38,25% est le taux de participation aux élections législatives du 4 mai 2017. Le chiffre, pas encore définitif - puisqu'il n'est pas encore validé par le Conseil constitutionnel - a été annoncé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, hier, dans la matinée. 7 points de moins que le taux enregistré en 2012. Le FLN arrive en tête de liste, avec 164 sièges, suivi du RND avec 97 sièges et, loin derrière, l'alliance islamiste MSP-Front pour le changement, avec 33 sièges. Les indépendants créent la surprise, en remportant 28 sièges, se classant ainsi en 4e position. Derrière eux, l'autre formation islamiste TAJ qui n'existait pas en 2012 mais dont les membres fondateurs étaient fortement présents au gouvernement et au Parlement sinon dans les autres institutions de l'Etat, à leur tête, l'ancien ministre, Amar Ghoul. Le parti a eu droit à 19 sièges. Juste derrière lui, une autre alliance islamiste: FJD-Ennahda-El Bina, dont le porte-parole est une autre personnalité politique très connue depuis de longues années, en l'occurrence, Abdallah Djaballah, a remporté 15 sièges. Le FFS se voit attribuer seulement 14 sièges, le MPA 13 sièges, le PT 11 sièges, le RCD 9 sièges et l'ANR 8 sièges. Quelques autres partis politiques, qualifiés de «petits» et très peu représentatifs, ont eu, eux aussi, droit à quelques sièges, un à deux pour chacun. C'est toute une nouvelle carte de l'Assemblée populaire nationale (APN) qui se dessine, au grand bonheur de certains et au grand désarroi d'autres. Le FLN a réussi à préserver sa place de première force politique du pays mais en perdant un nombre considérable de sièges au profit, entre autres, de son concurrent le RND. En 2012, le FLN avait remporté 208 sièges sur un total de 462. Il en perd 44, alors que le RND en gagne 29, puisqu'en 2012 il n'en avait que 68. D'aucuns diront que le FLN a été sévèrement sanctionné par les électeurs pour les scandales de corruption qui ont marqué la campagne électorale mais aussi les déclarations peu responsables de son secrétaire général, Djamel Ould Abbès. Toutefois, la sanction n'a pas été totale puisqu'il y avait le sigle et le parti lui-même à préserver pour sa valeur historique. «Le FLN est le FLN du peuple, le parti de l'Algérie combattante pour son indépendance et son développement et non pas le FLN de Djamel Ould Abbès», comme l'explique un observateur politique. Le FLN est aussi associé à l'image et à la personne du président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui est aussi le président du parti. Cela a joué grandement en faveur du vote pour le parti. Le déplacement du président Bouteflika au centre du vote d'El Biar (Alger), pourtant affaibli physiquement, et son accomplissement de son devoir électoral, a été fortement apprécié par de nombreux citoyens qui se sont «rassurés que le Président est en vie» contrairement aux rumeurs persistantes sur une dégradation totale de son état de santé jusqu'à évoquer sa mort. Cela a décidé des citoyens à aller voter. Et voter peut-être FLN. En revanche, le RND a marqué des points et a gagné des sièges grâce au travail sans relâche, mené par son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, durant toute la période de la campagne électorale. Ouyahia était le maître à bord et a mené une campagne qualifiée de propre. Le FLN et le RND, à la lecture des résultats du vote du jeudi dernier, sont condamnés à travailler ensemble. Les deux vont devoir s'allier pour avoir la majorité absolue et s'assurer ainsi que les nouvelles lois soient approuvées par la chambre basse du Parlement sans difficulté aucune. A cette coalition, l'on pourrait ajouter TAJ et MPA, fervents défenseurs du programme du président de la République. Peut-être aussi que l'ANR y sera puisque son président, Belkacem Sahli, s'est toujours inscrit dans cette même politique. FLN, RND, TAJ, MPA et ANR, c'est largement suffisant pour passer toutes les décisions du gouvernement et appliquer le programme du Président. Même pour le choix du nouveau Premier ministre par le président de la République, ce ne devra poser aucun problème. En revanche, les traditionnels partis de l'opposition, et c'est là la grande surprise du scrutin bien qu'elle fasse partie des pronostics, ont simplement perdu. Ils se sont carrément effacés au profit des partis sus-cités mais aussi des indépendants. En 2012, le FFS avait remporté 27 sièges et le PT 24 sièges. Cette fois-ci, ils n'ont eu droit qu'à 14 et 11, alors que le RCD, qui a boycotté les élections de 2012, n'a obtenu que 9 sièges. Certains justifient ce recul net par les crises au sein des trois partis. D'autres disent que les trois partis sont boudés par les électeurs «parce qu'ils ne font que critiquer sans présenter d'alternatives politiques». D'un autre côté, la percée des indépendants et des «petits partis» est un signe du renouveau. Un changement progressif comme souhaité par ceux qui se sont rendus jeudi dans les bureaux de vote, malgré les appels nombreux au boycott. Autre fait à relever en ce qui concerne ce scrutin législatif, c'est le nombre assez appréciable des femmes députées. Elles sont 119. Pour le reste, le scrutin, de l'avis des autorités, des représentants de l'administration, des partis et de simples citoyens, s'est déroulé dans de bonnes conditions. L'ambiance dans les centres et les bureaux de vote était plutôt calme. Exception faite de quelques dépassements sans trop d'impact sur le dispositif de vote et, de façon générale, sur le processus électoral, les conditions de vote étaient satisfaisantes. L'autre fait à enregistrer justement, c'est que les tentatives de fraude étaient minimes et étaient détectées et signalées à temps. La Haute instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) a fait un travail remarquable dans ce sens bien qu'il s'agisse d'une première expérience. Il y a eu des manques et des dépassements à corriger à l'avenir, de l'aveu même de son président, Abdelouahab Derbal et autres membres, mais, globalement, le scrutin était propre et transparent comme l'avait promis Derbal, à l'installation de cette instance créée à la faveur de la révision de la Constitution en février 2016. La Hiise marque donc, elle aussi, des points et cela l'accrédite pour les prochaines élections, locales et de wilayas, juste après le ramadhan, mais aussi pour la présidentielle de 2019. K. M.