Les relations entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les producteurs américains d'huiles de schiste ont «beaucoup évolué depuis que le cartel a découvert, il y a cinq ans, ces nouveaux concurrents qui s'invitaient sur son marché», selon une analyse publiée hier par Reuters. Les relations entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les producteurs américains d'huiles de schiste ont «beaucoup évolué depuis que le cartel a découvert, il y a cinq ans, ces nouveaux concurrents qui s'invitaient sur son marché», selon une analyse publiée hier par Reuters. «Les producteurs de pétrole conventionnel et ceux du pétrole de schiste se sont d'abord ignorés, puis ils se sont combattus. Aujourd'hui, en dépit d'objectifs opposés, ils discutent», souligne l'agence de presse selon laquelle les producteurs de pétrole de schiste américains étaient à Vienne où se tenait la semaine dernière la réunion des ministres de l'Opep et de ses partenaires emmenés par la Russie. De leur côté, des responsables du cartel se rendront au Texas afin de savoir si les deux industries peuvent coexister ou si, dans un proche avenir, elles se combattront à nouveau. L'Opep et des pays producteurs non-membres du cartel ont décidé, jeudi dernier, de prolonger de neuf mois jusqu'à fin mars 2018 l'accord de réduction de la production en vigueur depuis le début de l'année. Toutefois, l'Opep réalise maintenant que ses efforts profitent aux producteurs de pétrole de schiste qui ont su réduire leurs coûts il y a trois ans quand l'Arabie saoudite a ouvert ses vannes, se lançant dans une guerre des prix qui a duré deux ans. Sur le Bassin permien, principal gisement américain, Parsley Energy, Diamondback Energy et d'autres pétroliers extraient l'or noir à des cadences frénétiques, tirant avantage d'une nouvelle technologie, de coûts bas et de cours stables , ce qui a pour effet de saper quelque peu les initiatives de l'Opep. Celle-ci veut freiner la croissance de la production de pétrole de schiste en alimentant juste assez le marché pour maintenir les prix en deçà des 60 dollars le baril. «Toutes les compagnies de pétrole de schiste aux Etats-Unis sont des petites compagnies», a expliqué Noreddine Boutarfa, qui représentait l'Algérie lors de la réunion de Vienne. «En fait, entre 50 et 60 dollars le baril, (les Américains) ne peuvent pas produire au-delà de 10 millions de barils par jour (bpj)», indiquera-t-il. Selon le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, «l'objectif pour tous les membres de l'Opep, c'est un baril à 55 dollars avec un maximum de 60 dollars». «Ce prix semble correct pour les deux parties», estime-t-il. Quoi qu'il en soit, le pétrole de schiste n'est plus un sujet tabou pour le cartel, qui en a fait un sujet de discussion majeur lors de sa réunion de jeudi. «Nous avons eu une discussion sur le pétrole de schiste et de son impact», a dit le ministre du Pétrole équatorien, Carlos Pérez. «Mais nous n'avons aucun contrôle sur ce que les Américains font et il leur appartient de décider s'ils continuent ou pas.» Dans le même esprit, certains grands producteurs américains cherchent à mieux cerner les intentions de l'Opep et veulent lui faire comprendre qu'elle devra bel et bien compter avec eux dorénavant. «L'Opep se gausse du pétrole de schiste», affirme Dave Purcell, de Tudor, Pickering, Holt, une banque américaine qui investit dans les schistes et qui assistait pour la première fois à la réunion de l'Opep. Ainsi, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Suhail bin Mohammed al-Mazroui, ne croit pas que la production de pétrole de schiste augmentera d'un million de bpj l'année prochaine. Certains clients de l'Opep sont néanmoins contents d'avoir une alternative. L'Inde, troisième consommateur mondial, a dit la semaine dernière s'attendre à une production plus importante des Etats-Unis. La prochaine réunion ministérielle entre délégués de l'Opep et non-Opep est prévue le 30 novembre. Alors que la plupart des délégués semblent penser qu'il faut s'accommoder du pétrole de schiste, d'autres, au sein de l'Opep, pensent que les hostilités pourraient à nouveau se déclencher. B. A./Agences