Destiné à assurer un meilleur accès aux marchés dans un contexte économique mondial extrêmement difficile et compétitif, le cluster qui a prouvé sa réussite dans plusieurs pays développés fait ses premiers pas en Algérie. Jusque-là, seulement six) clusters industriels sont créés dans différents secteurs notamment l'agroalimentaire, le numérique et la mécanique. Conscient que les clusters sont, dans l'état actuel de la législation, limités dans leurs actions, le gouvernement algérien vient d'étoffer l'arsenal juridique régissant les pôles de compétitivité avec notamment la promulgation de la nouvelle loi sur les PME et celle relative à la qualité Le monde entier s'est engagé dans une compétition pour soutenir et développer les meilleurs clusters. Le Canada parle de grappes ou de créneaux, la France de «pôles de compétitivité», l'Allemagne de Kompetenznetze, l'Italie de districts industriels… mais derrière ces différentes appellations, il s'agit bien pour tous ces pays de construire des avantages concurrentiels en stimulant le développement d'un ensemble d'entreprises liées à un domaine et à un territoire donnés. L'Algérie qui œuvre à relancer sa production industrielle et augmenter ses exportations hors hydrocarbures s'est, quant à elle, orientée vers la création de clusters dans plusieurs filières. Destiné à assurer un meilleur accès aux marchés dans un contexte économique mondial extrêmement difficile et compétitif, le cluster qui a prouvé sa réussite dans plusieurs pays développés est ainsi en voie de développement en Algérie. Jusque-là, six clusters industriels ont fait leur apparition dans différents secteurs notamment l'agroalimentaire, le numérique et la mécanique. Officiellement créé le 24 février 2015, le Cluster Boissons Algérie est le premier de ce genre de groupement d'intérêt commun. Ce cluster a été le fruit du travail d'un collectif dans le cadre de la coopération algéro-allemande. Des clusters existant déjà pour les filières tomate industrielle, dattes… Dénommé Groupement d'intérêt économique Cluster boissons Soummam (GIE-CBS), ce cadre est domicilié au Centre de facilitation de Béjaïa, dont les statuts le destinaient à juste titre à abriter cet ensemble d'acteurs économiques et les acteurs institutionnels (Andi, Aniref, Dipmepi, laboratoires du Cacque...), ainsi que l'université de Béjaïa. Le Cluster boissons Soummam compte 8 grandes entreprises à savoir Cevital, Général Emballage, Tchin-Lait, Ifri, Saïda, Mami, le port de Béjaïa, la SNTR. Ces membres peuvent bénéficier des commodités du port de Béjaïa, d'une simplification des procédures commerciales. Selon Mourad Bouattou, président du groupement Cluster Soummam boissons, «les entreprises algériennes doivent entrer de plain-pied dans cet univers, où le regroupement des entreprises font légion». Grâce au cluster, «les entreprises membres peuvent faire des achats groupés, ce qui leur permet de réduire les coûts de leurs importations de matières premières et demi-produits », selon M. Bouattou qui estime qu'«il faut maintenant aller vers l'exportation et c'est l'un des objectifs principaux du cluster». Au Cluster boissons s'ajoute celui des TIC. C'est en novembre 2015, qu'il a été ainsi créé le cluster numérique dont l'objectif est de fédérer les efforts et poser en commun les problèmes des entreprises algériennes du secteur des technologies de l'information et de la communication. Selon le président du groupement des opérateurs TIC, Ahmed Mehdi Omarouayache, «l'initiative de création du cluster numérique est partie d'un consensus entre plusieurs acteurs de ce domaine qui ont senti le besoin de se regrouper pour développer l'économie numérique en Algérie, de rassembler certains efforts et d'être également une force de proposition grâce à cette union». Hébergé au Cyberpark de Sidi-Abdellah, le cluster TIC regroupe 32 entités, dont une vingtaine d'entreprises publiques comme Algérie Télécom, Mobilis, et d'autres privées, comme Condor ainsi que des start-up actives dans le domaine du web, du développement des logiciels, de la production électronique et de la géo-localisation. En janvier 2017, un autre groupement d'entreprises a été créé. Il s'agit du cluster mécanique de précision qui renferme les donneurs d'ordre, les sous-traitants, les centres de recherche et universités ainsi que l'associatif (bourses de sous-traitance, chambres de commerce et associations professionnelles). Selon Adel Bensaci, président du cluster mécanique de précision, ce regroupement d'entreprises espérait offrir une alternative locale aux cinq milliards de dollars de pièces de rechange importées par l'Algérie annuellement. Une réflexion en cours pour la création d'un cluster pharmaceutique A ces trois regroupements devrait s'ajouter le cluster pharmaceutique. Une réflexion autour de la création de ce cluster à Constantine est actuellement en cours, selon le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslem Bouchouareb qui estime que Constantine est devenue «un pôle d'industrie pharmaceutique d'où la nécessité de développer d'avantage ce créneau à travers la réalisation d'un cluster pour appuyer les efforts déployés dans la consolidation de cette industrie». L'Etat étoffe l'arsenal juridique pour stimuler le développement des clusters Conscient que les clusters sont, dans l'état actuel de la législation, limités dans leurs actions, le gouvernement algérien vient d'étoffer l'arsenal juridique régissant les pôles de compétitivité avec notamment la promulgation de la nouvelle loi sur les PME et celle relative à la qualité. Les dispositions visant à encadrer et stimuler la sous-traitance (création d'un département de la sous-traitance au sein de l'Andpme) sont également de nature à favoriser le travail collectif et innovant appelé à se développer dans les clusters. Les clarifications juridiques et les mesures incitatives apportées par la nouvelle loi sur les PME, devraient ainsi convaincre les entrepreneurs de se lancer dans l'aventure des clusters. B. A.