La haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini sera aujourd'hui en Algérie. L'ordre du jour de la visite portera sur l'évaluation de l'accord d'association et l'examen de la coopération bilatérale entre Alger et Bruxelles. Seront abordés aussi les relations bilatérales entre l'UE et l'Algérie, la migration et le volet sécuritaire. Pour rappel, l'Algérie a saisi la haute représentante de l'UE pour demander officiellement l'ouverture de discussions sur une évaluation conjointe de la mise en œuvre de l'accord d'association signé entre les deux parties en 2002 et mis en œuvre en septembre 2005. La démarche d'évaluation réclamée par l'Algérie « ne vise nullement à remettre en cause l'accord d'association, mais à l'utiliser pleinement dans le sens d'une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération », assure une source proche du dossier. Dix ans après son entrée en vigueur, l'accord d'association n'a pas permis d'atteindre les résultats escomptés par la partie algérienne. « Dans ce partenariat, l'Algérie a donné plus qu'elle n'a reçu. L'évaluation s'impose », avait déclaré en juin dernier, à Bruxelles, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, lors d'une conférence de presse animée à l'issue de la 9e session du conseil d'association Algérie-UE. Depuis la conclusion de cet accord, la position commerciale de l'UE n'a eu de cesse de se renforcer au détriment de l'économie nationale. En 2010, cette situation a amené le gouvernement algérien à procéder au gel unilatéral des concessions tarifaires accordées à l'UE en vertu de l'accord d'association. Après huit rounds de négociations, un compromis sur le report de la zone de libre-échange, prévue en 2017, à 2020 a été trouvé. Cependant, la tendance à l'accroissement du déficit commercial hors hydrocarbures s'est poursuivie, en témoigne les chiffres des sept premiers mois de 2015. Sur 30,560 mds de dollars d'importations globales de l'Algérie, 15,67 mds proviennent de l'UE, soit 50,62%, selon la direction générale des Douanes. En même temps, un faible stock d'afflux des investisseurs de l'UE vers l'Algérie a été constaté. Selon les données de l'Andi, seuls 316 projets d'une valeur de 7,7 mds d'euros ont été réalisés par des investisseurs européens durant la période allant de 2002 à 2014. Selon la même source, l'adoption du plan d'action relatif à la politique européenne de voisinage (PEV), en cours de discussions, est subordonnée à l'avancement des discussions sur l'accord l'accession à l'OMC. Dans le cadre de la PEV, l'Algérie a insisté sur des liens de voisinage respectueux de la souveraineté, de l'égalité des partenaires et des intérêts face aux défis communs de développement et de sécurité dans la région, œuvrant pour la consécration des principes de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures, de l'équilibre des intérêts dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant. Au titre de la coopération financière, l'UE reste le premier bailleur de fonds avec une allocation totale, toutes subventions confondues, depuis les années 1980, avoisinant le milliard d'euros. Mais, dans la nouvelle programmation budgétaire (2014/2017), l'Algérie ne bénéficie que de 120 à 148 millions d'euros, contre 890 millions pour le Maroc et 246 millions pour la Tunisie. L'Algérie n'a pas caché son « insatisfaction suite à cette dotation inappropriée » par rapport aux objectifs fixés par les deux parties en plus d'avantages comparatifs de l'Algérie en tant que fournisseur de gaz (14% de la consommation européenne) et d'acteur majeur de maintien de la paix et de la sécurité dans la région. La visite de Federica Mogherini sera également l'occasion de signer trois conventions de financement dans le cadre de la coopération bilatérale dans les domaines d'appui à la justice et à la formation-emploi.