A deux jours du premier tour de la présidentielle française, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon restent en tête des sondages. La France peut vivre un tournant dans son histoire. Le tribun de la gauche radicale ne cesse de monter en force et crée la surprise. A deux jours du premier tour de la présidentielle française virant à un imprévisible «match à quatre», les onze candidats se sont retrouvés hier soir pour un dernier round télévisé, tous décidés à convaincre les nombreux indécis et abstentionnistes. Les concurrents avaient chacun environ 15 minutes d'antenne pour s'exprimer. C'était leur dernière grande tribune médiatique avant la clôture officielle, aujourd'hui à minuit, d'une campagne à multiples rebondissements et à un niveau de suspense inédit. Quatre candidats sont en position de se qualifier pour le second tour et comptent bien marquer des points, à l'heure où les choix des électeurs se déterminent : la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, le centriste Emmanuel Macron, le conservateur François Fillon et le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. M. Macron et Mme Le Pen sont à l'heure actuelle donnés en tête des intentions de vote, suivis de près par M. Fillon et M. Mélenchon, et le sprint final sera d'autant plus serré que les pronostics des sondages pour le premier tour se situent dans la marge d'erreur. «Avec au moins entre 20 à 25% d'indécis parmi les gens certains d'aller voter, ces trois derniers jours sont ‘‘le'' moment de cristallisation pour près de 10 millions d'électeurs», observe Chloé Morin de la Fondation Jean-Jaurès, un groupe de réflexion socialiste. Le président sortant, François Hollande, a de son côté appelé hier «tous les Français à aller voter», à trois jours du premier tour, alors que les sondages prédisent un taux d'abstention supérieur à 25%. Le Conseil représentatif des institutions juives de France a également recommandé hier à «chaque Juif de France inscrit sur les listes électorales» de voter dimanche, «car s'abstenir c'est faire le jeu de l'extrême droite et de l'extrême gauche». Chaque prétendant cherche désormais à imprimer de sa marque les dernières heures de la campagne. Mme Le Pen a musclé son discours sur les thématiques traditionnelles de son parti, l'immigration et la sécurité. Et d'affirmer qu'elle serait «en tête» dimanche au soir du premier tour, assurant sentir «une incroyable mobilisation» de ses électeurs. Réseaux Alors qu'un projet d'attentat «imminent» a été déjoué lundi, Emmanuel Macron s'est présenté comme le seul à même «d'assurer la sécurité» des Français. Le candidat de 39 ans a par ailleurs reçu un «appel amical» de l'ancien président américain, Barack Obama, pour évoquer «l'importante élection présidentielle à venir en France», selon le porte-parole de ce dernier, qui a précisé que ce coup de fil ne valait pas soutien au candidat centriste. François Fillon, lui, est déterminé à faire mentir ceux qui l'avaient enterré après les révélations, fin janvier, sur des emplois fictifs présumés attribués à sa famille et payés sur les deniers publics, qui lui valent une inculpation. Dans ses derniers meetings, il n'a eu de cesse de marteler que la présidentielle se jouerait dans les derniers jours de campagne, même si son image de sérieux et de probité a été brouillée et sa légitimité contestée jusque dans son propre camp. Le conservateur s'est efforcé toute la semaine de montrer l'unité d'une droite qui a frôlé l'implosion. Il cherche aussi à tirer avantage de la récente percée de l'antieuropéen et antimondialiste Jean-Luc Mélenchon, dont le profil inquiète les électeurs de droite, appelés à serrer les rangs face à la menace «communiste». M. Mélenchon, qui a réussi à le rattraper dans les intentions de vote grâce à une campagne atypique sur les réseaux sociaux et sur le terrain, s'est exprimé en premier hier soir, tandis que M. Fillon a fermé le bal. Sur la chaîne publique France 2, les candidats ont abordé les thèmes du pouvoir d'achat, du chômage, de la politique internationale et de l'Europe. Chacun a eu également «une carte blanche» sur un sujet de son choix. Aujourd'hui marquera la dernière journée de campagne. Emmanuel Macron sera à Rouen (nord-ouest) puis à Arras (nord). Jean-Luc Mélenchon participe à Paris à des «apéros insoumis», auxquels doit prendre part le leader de la gauche radicale espagnole, Pablo Iglesias (Podemos). François Fillon participera lui à une randonnée à Chamonix, dans les Alpes. Pour sa part, Marine Le Pen garde encore le mystère.