La jeune chanteuse algérienne Nabila Dali est une star un peu particulière. Elle est appréciée par un nombre important d'Algériens qui apprécient ses belles chansons berbéro-celtiques qu'elle chante magnifiquement en kabyle mais aussi en anglais et en français. My dream (Egget-iyi ad argugh) est l'une de ses œuvres qui a eu beaucoup de succès ayant récolté des dizaines de milliers de vues sur Youtube. Elle a également interprété en acapella Anelhu (Nous marcherons) en duo avec Idir Salem, un autre jeune artiste qui fait un tabac sur Youtube et les réseaux sociaux. Contrairement à Nabila Dali, Idir Salem a beaucoup repris les titres des plus grands artistes comme Slimane Azem et Aït Menguellet. Des œuvres auxquelles il donne un cachet particulier et une touche personnelle. Deux belles voix kabyles qui s'ajoutent à celles qui ont déjà entamé la renaissance de la chanson kabyle, après près de vingt années de chanson et de musique fast-food. Sauf que ces deux artistes, contrairement à Ali Amran ou Cheikh Sidi Bémol, ne sont pas encore très célèbres. Les responsables du secteur de la culture ne les programment pas en spectacle, notamment à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. C'est que le peu de notoriété que ces deux artistes ont acquis auprès des jeunes est venu non pas de spectacles ou de leur passage à la télé, mais de leur présence très active sur Youtube et sur différents réseaux sociaux. Ces deux artistes ont enregistré des centaines de milliers de vues sur Youtube, ce site d'hébergement de vidéos qui attire des dizaines, voire des centaines de millions d'adeptes dans le monde. Leur succès n'est pas encore sorti du web malgré la qualité de leur travail et la beauté de leurs voix. C'est que la scène artistique en Algérie est organisée tel que l'Etat est seul aux commandes. Seul donc incapable de promouvoir tous les jeunes artistes qui se font connaître, notamment par le biais du web. Et ils sont tellement nombreux à diffuser leurs chansons sur Youtube, Dailymotion et les réseaux sociaux. Que ce soit AmZik, Idir Meriane, Tayacout du groupe Kotama, le groupe Eclipse ou le groupe Mazal, ils font les beaux jours des internautes kabylophones, férus de Youtube, devenu ces dernières années une plateforme pour chaînes que tout le monde peut créer pour diffuser ses œuvres mais aussi ses idées. C'est dire qu'Internet est entré dans les mœurs des Algériens en général et des artistes en particulier. Et son utilisation a connu un développement inouï parce qu'il est loin le temps où les artistes se faisaient connaître et faisaient la promotion de leurs œuvres à travers Myspace ou des sites web ordinaires. Youtube est devenu incontournable pour tous les jeunes artistes tentés par une carrière dans la chanson. Et ce, depuis le succès qu'a connu le jeune Mok Saïb, établi en Angleterre, qui a posté sa première vidéo en compagnie de son épouse Alice. Chantant dans la langue de Shakespeare et en arabe algérien, le couple enregistre entre deux et trois millions de vues sur cette plateforme du web. Le succès est immense pour ce jeune qui ne s'attendait pas à un buzz. Depuis, Youtube semble s'emballer pour les Algériens qui voient défiler des vidéos de chanteuses et de chanteurs voulant s'essayer aux arts. Les jeunes intéressés par une carrière artistique n'hésitent plus à investir Youtube et d'autres sites, mais c'est après que cela coince. Les producteurs sérieux ne sont pas nombreux et l'omniprésence des pouvoirs publics sur la scène culturelle et artistique n'aide pas ces jeunes artistes en herbe à se lancer sur la scène. Cela en plus du manque criant d'infrastructures culturelles qui constitue encore et toujours un obstacle de taille au développement des arts, des produits artistiques et à la promotion des jeunes artistes désireux de se faire connaître auprès du public, ces derniers mettant à profit Youtube, ce formidable outil de promotion artistique. M. B.