Le Qatar pourrait être soumis à un boycott économique et politique de la part de ses voisins qui pèseront de tout leurs poids afin de dissuader d'autres partenaires de commercer avec Doha au risque de mettre en péril leurs relations avec Riyad, Le Caire et Abu Dhabi, dont les arguments financiers et politique sont loin d'être négligeables. Ces mesures restrictives pourraient bien précéder une réaction plus dure à savoir une intervention par la force. Sauf qu'à ce niveau un certains nombres de paramètres rentrent en jeu. La présence de plus en plus renforcée de militaires turcs au Qatar aura été un signal fort selon lequel Ankara ne restera pas les bras croisés en cas de tentative du changement du pouvoir à Doha par la force La crise actuelle dans la région du Golfe entre le Qatar et ses quatre puissants voisins va en se durcissant et tend dangereusement vers une guerre ouverte qui pourrait dangereusement mettre en péril la stabilité toute relative du Moyen-Orient. Les quatre capitales arabes, Riyad, Abu Dhabi, Le Caire et Manama engagées résolument dans un bras de fer tenace avec Doha, accusée de jouer un rôle néfaste qui met en péril leurs propres stabilités, semblent vouloir aller au clash. Après l'expiration de l'ultimatum donné au Qatar de se conformer à leurs exigences jugées «irréalisables» la région retient son souffle. Les détracteurs de Doha jusque là dans la peau de l'ordonnateur se limitant aux avertissements devraient passer, après le refus attendu des Qataris, à une phase plus offensive de leur bras de fer avec le Qatar. Plusieurs cartes en leurs possession pourraient d'hors et déjà être abattues dans les prochaines heures. Les quatre Etats en question notamment l'Arabie saoudite à la tête de cette offensive anti-Qatar se retrouvent ainsi dans l'obligation de mettre à exécution leurs menaces sous peine de se retrouver décrédibilisés par l'endurance du petit Etat gazier. Quelles seront les premières mesures que pourraient prendre ces Etats à l'encontre du Qatar ? Son exclusion du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) a déjà maintes fois été évoquée. Une exclusion qui pourrait davantage accentuer l'étouffement économique du Qatar. Mais une telle éventualité requière l'accord des Etats membres dont le Koweït et le Sultanat d'Oman qui se sont clairement démarqués de la bronca anti-Qatar. Des restrictions sur le plan médiatiques seront inéluctablement appliquées notamment la suspension de la chaîne Al Jazeera et ses démembrements du satellite Arab-Sat dont le siège est à Riyad et aussi du satellite Nilsat dont le siège est au Caire. L'Arabie saoudite a déjà eu recours à ce procédé extrême en excluant des chaînes de télévision considérées comme proches de l'Iran ou de la Syrie. L'on se rappelle l'exclusion de la chaîne du Hezbollah libanais Al-Manar définitivement évincée des satellites arabes d'une manière fort controversée. Sur un autre plan le camp anti-Qatar préparerait des documents à transmettre à la justice internationale qui mettent en cause des personnalités qataries, dont des membres de la famille au pouvoir, dans des activités liés aux mouvements terroristes. Le Qatar pourrait ainsi être soumis à un boycott économique de la part de ses voisins qui pèseront de tout leurs poids afin de dissuader d'autres partenaires de commercer avec Doha au risque de mettre en péril leurs relations avec Riyad, Le Caire et Abu Dhabi, dont les arguments financiers et politique sont loin d'être négligeables. Toujours sur un plan économique l'on parle déjà de l'éventualité du retrait des avoirs saoudiens et émiratis dans les banques qataries estimé à une vingtaine de milliards de dollars. Ces mesures restrictives pourraient bien précéder une réaction plus dure à savoir une intervention par la force. Sauf qu'à ce niveau un certains nombres de paramètres rentrent en jeu. La présence de plus en plus renforcée de militaires turcs au Qatar aura été un signal fort selon lequel Ankara ne restera pas les bras croisée en cas de tentative du changement du pouvoir par la force voire de forcer l'actuel pouvoir à abdiquer. Une tentative de faire changer le pouvoir au profit d'autres clans de la famille régnante n'est également pas à exclure, avec une possibilité de réussite aléatoire. Bouleversements régionaux Le clash prévu entre le Qatar et ses «frères ennemis» est annonciateurs de bouleversements importants dans la région, tant la volonté de l'Arabie saoudite et des Emirats arabe unis, au travers de ses dirigeants les plus en vue à savoir Mohamed Ben Salmane et Mohamed Ben Zayed, est d'imprimer une nouvelle logique. L'éventualité la plus récurrente visible notamment dans les puissants médias des pays du Golfe reste la possibilité d'entreprendre des relations avec Israël qui occupe toujours les terres des Palestiniens, menace ses voisins et foule au pied impunément la légalité internationale. Une telle éventualité serait un bouleversement considérable dans l'histoire de la région constituant un abandon pur et simple de la cause palestinienne qui constitue un principe intangible pour des centaines de millions de personnes dans la région et ailleurs dans le monde. Ce basculement, s'il venait à advenir, pourrait constituer sans nul doute une bombe à l'intérieur même d'Etats qui se considéraient jusque là comme épargnés par les désordres en cours. Ainsi le Proche-Orient déjà fragilisé par une multitude de conflits qui le minent et le déstabilisent semble au bord d'une autre déflagration dont les conséquences seront difficilement imaginables. La zone des pays du Golfe relativement épargnée par les soubresauts des fameux «printemps arabes» pourrait basculer dans une phase d'instabilité particulièrement dangereuses tant ces pays riches se trouvent au centre d'un enchevêtrement d'intérêts internationaux et de symboliques culturelles manifestes. R. I.