La France vient d'élire le 8e président de la 5e République avec une coïncidence historique de grande envergure qui lie l'ex-force coloniale à l'Algérie: les massacres du 8-Mai 1945. Une coïncidence de taille d'autant que le candidat gagnant de l'élection présidentielle est Emmanuel Macron, le fondateur du mouvement En Marche !, qui a reconnu lors de sa visite à Alger début 2017, les «crimes contre l'humanité» commis par la France à l'encontre du peuple algérien durant plus d'un siècle. Si les attentes du peuple algérien sur ce sujet sont évidentes, en France, on attend encore la démarche du nouveau président sur ces événements qui ont marqué le début de la guerre d'indépendance en Algérie. Invité il y a quelques jours par Mediapart, Macron, alors candidat, avait promis de prendre des «actes forts» et qu'il porterait «des discours forts sur cette période de notre histoire». Le site français a consacré tout un article dans son édition d'hier sur cette page de l'histoire qui lie les deux pays. «La journée du 8 mai est également une journée du souvenir, essentielle dans les relations franco-algériennes», écrit ce site d'information. France Culture dédie son émission «La fabrique de l'Histoire» à ces événements. Intitulée «Rêves et cauchemars partagés», l'émission qui a vu défiler de nombreux historiens a qualifié le 8-Mai 1945 de «date ambiguë, avec, d'un côté, l'espoir de la libération pour la France, et de l'autre, les massacres de Sétif et Guelma en Algérie». Sous le titre «8-Mai 1945 : l'armée et la police française réprimaient dans le sang les soulèvements de Sétif, Guelma et Kherrata (Algérie)», France Soir publie un long édito disant que «si la date reste dans l'inconscient collectif comme celle de la victoire contre l'idéologie mortifère du nazisme, elle est également marquée du sceau de la violence en France et en Algérie». En effet, ce jour-là, écrit-on encore à France Soir, «une manifestation a lieu à Sétif (…) pour exiger la fin de la colonisation, l'indépendance et la libération d'un leader nationaliste, Messali Hadj, arrêté quelques semaines plus tôt». Ce n'est que 60 ans plus tard, rappelle le site d'information français, que les autorités françaises reconnaîtront pour la première fois l'ampleur des massacres et la responsabilité du gouvernement français. «En 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, décrit les «massacres de Sétif» comme une «tragédie inexcusable». En décembre 2012, François Hollande admet devant le Parlement algérien que «le jour même où le monde triomphait de la barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles». 20minutes, les Echos ou le Parisien ont eux dans leur édition d'hier, rapporté le message du président algérien Abdelaziz Bouteflika adressé au nouveau président français Emmanuel Macron. Les mêmes médias rappellent également la coïncidence de ce message et de cette élection avec les massacres du 8-Mai 1945. Le magazine hebdomadaire français d'information Le Point a publié hier un reportage sur l'élection présidentielle française et comment elle a été suivie en Algérie. «Coïncidence de l'histoire, la victoire de celui qui a qualifié la colonisation de ‘crime contre l'humanité' à Alger est intervenue à la veille des commémorations des massacres du 8 mai 1945», écrit le Point et de poursuivre : «A Paris, aujourd'hui, militants français et algériens, ainsi que des historiens, se rassemblent devant l'Hôtel de Ville pour rappeler au futur chef d'Eta ses responsabilités pour la reconnaissance des crimes coloniaux».