La grossesse à risque est une expression adoptée par la corporation médicale pour dissocier les grossesses dites normales ou traditionnelles de celles qui nécessitent un traitement particulier, voire accru. Jusque-là, les spécialistes tempèrent : «Pas de panique !». Avec des visites prénatales régulières et une hygiène de vie bien équilibrée, les risques n'auront pas le dernier mot. La surveillance médicale rigoureuse est requise pour ne pas exposer la vie du fœtus à une alerte même «minimale». L'échographie demeure l'option préférée des gynéco-obstétriciens. Néanmoins, le test prénatal pouvant détecter des anomalies chromosomiques n'a pas encore vu le jour en dépit de la présence de chercheurs médecins dans les CHU qui n'attendent qu'un clin d'œil pour matérialiser leur projet. Cela étant la cerise sur le gâteau du monde «obstétrique». Pour évoquer les facteurs prédisposants, il faut énumérer les grossesses antérieures difficiles, la grossesse après 40 ans réputée être à haut risque materno-fœtal, c'est-à-dire pour le bébé et sa mère et les maladies associées à la grossesse comme le diabète, l'épilepsie qui nécessitent un traitement en parallèle impliquant la présence d'un second médecin traitant avec le gynécologue. Sur ce dernier point, M. S., gynécologue privé activant au cœur de la ville, affirme : «En cas de pathologies sous-jacentes au cours d'une grossesse, un suivi pluridisciplinaire s'impose en faisant appel à des spécialistes qui, en parallèle de la prise en charge assurée par le gynécologue, surveillent, voire régulent la maladie de la femme durant ses 9 mois.». Cependant, quels types de maladies accompagnent souvent une grossesse à risque ? «Ces dernières années, ce sont le diabète, l'hypertension et, dans certains cas rares, les anémies qui dominent les débats. En revanche, il faut dire que les femmes deviennent de plus en plus conscientes de la pathologie à laquelle elles font face. On peut avancer le taux de 3 à 10% seulement parmi celles qui ignorent leur mal.» Il va sans dire qu'une grossesse à risque se développe dans des conditions peu favorables mettant en danger, d'une part, la santé de la mère et, de l'autre, le fœtus. Cela s'explique par les pathologies déjà évoquées outre des antécédents obstétricaux, tel un utérus fatigué après plusieurs grossesses. La gravidité in vitro constitue également un grand risque même si cette pratique n'est pas encore assez suivie dans les CHU du pays, si l'on excepte les cliniques privées qui l'agréent à haute facture. Par ailleurs, notre source met en exergue «la bête noire du fœtus» : l'hypertension artérielle qui reste un facteur de risque trop répandu, notamment dans les nouvelles grossesses (primiparité), chez les femmes obèses ou encore chez celles dont l'âge est inférieur à 18 ans ou supérieur à 40 ans. Les antécédents familiaux de diabète ou de tension artérielle ne sont pas à exclure. «Dans ce cas, la vélocimétrie et le doppler des artères utérines effectués entre la 22e et la 24e semaine sont nécessaires, permettant de prévoir ce type de maladie. La supplémentation en calcium à partir de la 26e semaine diminue le risque de voir survenir une hypertension chez ces patientes. L'aspirine à faible dose, c'est-à-dire 60 à 100 mg par jour, uniquement à partir de la 14e semaine et jusqu'à la 36e permet de diminuer également la survenue d'hypertension et de retard de croissance.» C'est pourquoi le seul garant d'un enfantement à terme reste le suivi rigoureux et périodique prodigué par le médecin traitant. «Il faut surtout diminuer le nombre de complication par un diagnostic précoce», insiste notre nterlocuteur et d'ajouter : «L'obstétrique moderne prône la naissance de bébés en bonne santé et c'est le cas pour leur mère. Généralement, une éventuelle pathologie ne se manifeste pas tout de go. C'est le cas du diabète gestationnel découvert par le dépistage.» A ce propos, précisera le gynécologue, «les patientes seront soumises à des tests de dépistage qui déterminent le dosage de la glycémie à jeun et après la prise d'une certaine quantité de glucose. S'il y a diabète, il est impératif de suivre de près l'évolution de la grossesse. Le fœtus dépassera dans la majorité des cas le poids normal. Il s'agira d'une macrosomie. L'échographie précoce élaborée généralement à la 5e semaine du bilan du premier trimestre, renseignera sur une éventuelle extraction fœtale. Autrement dit, déterminer avec exactitude la période à laquelle on pourrait tirer le bébé sans risque.» Par ailleurs, le spécialiste insiste à ce que les femmes présentant des facteurs à risque soient suivies dans des centres spécialisés où un gynéco-obstétrique veillera «au chevet du fœtus». Du moins, ce n'est pas toujours le cas dans nos hôpitaux où l'exiguïté des lieux pousse parfois les patientes vers le privé… mais à quel prix ! Dès lors, ces «pauvres femmes» font contre mauvaise fortune bon cœur, sollicitant sans cesse un gynéco extra CHU pour se faire surveiller tout en restant chez elles avec tous les risques qui pourraient en découler, car une urgence n'est pas toujours facile à gérer. En définitive, les établissements hospitaliers de proximité minimisent un tant soit peu les facteurs de risque grâce à des campagnes de sensibilisation quasi permanentes. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas en présence d'une éventuelle anomalie nécessitant beaucoup de moyens. C'est là que commence le combat de la grossesse. N. H.