Ce passage vers l'autre camp pourrait être considéré par Moscou comme un acte hostile. Avec le Monténégro, l'Otan pourrait contrôler l'ensemble des côtes adriatiques. Vendredi à Bruxelles le Monténégro devrait devenir officiellement le 29e membre de l'Otan. En 2015, l'annonce de l'adhésion de ce pays de 600 000 habitants majoritairement slaves et orthodoxes, avait entraîné des manifestations émaillées de violence. Comme les négociations avec l'Union européenne, cet arrimage à l'Occident a été imposé par l'ancien Premier ministre Milo Djukanovic, maître du Monténégro de 1991 à fin 2016, quand il a passé la main à Dusko Markovic. Ce passage vers l'autre camp pourrait être considéré par Moscou comme un acte hostile. Avec le Monténégro, l'Otan contrôle l'ensemble des côtes adriatiques. La Macédoine et la Serbie gardent leur distance, même si la première est formellement candidate, un processus bloqué depuis 2008. Fin avril, quand il est devenu clair que l'élection de Donald Trump ne changerait rien à l'adhésion monténégrine, la diplomatie russe a annoncé sa volonté de «défendre (ses) intérêts». Mais le parti prorusse du Front démocratique (FD), principale force d'opposition, est affaibli par l'inculpation de ses leaders, Andrija Mandic et Milan Knezevic, dans une enquête sur un coup d'Etat qui aurait été déjoué en octobre. Selon la thèse officielle les comploteurs auraient voulu faire pièce à l'intégration à l'Otan, renverser Milo Djukanovic, voire l'assassiner. «Montage», «procès politique», rétorquent les intéressés qui relèvent les mystères persistants de ce putsch supposé. Jamais la justice n'a expliqué comment elle avait eu vent du projet, déjoué juste avant des législatives remportées de justesse par le pouvoir. La défense d'une partie des 23 inculpés, dont une majorité de Serbes, note que la police n'a pas produit d'armement susceptible d'être utilisé. Pourtant, de nombreux détails ont été diffusés aux médias occidentaux «enclins» à prendre pour argent comptant toutes versions des événements, selon le rédacteur en chef du réseau de journalistes, Balkan Investigative Reporting Network (BIRN). En avril Moscou a bloqué l'importation de vins monténégrins, soit un manque à gagner d'1,7 millions d'euros sur les quelque 2,5 millions exportés vers la Russie. Des sommes dérisoires face aux quelque 450 millions d'euros que pèse le commerce extérieur, où l'UE se taille la part du lion. Le tourisme, secteur crucial, semble plus délicat: un visiteur sur trois est russe, selon l'office monténégrin des statistiques. En avril, Moscou a dénoncé «une hausse de l'hystérie antirusse» au Monténégro. Mais en 2016, alors que la crise était dans sa phase aiguë, 317 000 Russes sont venus, soit une hausse de 4% par rapport à 2015, selon l'Organisation monténégrine du tourisme. Et les réservations russes pour l'été sont en hausse de 2 à 3%. Les Russes y détiennent quelque 70 000 biens immobiliers, y ont injecté 52 millions d'euros en 2016. R. I.