C'est dans cinq jours, c'est à dire dimanche prochain au soir, après avoir voté durant la journée, que les Français connaitront les deux candidats, sur les onze en course, qui resteront en lice pour prétendre devenir président de la République le 7 mai, deuxième tour de l'élection C'est dans cinq jours, c'est à dire dimanche prochain au soir, après avoir voté durant la journée, que les Français connaitront les deux candidats, sur les onze en course, qui resteront en lice pour prétendre devenir président de la République le 7 mai, deuxième tour de l'élection. Pour dire que la campagne électorale présidentielle, longue, fastidieuse, parfois nauséabonde, qui sera close vendredi à minuit, est engagée dans son dernier sprint avec des postulants à la finale qui tentent de convaincre les hésitants et les indécis d'abord à voter ensuite à glisser dans l'urne le bulletin qu'ils souhaitent chacun en sa faveur. D'abord à voter car l'une des caractéristiques de la présidentielle à J-5 est que le taux d'abstention est annoncé comme record, entre 32 et 35 % des électeurs qui bouderaient les urnes. Les trois raisons qui risquent de faire des abstentionnistes le premier parti politique de France est la déception ressentie vis-à-vis d'une campagne qui a consacré dans les débats peu de place aux problèmes essentiels qui préoccupent la population, les «affaires» qui ont éclaboussé François Fillon, surtout, et Marine Le Pen, et le sentiment du «tous pourris», les candidats promettant une chose et une fois au pouvoir reniant leurs engagements. Et de citer en exemple à la fois Nicolas Sarkozy et François Hollande Ce qui frappe autant, sinon plus, est que cette 9e élection présidentielle française au suffrage universel direct (la première remonte à 1965) est marquée par une indécision sans précédent. A peu de jours du scrutin du premier tour, les pronostics et les sondages sont dans l'impossibilité d'avancer avec la moindre des certitudes ou des hypothèses sur les noms des deux favoris. Il y a quelques mois, l'affaire été pliée. C'était le Républicain (LR) Fillon, de la droite et du centre, malgré un programme terrible, comme la retraite à 65 ans, la semaine de travail passant de 35h à 39 h, 500 000 postes de fonctionnaires à supprimer, +2% à la TVA, qui était favori haut la main dans la course à l'Elysée, avec comme adversaire la candidate de l'extrême droite, sans qu'elle ait la moindre chance de se faire élire. Mais voilà que l'ancien Premier ministre s'empêtre dans des affaires de détournements de fonds publics, stagne, recul dans les sondages, et se fait doubler par l'atypique candidat «ni de droite gauche», Emmanuel Macron qui a quitté François Hollande et son ministère de l'Economie pour tenter «son» aventure. Macron-Le Pen au second tour ? Non, les Français dans un climat de crise politique brouillent les cartes. Fillon, malgré son discrédit chute mais tient bon à 17-19% des intentions de vote. Pour le socle dur de la droite, l'idéologie avant tout ! Mais voilà, alors que le socialiste Benoît Hamon, trahi par une partie des siens, comme Manuel Valls, ex-Premier ministre, et Yves Le Drian, ministre de la Défense, dégringole dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon, le laissé pour compte des médias, candidat de «La France Insoumise», prétendant défenseur de la veuve et de l'orphelin, soutenu par la gauche non caviar et les communistes, bouscule l'ordre établi et la hiérarchie chers aux dominants du système. Grâce à une bonne campagne et a ses qualités de tribun, il grimpe dans les sondages et s'invite dans l'échappée qui de trois, passe à quatre. Devant cette situation aussi inédite qu'imprévue, la droite et les socio-libéraux perdent leur sang-froid. Ils tirent à boulets rouges sur Mélenchon avec des arguments éculés, caricaturant son programme économique et social, le qualifiant de communiste voulant faire de la France un Cuba et faire défiler l'Armée rouge (qui n'existe plus !), sur la Place de la Concorde. Etonnamment, même Hollande est sorti dimanche de sa réserve, dérogeant à sa règle de non intrusion dans le 1er tour de l'élection pour discréditer sèchement Mélenchon. A-t-il eu des sondages secrets de la Direction des renseignements intérieurs (Dgsi) qui installent plus haut celui avec qui il ferraillait au Parti socialiste ? Aux derniers sondages publics, Mélenchon dépasse même Fillon. Ceux-ci, qui sont réalisés chaque jour, convergent pour placer en tête Macron et Marine Le Pen, autour de 24-22%, puis Mélenchon et Fillon entre 21 et 19%. Tenant compte des marges d'erreurs, jusqu'à 3,7%, sur lesquels insistent les instituts de sondages mais que la presse française omet volontairement de rappeler souvent, les 4 prétendants à la magistrature suprême sont dans un mouchoir de poche. Et tenant également compte que 4 français sur 10 qui iront voter n'ont pas arrêté définitivement leur choix, le suspense est total. Sauf, sauf si les sondages sont à côté de la plaque, dribler par des sondés «malins». Les exemples du Brexit et de l'élection de Donald Trump sont là pour inciter à la prudence et accorder une crédibilité toute relative aux sondages. A preuve du contraire. M. M.