«Voyageshalal.com, halaldiscovery.com, halalbooking.com... », sur le net, les agences dédiées aux voyages «halal» se multiplient, pour le bonheur de plusieurs millions de voyageurs musulmans qui désirent conjuguer bien-être et éthique religieuse durant leurs vacances. Youssef Abdelhak est un jeune ingénieur franco-marocain. Pour ses prochaines vacances, il a décidé de partir avec sa femme en Malaisie. « Cette année, nous avons décidé de partir à Kuala Lumpur. Comme nous voulons profiter des plages paradisiaques, des restaurants, et d'excursions sans pour autant mettre de côté notre pratique de la religion, nous avons décidé, sur conseils d'un couple d'amis, de réserver notre séjour par le biais d'une agence spécialisée dans les voyages «halal» », dit-il à Anadolu. « Pour cela, j'ai simplement tapé ma requête sur un site de réservation d'hôtels basé en Malaisie. J'ai ensuite comparé les différents services proposés notamment la possibilité d'accéder à des salles communes pour prier ou encore la possibilité de privatiser un coin de plage, afin de faire mon choix » explique-t-il. « J'ai trouvé des offres vraiment intéressantes et j'espère que le voyage sera à la hauteur de nos espérances ! », ajoute le trentenaire. Comme lui, de nombreux voyageurs musulmans cherchent des Hôtels ou Clubs de vacances dotés d'espaces de loisirs réservés aux femmes ou aux familles, qui ne servent que de la nourriture 100 % halal, qui proposent des salles de prière ou encore qui disposent d'une interdiction de consommation d'alcool au sein de l'établissement. Face à cette demande croissante, de plus en plus d'enseignes à travers le monde ont décidé de leur côté, d'adapter leurs établissements à cette clientèle particulière, comme en Turquie, où plus d'une cinquantaine d'hôtels en accord avec les principes religieux de l'islam fonctionnent déjà à travers le pays. - Le tourisme halal, un marché en pleine expansion : Le marché du tourisme halal explose donc. En 2016, il a représenté 155 milliards de dollars, soit 13 % du marché mondial, selon l'édition 2017 du Global Muslim Travel Index (GMTI) publiée par le cabinet spécialisé CrescentRating et le fournisseur américain de solutions de paiement MasterCard. Le rapport publié le 3 mai dernier et consulté par Anadolu, indique que le marché du tourisme halal devrait continuer à croître et atteindrait, selon les prévisions, 220 milliards de dollars d'ici 2020 et près de 300 milliards usd d'ici 2026. Le nombre de touristes musulmans qui a atteint 121 millions en 2016 contre 117 millions en 2015, devrait quant à lui dépasser la barre des 168 millions de touristes en 2020, souligne le document. Les touristes musulmans privilégient les destinations asiatiques en premier lieu telles que la Malaisie qui occupe la première marche du podium des destinations « muslim friendly », suivie des Emirats arabes unis, de l'Indonésie, de la Turquie, de l'Arabie saoudite et du Qatar, informe le texte. Actuellement, le Maroc est la destination touristique présentant l'offre la mieux adaptée aux besoins des voyageurs musulmans en Afrique, selon l'édition 2017 du GMTI, qui retient trois critères pour classer les destinations « muslim friendly » -sécurité, qualité des services halals et communication autour du tourisme halal. Le royaume chérifien occupe par ailleurs le 7ème rang sur les 130 destinations étudiées. Viennent ensuite l'Egypte (14E du classement global), la Tunisie, l'Algérie, le Sénégal, l'Afrique du Sud, le Soudan, Djibouti et les Comores et la Gambie qui ferme le Top 10 africain. Si les pays d'Afrique du Nord sont ceux qui sont encore les plus tournés vers le halal, le classement pourrait toutefois bien être chamboulé dans les années à venir par d'autres pays du continent, notamment le Kenya et l'Afrique du Sud qui ont montré, ces derniers mois, un intérêt accru pour le domaine du halal, rapporte le site Quartz Africa, dans une publication daté du 3 juin 2017. « L'agence de voyages Islamic Travels and Tours, établie à Johannesburg, en Afrique du Sud, propose des formules touristiques spécialement conçues pour des voyageurs musulmans » indique le site américain, précisant que les voyageurs musulmans peuvent par exemple partir en safari dont les parcours sont aménagés en fonction des heures de prière. « Les excursions aux vignobles, les casinos et les boîtes de nuit ne sont en revanche pas au programme», poursuit le média. Dans la même lignée, le Kenya veut lui aussi, devenir une destination «halal» pour les touristes musulmans. C'est d'ailleurs ce qu'avait annoncé le secrétaire d'Etat au tourisme kényan, Najib Balala, lors de l'inauguration du premier salon du halal en Afrique de l'Est, qui s'est tenu à Nairobi en novembre dernier. «Le tourisme halal offre l'accès à une population jeune, au pouvoir d'achat de plus en plus élevé et friande de voyage. Nous avons besoin de services et d'installations qui répondent aux besoins de cette catégorie de personnes», avait-il dit, cité par la presse locale. Le tourisme « halal » permettrait notamment de relancer l'industrie du tourisme au Kenya, pays qui compte environ 10 % de musulmans (sur 46 millions d'habitants) et qui a particulièrement souffert ces dernières années de la menace des shebabs somaliens. Le tourisme halal en Afrique (et dans le reste du monde) pourrait aussi bénéficier d'un paramètre encore improbable il y a quelques temps, à savoir l'interdiction de l'entrée de certains musulmans sur le territoire américain tant désiré par le président des Etats-Unis Donald Trump. Tandis que le très controversé décret de Trump interdisant l'entrée du territoire américain aux ressortissants de six pays à majorité musulmane (Iran, Yemen, Syrie, Somalie, Soudan et Libye) a été partiellement remis en vigueur par la Cour suprême mardi, en attendant que le dossier soit examiné en audience en octobre prochain, il est fort probable que la majorité des touristes musulmans (y compris ceux non concernés par le décret), s'orientent vers de nouvelles destinations qui elles, seront en mesure de les accueillir à grands bras ouverts. AA