Comme prévue, la 11e réunion ministérielle des pays voisins de la Libye s'est ouverte, hier à Alger, sous l'égide de l'ONU et de la Ligue des Etats arabes. Un pas de plus vers la résolution de la crise libyenne. L'accolade que se sont donnée, la semaine dernière, les deux frères «ennemis», Fayez Al-Sarradj, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'entente nationale, et le maréchal Khalifa Haftar, jusque-là inespérée, a donné un coup d'accélérateur au processus. Cela s'est passé à Abu-Dhabi aux Emirats arabes unis (EAU) et non pas en Algérie, qui est l'initiatrice de cette démarche visant le rétablissement de la paix, mais notre pays a fortement loué l'action et a continué à affirmer sa disponibilité à accompagner toutes les parties libyennes pour l'atteinte de leur objectif de rétablissement total de la paix. Hier, à l'ouverture des travaux de la 11e réunion des pays voisins de la Libye, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, M. Abdelkader Messahel, a assuré que cette nouvelle rencontre d'Alger «intervient dans un contexte marqué par d'importants développements allant dans le sens du règlement de la crise en Libye, à la lumière d'indicateurs positifs d'un dialogue libyen à même d'asseoir les bases d'une véritable réconciliation et permettre l'édification d'institutions libyennes unies». Répondant, de manière indirecte, aux informations faisant état de contestation de la part de parlementaires libyens, suite à sa dernière visite dans la région ouest du pays, Messahel a tenu à affirmer que les deux tournées (du 19 au 21 avril et samedi dernier) ont été «organisées avec l'accord et en coordination avec les autorités libyennes». Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohammed Tahar Siyala, a déclaré lui aussi que «les visites effectuées par M. Messahel dans les différentes régions de Libye, ont été pleinement coordonnées». A ce propos, il est à souligner que le Parlement libyen (celui dit de Tobrouk), a rendu un communiqué où il a mis en garde le ministre algérien contre «les conséquences de ses dépassements», ainsi que sa «violation flagrante de la souveraineté libyenne». Ce même Parlement a accusé le ministre algérien d'avoir effectué sa tournée dans les villes du sud de la Libye «sans autorisation préalable comme s'il s'agit d'une wilaya algérienne». Dans une déclaration à la presse, le ministre algérien, comme pour rassurer ces libyens qui craignent l'ingérence étrangère, a affirmé : «Nous avons en Algérie des principes sacrés en vertu desquels nous n'acceptons pas l'ingérence dans les affaires de quiconque ni dans nos affaires. Mais quand il s'agit d'un pays voisin, nous sommes au service de la paix et nous ne recherchons pas la gloire.» Le ministre libyen, Tahar Siyala, a exprimé sa reconnaissance à l'Algérie pour les efforts déployés depuis le début du conflit et a assuré que «les positions convergent vers la réalisation de la stabilité régionale au mieux des intérêts des peuples de la région et de leur stabilité pour une transition accélérée vers le développement». La secrétaire d'Etat tchadienne aux Affaires étrangères, Haoua Outman Djameh, a souligné, de son côté, «l'importance de réaliser la réconciliation entre les Libyens, de parvenir à une solution permettant le retour de la stabilité et de la sécurité en Libye et d'écarter la guerre qui ne peut être que destructrice». La même responsable ajoutera : «Il faut mettre la fierté de côté et se réconcilier pour pourvoir avancer.» Martin Kobler, le chef de la mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul), a affirmé, de son côté, que «l'accord politique libyen doit demeurer le cadre d'une solution négociée. L'accord n'est pas parfait, des amendements partiels et limités sont nécessaires mais doivent être faits par les Libyens eux-mêmes. L'ONU est là pour faciliter et coordonner les efforts». Le représentant de l'organisation onusienne a évoqué la nécessité de «revigorer le processus sécuritaire» de créer «un appareil de sécurité unifié». Kobler poursuivra que «les Libyens vont bientôt entamer une initiative de réconciliation nationale inclusive et globale soutenue par la Manul. Ici, les municipalités auront un rôle clé à jouer». K. M.