Correspondant à Oran Samir Ould Ali Depuis quelques semaines, une commission multisectorielle est à pied d'œuvre pour suivre l'avancée de la première phase des travaux de réalisation du tramway d'Oran, qui ont démarré il y a quatre mois. Composée de représentants de la commune d'Oran, de la direction des transports, de l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) et du consortium espagnol Tram-Nour, cette commission technique devrait veiller au respect des délais fixés pour le démarrage de la deuxième phase et, plus globalement, à ceux impartis à la réalisation entière du tramway, soit 26 mois à compter d'octobre dernier. Premier constat de la commission : le transfert des différents réseaux souterrains connaît des retards -attribués à différents problèmes générés par les intempéries de l'hiver passé- que les concessionnaires sont appelés à rapidement recouvrer. La commission a, par ailleurs, relevé la médiocrité des travaux de remise en état de la chaussée, ce qui n'est pas une surprise dans une wilaya qui a déjà consommé des milliards de dinars pour des travaux jamais convenablement menés à bout. Cette semaine encore, un élu local a fustigé les travaux de réhabilitation de la voirie dans un des quartiers d'Oran. Dans une correspondance transmise au wali, l'élu en question n'a pas hésité à qualifier de «graves anomalies» la dépose du tapis de bitume -de surcroît sur des vannes à clé et des tampons du réseau d'assainissement- sans vérification préalable de la présence ou non de fuites dans le réseau d'AEP et le mauvais décapage de la chaussée où seule la couche supérieure est enlevée. Ces travaux, qui entrent dans le cadre de l'opération de réhabilitation de la voirie dans le quartier St Pierre, sont pris en charge par la direction des travaux publics et concernent le revêtement de 22 km de chaussée. Le tracé bidirectionnel du tramway devrait passer par quelque 31 stations qui seront disséminées sur l'itinéraire de 17,7 kilomètres séparant Sidi Maarouf (est de la ville) de l'université Es Sénia (sud). Entre ces deux terminus, le tramway desservira successivement Haï Sabbah, l'Usto, le carrefour des Trois cliniques, le futur palais de justice, Dar El Beïda, le quartier de Plateau St-Michel, la place du 1er Novembre, M'dina J'dida, Boulanger pour, enfin, prendre la direction d'Es Sénia. Ce projet, dont le coût est estimé à plus de 39 milliards de DA et qui devrait générer 2 000 emplois directs et indirects, est pris en charge par le groupe algéro-espagnol «TramNour», consortium comprenant l'Entreprise du métro d'Alger, le groupe d'ingénierie espagnol «Isolux Corsan» et le fournisseur français de tramways Alstom). Alors qu'«Isolux Corsa» est en charge du volet génie civil, de la voie, de l'ingénierie, de la caténaire ainsi que de la coordination et du pilotage général du projet. Alstom, lui, fournira 30 tramways Citadis, qui seront fabriqués dans l'usine espagnole, le système d'exploitation (signalisation et télécommunications), les équipements du dépôt ainsi que les sous-stations. Sur un plan purement technique, les quais des stations devront mesurer 40 mètres de longueur sur 3 mètres de largeur, que le tramway disposera d'un plancher bas qui permet l'accès aux personnes à mobilité réduite, que le taux d'occupation de l'appareil sera de 6 personnes par mètre carré et qu'il offrira, de ce fait, quelque 325 places, que la fréquence des dessertes seront de quatre à huit minutes… Cela devrait permettre le transport de plus de 88 millions de passagers par an… Bref, le tramway constituera une réelle bouffée d'oxygène à un secteur du transport au bord de l'asphyxie. Avec plus de 1 166 tramways commandés par 30 cités dans le monde et plus de 500 en circulation, Alstom, qui assure également la construction des tramways d'Alger et de Constantine, s'enorgueillit d'une expérience significative : 97 millions de kilomètres parcourus et plusieurs milliards de passagers transportés. Plus encore : alors que beaucoup d'entreprises mondiales subissent les premières conséquences de la crise économique, Alstom affiche une bonne santé financière. Au troisième trimestre de l'année dernière, le groupe a annoncé un chiffre d'affaires de 4,6 milliards d'euros, soit une progression de 11%. Ce qui relève de l'exploit pour un groupe qui avait presque déposé le bilan au début des années 2000. Alstom avait alors dû céder l'activité transmission et distribution d'énergie à Areva et ses turbines industrielles à Siemens. En 2006, c'est Bouygues qui a repris 21,03% du capital d'Alstom, jusqu'alors détenus par l'Etat.