Les plasticiens Midou Dambri et Rafik Nahoui présentent leur exposition «Altitude 122,78» dont le titre représente l'altitude exacte de la gare ferroviaire de la ville Le concept innovateur des deux artistes algériens, Midou Dambri et Rafik Nahoui, fait escale depuis quelques jours à la gare ferroviaire de la gare de Biskra, avec l'exposition intitulée «Altitude 122,78» qui se poursuivra jusqu'au 25 avril prochain. Il est précisé dans la présentation de l'exposition que 122,78 désigne l'altitude exacte de la gare ferroviaire de la ville de Biskra. «L'Altitude est un paramètre géographique très important qui sert à repérer ou à se localiser dans le monde. Gagner de l'altitude, c'est prendre du recul, ce qui nous permettra de mieux voir les choses telles qu'elles sont et nous réconcilier avec nous-même et ce qui nous entoure loin des soucis du quotidien», indique-t-on. A propos du choix du lieu, Rafik Nahoui écrit sur sa page personnelle «que ce n'est pas juste une exposition artistique pour réunir des intellos autour d'une œuvre et parler de la solitude de l'artiste. Mais il y a aussi des gens normaux comme vous et moi qui venons parler des choses de tous les jours, de la nostalgie de l'histoire de la gare de Biskra de leurs familles et du temps où il y avait plus de trois trains qui allaient vers Constantine à des heures vraiment adéquates à la vie du citoyen biskri. Il travaillait, étudiait ou avait de la famille là-bas». L'artiste précise que «maintenant, il y a un seul train qui démarre de Biskra l'après-midi vers Constantine et personne ne le prend à part quelques passagers et les travailleurs de la SNTF. Encore pire que ça, il y a des gens qui nous posent la question : est-ce qu'il y a le train des passagers ?» L'artiste souligne ainsi dans ce sillage que «c'est ça la symbiose entre l'art et l'endroit, et l'utilité concrète de l'art dans la vie, ça sert à discuter. C'est ça : full-contact». Full-contact est l'intitulé de la première exposition du duo d'artistes, organisée l'année dernière au cœur des ksours de la déchra de Lichana également à Biskra. Full-contact est un concept d'exposition indépendant qui vise à faire vivre une expérience visuelle à travers le lieu même atypique d'exposition. Ainsi la singularité de l'endroit, c'est l'intégration du visiteur dans l'ambiance de l'exposition pour lui faire vivre une expérience hors du commun. Ce concept original plonge le visiteur dans le monde de l'art et lui permet d'apprivoiser l'espace artistique grâce à un contact direct avec des œuvres qui déclenchent des émotions indescriptibles et amener ainsi les gens à communiquer. Rafik Nahoui confie dans un entretien qu'il a accordé au site web Thakafat qu'il estime que «l'art est une forme de délivrance. C'est un mariage d'amour et non un mariage de raison où l'on est en communion sans contrepartie. J'utilise plusieurs techniques et formes artistiques pour ne pas me contraindre dans une seule catégorie et ainsi, avoir une plus grande liberté d'expression artistique». Invité à présenter une des œuvres présentes à cette exposition atypique, il opte pour «Geronimo», un collage. Il explique ce choix en précisant qu'elle retrace l'histoire du colonialisme qu'a vécue l'Algérie et qui est toujours d'actualité. Les pièces du collage sont juxtaposées et espacées sur un fond blanc qui laisse penser à la paix, mais au vide aussi. L'artiste confie que ce tableau est un voyage à la fois historique et visuel à travers l'histoire de l'Amérique, le tout englobé dans le personnage de Geronimo, un amérindien Apache, reconnu et respecté pour son courage et son combat acharné contre l'occupation mexicaine et américaine. Chose qui fait de lui un personnage très marquant dans l'histoire du peuple amérindien et même américain. Rafik Nahoui a également abordé sa vision de la nouvelle scène algérienne. «Je pense qu'il y a vraiment une nouvelle scène artistique qui émerge en Algérie. Je connais beaucoup de jeunes artistes algériens qui débordent de talent, chose que je respecte énormément car il faut être courageux pour faire de l'art en Algérie. L'art n'est pas un sprint ou un passe-temps mais une course d'endurance qui requiert beaucoup d'énergie et de réflexion», dira-t-il. S. B.