La visite en Algérie de la Haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, à l'invitation du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, est un événement économique et politique à la fois, les deux plans se juxtaposant, voire se confondant, dans la qualité des relations et la prise de décision. Et ce sont les relations entre l'Algérie et le bloc européen, qui sont liés par un accord commercial et économique, et les décisions en découlant que les deux parties vont débattre. Pour l'Algérie, la visite de Mme Mogherini devra permettre d'approfondir les discussions sur les voies et moyens d'une concrétisation effective des mesures d'accompagnement arrêtées dans le cadre de l'évaluation conjointe de la mise en œuvre de l'Accord d'association, en vue de corriger l'asymétrie structurelle le caractérisant. En termes moins diplomatiques, Alger entend amener l'UE à corriger l'injuste application de l'Accord dont elle a tiré tous les profits, ne laissant que des miettes au prétendu partenaire algérien. Il est vrai que nous n'avons pas su négocier au mieux cet Accord, notamment dans le volet des abattements tarifaires et de la suppression des barrières douanières, mais, de leur côté, les Européens n'ont également pas respecté les engagements concernant l'accès à leur marché et la mobilité des personnes et des biens, principalement. Ce flagrant déséquilibre à la défaveur de l'Algérie a été dénoncé par de nombreux responsables algériens, à leur tête, le Président en personne. Aussi, l'Etat algérien a-t-il demandé une révision de cet inique Accord. L'Union européenne a finalement accédé à la demande algérienne, ce qui a abouti à l'adoption, le 13 mars dernier, lors de la tenue de la 10e session du Conseil d'association, à Bruxelles, des documents portant sur l'évaluation conjointe de la mise en œuvre de l'Accord d'association et la définition des priorités communes de partenariat au titre de la Politique européenne de Voisinage (PEV) révisée, dans le cadre d'une approche stratégique globale mutuellement bénéfique intégrant les dimensions humaines, les relations politiques, la sécurité et le développement. Ce rééquilibrage de l'Accord constituera le point nodal des discussions Lamamra - Mogherini qui vont également échanger leurs vues concernant leurs positions respectives par rapport aux situations en Libye, au Mali, au Sahel et au Sahara occidental, positions qui n'ont pas toujours été très claires, voire condamnables, chez Bruxelles et/ou certains pays de l'UE, où les intérêts bassement commerciaux ont primés sur la justice et le droit des peuples. H. G.