chef de ce département, Hervé Ladsous, a indiqué qu'aucune solution permettant le retour du personnel expulsé par le Maroc n'a été trouvée. Il ne fait aucun doute que cette situation impacte directement et d'une façon significative chaque membre du staff de la mission ainsi que le développement de leur carrière professionnelle et nuit au travail de la Minurso, alors qu'elle essaye de faire face à plusieurs problèmes politiques, opérationnels et de logistique, en évolution avait, alors, averti M. Ladsous. Par ailleurs, après le report, hier, de la conférence du partenariat Union africaine-Nations Unies qui devait se tenir à Dakar, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a indiqué, hier, que «le Maroc a encore une fois échoué à empêcher la participation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) après son échec au sommet de Malabo». La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) qui a confirmé, hier, le report de la conférence, a indiqué avoir pris cette décision après avoir reçu l'avis juridique de la Commission de l'Union africaine qui réfute les allégations marocaines et soutient la position de la République sahraouie. Le report intervient également après que la CEA ait reçu des arguments juridiques présentés par la Commission de l'UA et la plupart des organes africains qui soutiennent la participation de la République sahraouie à cette réunion en sa qualité de membre à part entière de l'UA. En outre, lors de sa réunion, hier, le Conseil des ministres sahraoui a salué la récente décision du Conseil de l'Union africaine pour la paix et la sécurité (CPS) sur la question sahraouie, dans laquelle il a appelé à l'engagement immédiat de pourparlers directs et sérieux, sans conditions préalables pour surmonter l'impasse actuel qui bloque le règlement du conflit au Sahara occidental, affirmant qu'il reste activement saisi de la question. Le Conseil des ministres sahraoui, réuni sous la présidence du président, Brahim Ghali, a souligné que la récente décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) concernant les développements de la cause sahraouie est «une victoire et un succès pour la cause sahraouie», indiquant que l'absence du Maroc de la réunion du CPS de l'UA et son opposition à la participation de la RASD à la réunion des ministres des finances à Dakar, «reflètent les véritables intentions du régime contre l'unité et l'harmonie de l'Union africaine». Le CPS avait exprimé lors de sa réunion tenue le 20 mars 2017 à Addis-Abeba dans la capitale Ethiopienne sa préoccupation face à l'échec de tous les efforts visant à trouver une solution au conflit au Sahara occidental, appelant la Commission de l'UA à ouvrir immédiatement un Bureau de l'UA à Laâyoune, au Sahara occidental occupé. Le CPS a, en outre, décidé de renforcer le mandat de l'ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, nommé Haut représentant de l'UA pour le Sahara occidental, avec pour mandat de faciliter des pourparlers directs entre la Rasd et le Maroc ainsi que de mobiliser les efforts nécessaires de l'Afrique et de l'ONU à cet effet. Le CPS a annoncé, dans son communiqué à l'issue de sa réunion sur la situation au Sahara occidental, la première du genre depuis l'adhésion du Maroc à l'UA, la réactivation du Comité ad hoc des chefs d'Etat et de gouvernement sur le conflit au Sahara occidental, créé en application de la résolution adoptée lors de la 15e session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation pour l'union africaine (OUA), qui s'est tenue à Khartoum (Soudan) du 18 au 22 juillet 1978. Le CPS a également rappelé les dispositions pertinentes de l'article 4 de l'Acte constitutif de l'UA qui évoque, entre autres, le règlement pacifique des conflits entre les Etats membres de l'organisation africaine, soulignant qu'il est impératif d'engager immédiatement des pourparlers directs et sérieux entre le Front Polisario et le Maroc, sans conditions préalables et conformément à l'article 4 dudit Acte constitutif. Le Conseil a regretté l'absence du Maroc lors de cette réunion, un premier test «raté» par Rabat, selon le chef de la diplomatie sahraouie. Par la même occasion, le CPS a lancé un appel aux Nations unies et à l'ensemble de la communauté internationale pour qu'elles apportent son plein appui aux efforts africains visant à surmonter l'impasse actuel dans le processus de règlement du conflit au Sahara occidental, soulignant qu'il a décidé d'examiner régulièrement la situation au Sahara occidental, sur la base de mises à jour et des recommandations fournies par le président de la Commission de l'UA et le Haut représentant de l'UA pour le Sahara occidental. Le CPS a décidé également d'effectuer une mission sur le terrain au Sahara occidental en cours d'année 2017, indiquant qu'il attend avec intérêt le renouvellement du mandat de la Minurso qui prendra fin le 30 avril prochain. Le CPS a, dans ce sens, exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à prendre les mesures nécessaires pour que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions, afin qu'elle supervise efficacement l'accord de cessez-le-feu et d'éviter la reprise des violations. Et, de demander, à cet effet, au Conseil de sécurité d'attribuer à la Mission un mandat en matière de droits de l'Homme, en tenant compte de la nécessité d'en assurer un suivi indépendant et impartial dans les territoires occupés. «Le Conseil demande également au Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme de prendre les mesures appropriées à cet égard», selon le document, appelant, en outre, la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples (Cadhp) à entreprendre, dans les meilleurs délais possibles, une mission au Sahara occidental, afin d'évaluer la situation des droits de l'Homme et de formuler des recommandations au Conseil, sur la base des résultats de sa visite dans la région en septembre 2012. A cet égard, le Conseil exhorte les deux Etats membres à coopérer pleinement avec la mission de la Cadhp. A. B.