L'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ainsi que l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha, lui reprochant son soutien au terrorisme et une complaisance à l'égard de l'Iran. L'émir Tamim Ben Hamad Al Thani se trouve depuis hier dans l'œil du cyclone. L'Arabie Saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis, trois des six pays composant le Conseil de coopération du Golfe (CCG), ont annoncé qu'ils cessaient toute relation diplomatique avec son pays. Riyad, Abu Dhabi et Manama ont justifié leur décision en accusant Doha de soutenir le terrorisme, y compris Al Qaîda et le groupe Etat islamique (EI). L'Arabie Saoudite reproche aussi à Doha d'aider «les activités de groupes terroristes soutenus par l'Iran dans la province de Qatif», où se concentre la minorité chiite du royaume saoudien, ainsi qu'à Bahreïn, secoué depuis plusieurs années par des troubles animés par la majorité chiite de ce pays. «L'Arabie Saoudite a pris cette mesure décisive en raison des sérieux abus des autorités de Doha tout au long des dernières années (...) pour inciter à la désobéissance et nuire à sa souveraineté», a déclaré un responsable saoudien. Les griefs retenus par Riyad à l'encontre de Doha prêtent quelque peu à sourire dans la mesure où tout le monde sait que l'Arabie Saoudite est aussi l'un des plus grands financiers du terrorisme dans la région. En réalité, Riyad en veut surtout à Doha pour son soutien aux Frères musulmans, une confrérie honnie en Arabie Saoudite et qui est perçue comme une menace par les Al Saoud. Le roi Salmane ne veut pas voir se répandre dans le Golfe arabo-persique le modèle turc. Doha et Riyad prônent des islams concurrents. La Peur des Al Saoud Doha a répondu en accusant ses voisins du Golfe de chercher à le mettre sous tutelle. Ces mesures sont «injustifiées» et «sans fondement», a réagi le ministère des Affaires étrangères du Qatar dans un communiqué. Elles ont un «objectif clair : placer l'Etat (du Qatar) sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté» et est «totalement inacceptable», a affirmé la même source. Le Qatar «n'interfère pas dans les affaires d'autrui» et «lutte contre le terrorisme et l'extrémisme», a-t-il assuré. Outre la rupture des relations et le rappel des diplomates, les trois pays du Golfe ont pris des mesures de rétorsion sans précédent : fermeture des espaces aériens, des accès terrestres et maritimes, interdiction de voyager au Qatar et d'entrée pour les ressortissants de ce pays. La suspension des vols avec le Qatar a été annoncée par les grandes compagnies aériennes émiraties. L'Egypte, qui a également rompu ses relations, a décidé de fermer ses frontières «aériennes et maritimes» avec le Qatar qui, selon son ministère des Affaires étrangères, «insiste à adopter un comportement hostile vis-à-vis» du Caire. Le Qatar a également été exclu de la coalition militaire arabe qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen. A travers cette batterie de mesures, l'Arabie Saoudite et ses alliés veulent très clairement mettre en quarantaine le Qatar pour lui faire payer ses choix politiques et son activisme diplomatique. Quoi qu'il en soit, il s'agit de la plus grave crise frappant le CCG depuis sa création en 1981. Mais c'est loin d'être la première querelle entre le Qatar et ses voisins. En 2014, Abu Dhabi, Riyad et Manama avaient retiré leurs ambassadeurs pendant huit mois de Doha, en signe de protestation contre les critiques d'Al Jazeera à l'encontre de Abdelfattah Al Sissi, le président égyptien, auteur du putsch ayant mené au renversement de l'islamiste Mohamed Morsi. A noter encore que cette crise diplomatique intervient au moment où les autorités qataries disent avoir été victimes de hackers qui auraient publié sur l'agence de presse officielle de faux propos de l'émir qui aurait notamment fait de l'Iran un allié et aurait été très critique à l'égard de son allié américain.