L'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris (Imgmp) a adopté un document sans précédent dans l'histoire du culte musulman en France. Qualifié de texte fondateur qui définit et décrit pour la première fois le respect et la pratique en France de la dernière religion révélée, il est présenté comme la «Proclamation de l'Islam en France», l'écrit «de clarification de leurs droits et devoirs dans leur foi» pour les croyants. L'Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris (Imgmp) a adopté un document sans précédent dans l'histoire du culte musulman en France. Qualifié de texte fondateur qui définit et décrit pour la première fois le respect et la pratique en France de la dernière religion révélée, il est présenté comme la «Proclamation de l'Islam en France», l'écrit «de clarification de leurs droits et devoirs dans leur foi» pour les croyants. Rendu public par l'hebdomadaire Le Point et confirmé par la Grande Mosquée de Paris, le document a été adopté mardi dernier à l'issue d'une réunion de travail regroupant, notamment, le recteur de la Mosquée, le docteur Dalil Boubakeur, son conseiller spécial, Amar Dib, le vice-président du Conseil français du culte musulman (Cfcm) qui représente l'Imgmp au sein de cette institution, et Slimane Nador, responsable de la communication. Résultat d'une longue réflexion et de plusieurs séances de travail, la Proclamation comporte un préambule suivi par 25 recommandations précisant la place de l'Islam en France et les droits et devoirs du croyant. Dans le préambule, la Grande mosquée de Paris affirme «qu'il est de son devoir d'accompagner les Français de confession musulmane sur leur chemin spirituel» et se déclare «soucieuse de la montée en puissance, au sein de la société française et parmi tout un pan de ses élites politiques, médiatiques et intellectuelles, d'une extrême diabolisation de la minorité musulmane : l'islamophobie». Elle va jusqu'à s'alarmer «du fait que l'islamophobie et l'islamo-psychose soient de nos jours assurément comparables en gravité à l'antisémitisme de la fin du XIXe siècle». L'institution religieuse fustige également la création de la Fondation de l'islam de France que dirige Jean-Pierre Chevènement. En des termes sans équivoques la Proclamation «condamne la tendance actuelle à vouloir désigner des autorités de tutelle, n'étant pas de confession musulmane, aux fins d'encadrer avec paternalisme l'expression du fait religieux musulman dans la société française, ceci au mépris de la liberté religieuse et de la séparation des églises et de l'Etat». S'inquiétant ensuite «de la montée en puissance, au sein de la communauté musulmane française, d'une interprétation erronée de l'Islam…», la Grande Mosquée de Paris avance trois constats : «les prêcheurs de cette lecture égarée de l'islam son marginaux»; les trois quarts des croyants «vivent déjà dans un islam paisible tolérant, bienveillant, républicain et laïc»; que cette «immense majorité […] est demandeuse d'un texte de clarification de leurs droits et devoirs dans leur foi». Ce texte tient d'emblée à affirmer des évidences de base, comme : «L'islam en France n'est ni un nouvel islam, ni une innovation. L'islam en France est simplement la clarification du dogme au regard des réalités d'aujourd'hui.»; «La France n'est pas une terre d'Islam : elle est une terre où coexistent plusieurs religions, dont l'islam, ainsi que des habitants qui sont athées ou agnostiques. Dans ce contexte, tout musulman doit évidemment respecter les valeurs et les lois de la République française. Par exemple, puisque le blasphème et la caricature religieuse sont autorisés par la loi française, l'on peut s'en déclarer blessés, offensés mais il ne faut pas exiger leur interdiction ni réagir par la violence. Plus largement, bien évidemment, nul musulman n'a le droit d'exiger que la France modifie ses valeurs et ses lois pour convenir à sa propre foi, tout comme nul chrétien, nul juif, nul athées, nul agnostique, n'en a le droit.» Les 22 autres points de la Proclamation constituent un guide pour le musulman-citoyen en France «qui doit prendre garde à ne pas chercher sa culture religieuse auprès de sources, de prédicateurs, de prêcheurs télévisuels, qui ne sont pas reconnus par les savants les plus respectés de la communauté». Le recours à la violence est rejeté et «les criminels qui se prétendent djihadistes sont des usurpateurs impies du djihad et, par voie de conséquence, des usurpateurs impies de l'islam, qui est la religion de la paix». Le principe du respect de laïcité est expliqué, comme son recommandés, notamment, «le devoir d'être miséricordieux», «le devoir de solidarité», «le devoir de cultiver sa connaissance des sciences», et les positions à avoir vis-à-vis du voile, de la chasteté, de la pudeur, du halal, etc… M. M.