La demande pétrolière mondiale se contractera plus fortement que prévue cette année en raison de la crise économique et financière, a déclaré l'Opep, ce qui constitue un argument de poids pour une nouvelle réduction de la production. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole estime dans son rapport mensuel que la demande mondiale diminuera de 580.000 barils par jour en 2009 pour revenir à une moyenne de 85,13 millions bpj alors que le cartel n'anticipait auparavant qu'une contraction de 180.000 bpj. L'Agence internationale de l'énergie (AIE), conseillère des grandes puissances consommatrices, estime de son côté que la baisse de la demande mondiale sera de 980.000 bpj cette année. C'est la première fois depuis plus de 20 ans que l'usage des produits pétroliers accuse une diminution, remarquée déjà l'an dernier, pour cause de récession. Le cours du baril de brut américain est tombé d'un pic de 147,27 dollars en juillet à 34-35 dollars actuellement. «Le vif recul de la demande pétrolière mondiale depuis l'année dernière risque de se prolonger au moins durant les trois premiers trimestres de l'année», explique l'Opep. Ce fléchissement de la demande débouche logiquement sur une accumulation de stocks susceptible de peser sur les cours en période de ralentissement saisonnier de la demande. Le rapport hebdomadaire de l'Energy Information Administration (EIA) publié mercredi montrait que les réserves de brut des USA avaient augmenté pour la septième semaine d'affilée, à 350,8 millions bpj. «Des stocks élevés et qui continuent de croître, surtout de brut, continueront vraisemblablement à perturber la stabilité globale du marché», expliquent les économistes de l'Opep. Engagement rempli à 65% L'Opep, qui extrait plus du tiers du pétrole de la planète, a réduit sa production de 4,2 millions bpj depuis septembre, soit l'équivalent de 5% de la demande mondiale quotidienne, et ce dans le but de mettre un terme à la fois à la baisse des cours et à celle de la demande. Le rapport de l'organisation remarque que la demande de pétrole de l'Opep diminuera de façon importante en 2009, anticipant un recul de 1,7 million bpj par rapport à 2008, alors qu'elle projetait 1,4 million bpj auparavant. La prochaine réunion de l'Opep aura lieu le 15 mars à Vienne et certains pays membres comme l'Iran, le Venezuela et la Libye ont déjà dit qu'une nouvelle réduction de la production était une possibilité. Le rapport montre aussi que l'Opep doit déjà exécuter intégralement les réductions déjà convenues. Une réduction de 2,2 millions bpj, sans précédent, a pris effet au 1er janvier, s'ajoutant aux deux millions bpj convenus précédemment. En janvier, les 11 membres de l'Opep assujettis à des quotas, c'est-à-dire tous sauf l'Irak, ont retranché 965.000 bpj à la production pour la ramener à 26,33 millions bpj, suivant des données d'autres sources citées dans le rapport du cartel. La production reste donc au-dessus de l'objectif implicite de 24,84 millions bpj. Dans les faits, l'Opep a rempli à hauteur de 65% son engagement à réduire la production, suivant des calculs de Reuters à partir des données de l'Opep. Si l'Opep décide de réduire à nouveau sa production en mars, cela orientera les prix à la hausse, a estimé vendredi Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avant un discours à Washington. Si les pays membres de l'Opep réduisent la voilure sur les nouveaux projets de production, en réponse à la baisse des cours du brut, cela pourrait constituer un problème pour répondre à la demande pétrolière quand elle redémarrera, s'est inquiété Nobuo Tanaka. «Il est tout à fait naturel que la production s'ajuste quand la demande baisse, a déclaré le patron de l'AIE. D'un autre côté, nous demandons à l'Opep de regarder attentivement la situation sur le marché et d'y répondre de façon appropriée.» De son côté, Christophe Margerie, le patron de Total, a indiqué lors d'un point de presse à Londres au lendemain de la publication des résultats du groupe que la chute des cours avait affaibli la capacité du secteur à augmenter la production et qu'à l'avenir, la production pourrait atteindre un maximum de 90 millions de barils par jour. «La capacité du secteur pétrolier à aller à 93-95 millions de bpj n'est déjà plus d'actualité», a-t-il déclaré. L'offre mondiale a été de 86,4 millions de bpj en 2008.