Le Maroc est en perte de vitesse dans le Comité spécial de décolonisation de l'ONU, dit Comité des 24. En effet, au cours de sa réunion, le 12 juin dernier à New York, marquant le début des travaux de sa session de fond pour 2017, le Comité des 24, saisi naturellement du conflit du Sahara occidental, a rejeté la demande du Maroc visant à permettre à des soi-disant «élus locaux» de Dakhla et Laâyoune de participer aux travaux du Comité en tant que pétitionnaires. Le Maroc a ainsi encaissé un cuisant échec alors qu'il tentait vainement de faire admettre les deux personnes en tant que représentants du territoire du Sahara occidental. Une démarche bien évidemment illégale et animée de mauvaise foi, à laquelle recourt le Royaume chérifien à chaque fois qu'il est appelé à défendre sa thèse coloniale devant la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation de l'Assemblée générale de l'ONU. Cependant, il ne s'agit pas du premier échec du Maroc. Ainsi avant le rejet de l'audition des deux pétitionnaires, le Comité des 24 avait auparavant mis en échec la tentative du Maroc d'introduire le président de la région de Dakhla et le vice-président de la région de Laayoune comme représentants du peuple sahraoui au sein du comité. La décision du Comité prise à la suite d'un vote par 8 voix contre, 7 voix pour et 5 abstentions, a suscité un échange enflammé entre la délégation du Maroc et le président du comité des 24, le vénézuélien Rafael Dario Ramirez Carreno. Le déchaînement du représentant du Maroc et son allié au sein du comité, la Grenade, a provoqué l'ire de M. Ramirez Carreno qui a dénoncé des propos s'apparentant à une «menace à l'endroit du Comité», accusant même la Grenade de «prendre le Comité en otage». Le représentant du Maroc, Omar Hilale, qui s'est déjà distingué par le passé d'une manière scandaleuse lors des réunions de l'ONU sur le Sahara occidental, a une nouvelle fois récidivé en tenant des propos injurieux à l'égard du représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU, M. Sabri Boukadoum. Ce dernier a rappelé à Hilale que son comportement enfreignait les règles de la diplomatie. Il y a lieu de rappeler qu'en mai dernier, un diplomate algérien a fait l'objet d'une agression physique par un membre de la délégation marocaine avant que ce dernier ne se mette dans la peau de la victime. En fait, face à l'échec des tentatives de la diplomatie marocaine de remettre en cause la représentativité unique et légitime du peuple sahraoui par le Front Polisario et changer les termes de référence de la question lors du des travaux de la réunion du Comité des 24 aux Caraïbes, les membres de la délégation marocaine ont fini par recourir à la violence. Lundi dernier, et lors des débats sur la décolonisation des 17 territoires non autonomes relevant du comité spécial, M. Boukadoum a plaidé pour la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, sous supervision conjointe de l'ONU et de l'Union Africaine. De son côté le représentant de Cuba, Humberto Rivero Rosario, a regretté le fait qu'il n'y ait eu «pratiquement aucun progrès dans la recherche d'une solution politique efficace pour résoudre le conflit du Sahara occidental». M. Douglas Nicomedes Arcia Vivas, représentant du Venezuela, a dit accorder une importance particulière à la question du Sahara occidental, réaffirmant le soutien de son pays à l'autodétermination du territoire. La délégation du Nicaragua, dirigée par M. Jasser Jiménez, a réaffirmé son soutien à l'autodétermination du Sahara occidental en appuyant les efforts du secrétaire général de l'ONU. Le représentant de la Namibie a, pour sa part, déploré le fait que le référendum au Sahara occidental n'a toujours pas eu lieu, alors que les Nations unies avaient adopté une résolution à cet effet. Il a dénoncé un «déni total du droit inaliénable à l'autodétermination pour le peuple du Sahara occidental». Le délégué du Zimbabwe a critiqué les tentatives du Maroc pour entraver tous les efforts visant à trouver une solution juste et durable au conflit. Plusieurs autres représentants de pays africains se sont exprimés en faveur de l'autodétermination. Certains ont même proposé l'envoi d'une mission de visite du Comité spécial au Sahara occidental. Ainsi donc, le Maroc s'est retrouvé minoritaire dans le comité des 24 qui a vite fait de se rendre compte des tentatives de manipulation des représentants marocains. Ces derniers ont tout fait pour s'investir dans des actions destinées à changer les termes de référence de la question de colonisation du Sahara occidental au niveau du Comité des 24, en tentant, par des dialogues et négociations ensuite par la force et la provocation, en attaquant le diplomate algérien Sofiane Mimouni, mais aussi en imposant la présence de deux prétendus représentants du peuple sahraoui qui sont des élus marocains. La délégation marocaine a essayé par cette tentative d'infiltration des deux agents sahraouis à la solde du Makhzen, présentés comme des pétitionnaires, de changer les règles du jeu et de faire croire que la représentation du peuple du Sahara occidental appartient également à des gens qui n'ont rien à voir avec le Front du Polisario. Rappelons enfin que le contexte de cette réunion est très spécial, car il intervient au lendemain de l'adoption de la résolution 23-51 du Conseil de sécurité au mois d'avril qui confirme de manière très forte le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental. H. Y.