Les chefs des polices africaines se réunissent ces jours-ci à Alger pour l'institution éffective du mécanisme de coopération policière du continent (Afripol), dont les statuts fondateurs ont été adoptés, fin janvier dernier à Addis-Abeba, lors de la 28e session ordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA). Les responsables des institutions policières régionales et internationales sont également conviées à cet événement qui donne le La à cette collaboration, tant attendue, entre les services de sécurité des pays membres de l'UA. Il faut souligner, d'emblée, que ce défi de la sécurité se pose avec acuité au continent Noir, sur lequel pèsent de multiples menaces dont la prolifération de groupes terroristes transnationaux, l'expansion du trafic de drogues, la propagation de réseaux de traite d'êtres humains et d'émigration clandestine, ainsi que le jaillissement inquiétant de la cybercriminalité et du sabotage informatique. Le besoin de se doter d'un instrument commun pour contrer efficacement tous ces fléaux se faisait sentir depuis longtemps déjà. L'idée de la création d'Afripol a été officiellement lancée en 2013, ici même en Algérie, en marge de la 22e Conférence régionale d'Interpol. Un projet stratégique, adopté par 41 pays, qui a été, entre-temps, mûri et appuyé au cours de plusieurs autres rencontres de haut niveau. Ainsi, les polices africaines se donnent trois jours pour concrétiser, enfin, ce «rêve» à travers l'élaboration des règlements intérieurs d'Afripol dont le siège a été inauguré au début de l'année à Alger, la mise en place des membres de son comité directeur et la définition des cadres généraux de coopération avec les institutions policières nationales, régionales et internationales. Il s'agit, à l'évidence, d'un grand progrès qui va affermir davantage les liens entre les membres de l'UA autour d'une question aussi fondamentale que la sécurité. L'Afrique a tellement intérêt à coordonner ses efforts pour tirer son épingle du jeu dans un monde mutant, bouleversé et truffé de menaces. Des pays entiers ont été transformés en champs de bataille et d'hostilité opposant de grandes puissances. L'espionnage électronique et les cyber-attaques de grande ampleur font rage dans ce qui s'apparente à une redistribution de cartes dans un grand pocker géopolitique. Les puissants de ce monde (Américains, Russes, Chinois, Français, Anglais…) se livrent une «guerre muette» et décisive sur la grande toile. Ce n'est plus une affaire de hackers à la petite semaine ou une simple opération ponctuelle de groupuscules militants, mais un méga-conflit de Titans qu'il va falloir appréhender avec intelligence pour s'en sortir avec moins de dommages que possible. L'Afrique, affaiblie dans ce domaine, est visiblement déterminée à bien coordonner ses énergies pour réduire l'impact ravageur de cet affrontement. Aussi et surtout, Afripol est, à ce propos, un cadre tout indiqué pour bien négocier ce dangereux virage. K. A.