L'inflation britannique a ralenti en juin de manière inattendue pour la première fois depuis octobre dernier, accentuant la probabilité d'un statu quo de la Banque d'Angleterre en août. Les prix à la consommation ont augmenté de 2,6% annuels, a annoncé mardi l'Office national de la statistique (ONS), après un pic de près de quatre ans de 2,9% en mai. Les économistes s'attendaient à ce que le taux d'inflation reste inchangé. La livre a accentué ses pertes face au dollar et le rendement des obligations d'Etat à 10 ans a perdu 3,8 points de base à 1,23%. Le Footsie de son côté s'est retourné à la hausse, affichant un gain très modeste. La baisse de l'inflation a été la plus forte enregistrée entre deux mois consécutifs depuis février 2015, reflétant en grande partie un recul des cours mondiaux du pétrole. «Cela annihile toute possibilité de hausse des taux à court terme. Nous en saurons plus sur les réflexions de la Banque d'Angleterre dans quelques semaines mais on peut d'ores et déjà s'attendre à ce que les partisans d'une hausse des taux se fassent discrets», a déclaré Lucy O'Carroll, chef économiste chez Aberdeen Asset Management. Cependant, de nombreux économistes disent s'attendre à ce que l'inflation reparte rapidement, ce qui constitue une pression supplémentaire pour des ménages dont le pouvoir d'achat est déjà amputé par une croissance atone des salaires. «Bien que cela ôte une certaine pression sur la Banque d'Angleterre, je m'attends toujours à ce que l'inflation dépasse les 3% dans le courant de l'année», a déclaré Alan Clarke, économiste chez Scotiabank. Le taux d'inflation de la Grande-Bretagne a fortement augmenté à la suite du référendum du 23 juin 2016 en faveur d'une sortie du pays de l'Union européenne, qui a entraîné une dépréciation de la livre et renchéri le coût des importations. La Boe Devrait Se Montrer Patiente La BoE a été prise de court par l'ampleur de la reprise de l'inflation cette année. Dans ses prévisions les plus récentes, l'institution voit l'inflation culminer à 2,8% dans le courant de l'année, alors que la plupart des économistes tablent sur au moins 3%. L'institut d'émission, qui a prédit avec justesse que l'inflation en juin serait de 2,6%, a choisi pour le moment de ne pas toucher à ses taux, estimant que l'impact du Brexit sur la livre devrait être temporaire. Toutefois, certains responsables de la banque centrale ont indiqué récemment qu'un relèvement des taux pourrait être dans les tuyaux. Trois des huit membres du MPC (NDLR-Comité de politique monétaire de la BoE) se sont prononcés en faveur d'une hausse des taux en juin mais l'un d'eux a depuis quitté l'institution. Le gouverneur Mark Carney a affirmé qu'il faudrait sans doute renchérir les coûts d'emprunt si l'économie surmontait son ralentissement du début d'année et si les salaires augmentaient plus fortement. La BoE doit annoncer sa prochaine décision sur les taux le 3 août. Un enquête Reuters auprès d'économistes publiée mardi a montré que la BoE devrait laisser ses taux inchangés cette année et la suivante car elle veut voir si les salaires s'alignent sur l'inflation et de quelle manière évolueront les négociations du Brexit. L'ONS a indiqué que l'inflation avait été freinée par les prix des carburants à la suite d'une baisse des cours mondiaux du pétrole, accentuée par un redressement partiel de la livre le mois dernier. Une baisse des prix des jeux cidéos et des équipements informatiques, des biens traditionnellement importés, a également contribué au ralentissement de l'inflation. Hors prix pétroliers et autres éléments volatils, l'inflation annuelle a ralenti à 2,4% en juin. Les économistes attendaient un taux stable de 2,6%. Les données des prix à la production suggèrent enfin que la pression la plus intense sur les prix à la consommation tend à s'atténuer. Les prix producteurs ont de fait augmenté à leur rythme le plus faible depuis décembre 2016, de 3,3% annuels, conformément à l'enquête Reuters. Les prix payés par les usines pour les matières premières et l'énergie ont quant à eux augmenté à leur rythme annuel le plus lent depuis septembre, de 9,9%. Reuters