Intervenant hier à l'ouverture du 1er Forum deconsultation et d'échange d'informations relatifs au marché du gaz, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, s'est montré critique envers les pays consommateurs. Même si les perspectives s'annoncent bonnes sur le long terme, l'industrie gazière n'en subit pas moins des entraves aujourd'hui dans certains pays. Les obstacles à l'expansion du développement de la chaine gazière, on les trouve, généralement, dans la politique fiscale pratiquée par des pays consommateurs. Seulement, la rigueur fiscale ne répond pas nécessairement aux préoccupations environnementales, ni au souci de satisfaire au moindre coût les besoins du consommateur, fait remarquer le ministre de l'Energie et des Mines. Chakib Khelil a cité en exemple la Sonatrach qui avait été confrontée à des blocages qui l'empêchaient d'investir sur des marchés européens. Le ministre semble vouloir faire allusion ici aux dernières péripéties vécues par la compagnie nationale des hydrocarbures quand elle projetait de mettre en place, en Espagne, une filiale de commercialisation du gaz algérien. Les autorités espagnoles, l'on s'en souvient, s'y étaient opposées, avant de laisser reprendre ses droits le libéralisme. Le ministre a estimé que de telles politiques, favorisant des formes d'énergie -et certaines industries-, au détriment d'autres, reflètent de notre point de vue une vision étriquée et de court terme et qu'elles ne peuvent s'expliquer que par de protection d'intérêts étroits. Ces entraves sont-elles circonscrites dans le panorama des pays consommateurs ? Tous les pays consommateurs ? Chakib Khelil tire les choses au clair. C'est en Europe, a-t-il souligné. Inversement, dans les pays producteurs, il n'y a pas de discrimination, tout le monde peut y consentir les investissements qu'il veut en souscrivant aux règles législatives. Cette ouverture, Chakib Khelil l'explique en ces termes : «Le contraste est frappant» quand on observe que de notre part, nous avons consenti «d'énormes investissements» pour «développer» notre industrie gazière, pour «approvisionner» à long terme les marchés des pays consommateurs. Mais ce n'est pas tout, si l'on «compare ces politiques» protectionnistes à «celles institutionnalisées et mises en ouvre dans notre pays», à savoir l'ouverture pour l'investissement étranger dans la chaine pétrolière et gazière dans un cadre «ouvert», «transparent» et «sans discrimination», l'on remarque que la différence est de taille. L'Europe ne revoit pas ainsi l'ascenseur aux pays producteurs. Le ministre de l'Energie et des Mines a, dans le même ordre d'idées, mis en relief «l'importance du dialogue pour la promotion de la transparence». Dans le même chapitre, il a noté que le gaz naturel a enregistré, sur les dix dernières années, d'immenses progrès, si on compare son état d'aujourd'hui à celui dans lequel il se trouvait il n'y a pas si longtemps, quand la découverte de gaz par une compagnie à la recherche de pétrole constituait une déception, sinon un échec de ses efforts d'exploration, ou encore lorsque des politiques énergétiques de grandes puissances économiques bloquaient le développement de certains usages de gaz naturel, à l'exemple de la production de l'électricité. Une série de questions centrales ont été discutées lors de ce 1er forum de consultation et d'échange d'informations. Elles ont trait à l'évolution du marché gazier, à la corrélation entre les prix du gaz et ceux du pétrole (indexation), au forum des pays gaziers, au coût de la production gazière, aux ressources humaines dans l'industrie gazière… Au sujet du forum du gaz, Paolo Scaroni, d'ENI, une compagnie gazière italienne, qui dispose de points de chute en Algérie, a estimé au cours des débats d'hier, que l'on a pas besoin d'un forum pour discuter de l'industrie du gaz, que sa création s'assimile à la mise en place d'un pôle de gaz. M. Hached, conseiller au ministère de l'Energie et des Mines, a développé, lui, un point de vue contraire à celui soutenu par Scaroni, mettant en exergue le fait que les pays exportateurs de gaz doivent se donner un tel instrument non seulement pour se concerter, amis également pour promouvoir le dialogue avec les pays consommateurs. Le forum des pays exportateurs de gaz dont il s'agit a été institutionnalisé en décembre 2008 en Russie. Ses premiers fondements ont été édifiés en 2001. La rencontre d'hier a par ailleurs donné lieu à un riche débat sur le partenariat en Algérie. Une trentaine de sociétés étrangères gèrent des projets, en association avec Sonatrach, que ce soit en amont ou en aval pétrolier. Le premier forum de consultation et d'échange d'informations sur le marché du gaz naturel a été organisé par l'Agence nationale de revalorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft). Il a réuni des représentants de compagnies gazières et pétrolières internationales, des experts, des universitaires, des représentants d'associations techniques et des institutions publiques de régulation du secteur de l'énergie, telles que l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) et la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG). Ce forum se veut périodique. Et Alnaft fait qu'il ait pour vocation de devenir un cadre de référence. Y réussira-telle ? Attendons pour voir. Y. S.